La principale ville du nord de la République centrafrique, Birao, est le théâtre depuis hier à l'aube de combats entre des rebelles. Ces derniers affirment avoir pris la ville alors que l'armée centrafricaine dit la défendre. «Nous avons pris la ville de Birao vers 4h30 du matin. Les combats ont commencé vers 4h. Les opérations étaient dirigées par le commandant Issa Israël de la CPJP», a affirmé à l'AFP le commandant Abdoulaye Hissène, chef militaire sur le terrain de la Convention des patriotes pour la justice et la paix. Un responsable militaire centrafricain joint depuis Bangui a confirmé dans la matinée que des combats se déroulaient dans la capitale de la région de la Vakaga, proche des frontières tchadienne et soudanaise. «Nous subissons une attaque depuis les premières heures de cette matinée. Les assaillants, que nous n'avons pas encore identifiés, ont attaqué directement la base des Forces armées centrafricaines à Birao», a affirmé ce responsable tout en niant que la ville soit tombée.
Les combats ont lieu dans une ville-clé puisqu'elle abrite la base des Forces armées centrafricaines : 300 hommes de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat) ainsi que plusieurs antennes d'ONG venant en aide aux milliers de déplacés et réfugiés de cette région, située au sud du Darfour. Depuis 2007, Birao est ponctuellement le théâtre d'attaques opposant l'armée à des groupes rebelles. Cette même année, les forces armées centrafricaines avaient laissé une ville pillée et en ruine après un affrontement sanglant avec des milices armées. La CPJP est un mouvement rebelle qui a refusé de signer les accords de paix en dans le cadre du processus de réconciliation nationale.
Son principal dirigeant était l'ex-ministre Charles Massi qui a disparu. Ses proches affirment qu'il a été torturé à mort en janvier, dans une prison centrafricaine, et l'ancien président Ange-Félix Patassé a réclamé une enquête indépendante. «Pour lever toute équivoque, nous exigeons du gouvernement centrafricain de faire toute la lumière sur cette préoccupante affaire», avait déclaré celui qui a dirigé la République centrafricaine de 1993 à mars 2003 avant d'être renversé par l'actuel président, François Bozizé.
De nombreux accrochages meurtriers ont eu lieu entre la CPJP et l'armée depuis 2009. Mais pas seulement, puisque le pays, qui a connu des renversements de gouvernements et de multiples crises, reste fragile, entouré de foyers de crises qui sont un facteur d'instabilité interne et régionale. Le très grand nombre de déplacements de populations empêche une véritable paix. Fin 2009, la République centrafricaine dont la population avoisine les 4 millions d'habitants, comptait plus de 162 000 déplacés internes, selon le rapport de juin du secrétaire général de l'ONU ainsi que l'Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre, IDMC). «Le nombre de déplacés [...] a augmenté en 2009 en raison d'une résurgence de la violence et de nouveaux blocages dans le processus de paix», explique l'observatoire, citant notamment des attaques de la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), active depuis février 2008 dans l'est du pays.
De plus, 137 000 Centrafricains sont réfugiés au Tchad et au Cameroun voisins. Le pays accueille aussi environ 31 000 réfugiés venus du Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC), d'après le rapport de Ban Ki-moon.