C’est Gorgui le professeur qui a parlé, vendredi 2 juillet. Une conférence était organisée à Dakar par le président de l’Université Paris-Dauphine, Laurent Batsch. Abdoulaye Wade, qui y a assisté avec son « ami Michel Rousseau », président de la fondation Concorde (think tank proche de Nicolas Sarkozy), et lui même professeur à Dauphine, était aux anges. Et pas seulement parce que Lauent Batsch l'a décoré à cette occasion pour pour avoir publié une théorie dans La revue économique en 1965.
« Cela tiré de ma torpeur politique pour me ramener dans le monde universitaire », a dit le président sénégalais. Qui a même avancé l’idée d’une « école de réflexion économique en partenariat avec Dauphine, qui pourrait s’appeler Ecole de Dakar ».
« La religion est un facteur de croissance »
L’un des marronniers de Gorgui est la prise en compte du « facteur religieux » dans l’équation de la croissance économique. « Il ne faut pas avoir peur», prévient-il. Il n'hésite pas à brandir d’ailleurs l’histoire des « protestants de Boston qui se sont lancés dans le capitalisme parce que l’usure [le gain sur un prêt, NDLR] était un concept admis » par cette branche du christianisme.
Le hasard faisant bien les choses, Wade a confié à l'assistance qu'il comptait publier en octobre un livre qui mettra en relation la pensée économique de l’américain Keynes et la Charia. « La religion est un facteur de la croissance », assure Gorgui. Et de citer en exemple la puissante – et controversée - confrérie islamique mouride, pour qui « la science, la prière et le travail sont les bases ».
« C’est pour ça qu’ils sont riches », soutient Wade. Un raisonnement séduisant, mais où il est difficile de ne pas flairer quelque relents de stratégie électoraliste - le scrutin présidentiel aura lieu en 2012. Pourtant, début juin, le très influent chef mouride Modou Kara Mbacké, qui fut le soutien de Wade en 2007, l'a invité à ne pas se représenter du fait de son grand âge : s'il débute un troisième mandat, il aura 86 ans. « Il est déjà en campagne », entend-on un peu partout à Dakar. La vieillesse, après tout, n’est pas le seul facteur de l’équation politique.
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