Le gouvernement guinéen a annoncé dimanche avoir déjoué un vaste plan visant à assassiner les responsables des principaux partis politiques. Plusieurs officiers de l'armée et des civils impliqués dans ce complot ont déjà été interpellés à Conakry. Ces personnes voulaient semer des troubles dans le pays afin d'empêcher l'élection d'un président civil.
Des incertitudes planent sur le processus de démocratisation en cours en Guinée. Le gouvernement de la transition a annoncé dimanche avoir déjoué un vaste plan visant à assassiner les leaders des principaux partis politiques. Les deux candidats pressentis pour le second tour de l'élection présidentielle, prévu au début du mois d'août prochain en l'occurrence Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, seraient particulièrement visés par les initiateurs de ce plan satanique. L'annonce de la découverte de complot machiavélique a été faite par le Premier ministre sur les ondes de la radiotélévision d'Etat (Rtg), selon une source militaire jointe lundi par téléphone à Conakry. Jean-Marie Doré, n'a pas donné plus de précision sur l'identité des personnes interpellées et leur nombre. 'Le chef du gouvernement de la transition a dénoncé l'attitude irresponsable de certains éléments non contrôlés qui projetaient, selon lui, d'organiser des troubles dans le pays afin d'empêcher l'élection d'un président civil', a déclaré notre interlocuteur qui parlait sous le couvert de l'anonymat. Ces informations ont par ailleurs été confirmées par le correspondant local de l'Afp. 'Des éléments incontrôlés de notre communauté nationale, pour des raisons qui leur sont propres ( ), se réunissent clandestinement pour se former, s'entraîner et profiter des manifestations publiques pour provoquer des désordres et tenter de déstabiliser le processus en cours', a précisé l'Afp citant le Premier ministre.
A en croire M. Doré, ces individus voulaient porter des tenues militaires, de la police ou des agents de la Force spéciale de sécurisation du processus électoral (Fossepel) pour pouvoir infiltrer les meetings des deux candidats au second tour de l'élection présidentielle afin de pouvoir accomplir leur forfaiture. 'Ils voulaient profiter de la confusion pour assassiner les responsables politiques afin d'empêcher l'élection d'un président civil en Guinée et faire porter la responsabilité au gouvernement de la transition. Les Guinéens sont très inquiets aujourd'hui', précise notre source.
Ces éléments auraient tenu plusieurs réunions à Conakry, Kindia, une ville située à environ 130 Km à l'est de la capitale et dans d'autres localités du pays, au cours de ces dernières semaines, afin de peaufiner leur stratégie. Le gouvernement de la transition promet de sévir contre ces fauteurs de trouble qui menacent le processus de démocratisation du pays. 'Le gouvernement ne restera pas indifférent face à cette agitation qui a pour but de troubler la paix sociale et de lacérer l'unité nationale', a averti le Premier ministre.
Les états-majors invités à plus de vigilance
Des jeunes manipulés par ces éléments incontrôlés avaient jeté des pierres aux forces de sécurité lors de la manifestation des militants de l'ancien Premier ministre, Sidya Touré, le 5 juillet dernier, à Conakry. La plupart d'entre eux avaient déjà été arrêtés par les services de sécurité qui, après enquête, ont réussi à démasquer certains de leurs complices parmi lesquels des officiers de l'armée et des civils bien placés dans la société guinéenne. L'enquête se poursuit pour mettre la main sur les principaux commanditaires qui courent toujours.
De son côté, le général Ibrahima Baldé, chef de la Fossepel a invité lundi les états-majors des principaux partis politiques à plus de vigilance devant ces menaces d'assassinat contre leurs leaders. 'Les membres des réseaux entendaient faire usage d'armes létales pour assassiner les principaux leaders des partis politiques. Ils comptaient aussi fabriquer des T-shirts à l'effigie des candidats des partis politiques et à ceux de la Fossepel pour infiltrer les mouvements de foule et commettre des crimes comme cela avait été le cas le 28 septembre 2009', déclare une autre source militaire contactée par téléphone.
Ces révélations interviennent quelques heures seulement avant la proclamation des résultats définitifs du premier tour de l'élection présidentielle du 27 juin dernier, par la Cour suprême. La publication de ces résultats qui devait avoir lieu hier lundi 18 juillet, a été reportée à aujourd'hui, selon un communiqué rendu public à Conakry par la Cour suprême.