En raison d'un bras de fer avec le procureur, le procès de Thomas Lubanga, ex-chef de milice congolais, est suspendu jusqu'à nouvel ordre, devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Son procès, le premier de la Cour pénale Internationale, s'était ouvert le 26 janvier 2009. Thomas Lubanga est accusé de crimes de guerre avec enrôlement et utilisation d'enfants soldats durant la guerre civile en Ituri (est de la RDC) entre septembre 2002 et août 2003.
Le point de départ de cette crise : la défense accuse le procureur d'avoir fait fabriquer et monnayer les récits des enfants soldats venus témoigner à La Haye contre Thomas Lubanga.
Plusieurs témoins de la défense sont venus raconter que les enfants soldats appelés par l'accusation avaient en fait été soudoyés et coachés par les intermédiaires des enquêteurs en Ituri.
Résultat : les juges ont fini par estimer nécessaire d'interroger certains des enquêteurs et intermédiaires travaillant pour le procureur. Deux d'entre eux ont été entendus, et ont nié.
L'équipe du procureur, elle, dénonce des pressions sur ses témoins, et rechigne à divulguer les noms d'autres intermédiaires en invoquant des raisons de sécurité.
Pour un de ces intermédiaires, il avait du coup été convenu de ne divulguer son nom qu'à quelques personnes en RDC, côté accusation et défense, mais ça n'a toujours pas été fait.
« A Bunia, il est en danger si jamais la communauté le voit comme un traître », expliquait un représentant du procureur cette semaine à l'audience. Réplique du juge Fulford : « C'est donc que vous ne faites pas confiance à la Défense ? »
Pour les juges, le procès ne peut être équitable dans ces conditions. Ils décident la suspension. Et ils expliquent : « Aucune cour pénale ne peut fonctionner si quand elle rend une décision, c'est le procureur qui décide s'il l'applique ou non ».
fr.allafrica.com