NEW YORK (Nations Unies), 16 juillet (Xinhua) -- Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déploré vendredi les rapatriements forcés de ressortissants rwandais survenus cette semaine depuis l'Ouganda.
Mercredi, la police ougandaise a mené une opération pour rassembler et expulser plus de 1.700 personnes depuis les camps de réfugiés de Nakivale et Kyaka dans le sud-ouest de l'Ouganda.
"Dans le camp de Nakivale, des demandeurs d'asile rwandais ont été rassemblés sous prétexte qu'ils devaient être informés des résultats de leur requête pour obtenir le statut de réfugié. Un vent de panique s'est répandu parmi le groupe lorsque la police est intervenue et des coups de feu ont été tirés", a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'un point de presse à Genève, en Suisse. "Des personnes ont été forcées de monter à bord de camions. Elles ont été conduites de l'autre côté de la frontière au Rwanda où elles sont arrivées le lendemain à 2 heures du matin", a-t-elle précisé.
Dans le camp de Kyaka, une distribution de vivres dans l'entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) a été utilisée comme prétexte pour rassembler des personnes. Une fois dans le bâtiment, le groupe a été encerclé par des hommes armés et par la police puis contraints d'embarquer dans des camions qui les ont amené jusqu'au Rwanda. Ces opérations ont causé la mort de deux hommes, qui pour tenter de se sauver, ont sauté des camions alors qu'ils étaient en route.
"Des enfants ont été séparés de leurs parents. Vingt-cinq personnes qui ne faisaient pas partie des groupes expulsés ont été blessées, certaines après des brutalités policières. Parmi les blessés se trouvent six femmes enceintes ayant reçu des soins dans un hôpital local puis elles ont été libérées", a souligné Melissa Fleming. "Le HCR mène actuellement des entretiens avec les personnes blessées pour tenter d'établir les faits et essaie de retrouver ceux qui ont été séparés de leur famille durant les expulsions forcées".
Bien que le HCR ait été informé de l'accord passé entre les deux pays pour le retour des demandeurs d'asile n'ayant pas obtenu le statut de réfugié, aucune information quant à un délai prévu pour rapatrier ces personnes n'avait été communiqué, a déploré la porte-parole du HCR.
"Alors que l'opération a visé des demandeurs d'asile pour qui toutes les voies de recours auraient été épuisées, il nous a été depuis confirmé que des personnes reconnues en tant que réfugiées se trouvaient parmi les personnes expulsées", a indiqué Melissa Fleming. "A Kyaka, par exemple, une femme nous a indiqué que ses deux enfants faisaient partie du groupe expulsé bien qu'elle et sa famille aient obtenu le statut de réfugiés. Nous tentons également d'établir si des réfugiés d'autres nationalités auraient pu être également expulsés dans cette situation de confusion".
Le HCR se dit "préoccupé" sur la possibilité de nouvelles expulsions qui pourraient intervenir prochainement. Les rapatriements des réfugiés ou les demandeurs d'asile, dont les requêtes d'asile n'ont pas été jugées définitivement, devraient seulement avoir lieu en respect de leur caractère "volontaire" ainsi que dans des conditions de "sécurité et de dignité", a rappelé l'agence onusienne.
"Nous avons exhorté les autorités ougandaises à cesser l'opération dès que nous avons été informés qu'elle était en cours. Nous avons réitéré qu'il ne devrait pas y avoir de nouvelles expulsions contraires aux principes du droit national et international des réfugiés. Nous avons souligné le fait que toute personne ayant besoin d'une protection internationale devait être autorisée à rester en Ouganda", a indiqué la porte-parole du HCR.
Depuis le début de cette année, environ 3.320 Rwandais ont déposé une demande d'asile dans le pays. Plus de 95% des demandes ont été rejetées ces six derniers mois.
"Le HCR est préoccupé par le fait que les demandes d'asile ne soient pas traitées de façon appropriée et juste. Nous avons abordé ce problème avec les autorités ougandaises et continuerons de le faire", a souligné la porte-parole de l'agence onusienne.
Au Rwanda, les personnes expulsées ont été amenées au centre de transit de Rukomo dans la province de Byumba. "Le centre de transit, qui n'a pas été utilisé depuis un an a une capacité d'accueil maximum de 500 personnes. L'eau y manque ainsi que des espaces appropriés pour le couchage. De ce fait, les personnes expulsées dormiraient en plein air, sans nourriture ni eau potable. Le HCR tente d'accéder à ces personnes", a indiqué le HCR.