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Commerce international : Afreximbank soucieuse d'aider à accroître la part de l'Afrique, selon son président

Créée en 1993 pour le financement du commerce, la Banque africaine d'import-export ( Afreximbank) étend son expansion sur le continent, notamment en Afrique centrale où elle est peu connue.

Dans un entretien à Xinhua en marge d'une série de réunions ponctuées d'un colloque et d'un forum d'investissement du 22 au 25 juillet à Yaoundé au Cameroun, le président de cette banque, l'Ivoirien Jean-Louis Ekra, a annoncé le souci d'aider à accroître la part de l'Afrique (moins de 3%) dans le commerce international.

Question : Quelles sont les principales opérations financées par la Banque africaine d'import-export sur le continent ?

Réponse : La Banque africaine d'import-export est une banque qui a été créée en 1993, à un moment où les banques internationales ne finançaient pas beaucoup le commerce en Afrique. Elle a commencé ses activités en 1994, d'abord en finançant essentiellement les matières premières agricoles classiques et progressivement nous sommes allés vers les produits de transformation et permettre aussi aux pays africains, à l'occasion de la crise du pétrole, de s'approvisionner en produits pétroliers. Nous finançons pas mal les télécommunications qui sont un besoin important. Nous permettons aussi à certains opérateurs africains de s'équiper en biens de capitaux pour aider à transformer les produits africains, nos produits agricoles, etc.

Ici au Cameroun, nous avons une longue histoire avec la Société nationale de raffinage (SONARA). Nous avons récemment aussi approuvé quelques concours pour des sociétés dans les exportations de banane et une société des télécommunications.

Q : Comment expliquez-vous que 17 ans après la banque soit peu connue sur le continent, y compris des opérateurs économiques ?

R : Je pense que la banque n'est peut-être pas très connue au Cameroun, mais elle est quand même connue dans pas mal d'autres pays africains. Pour vous donner une idée, au 31 décembre 2009, nous avons approuvé pour plus d'un milliard 200 millions de dollars [américains] de prêts. C'est dire qu'il y a quand même quelques opérateurs qui connaissent les produits de la banque. Mais c'est vrai, la banque n'est pas suffisamment connue. C'est pour cela que nous tenons des rencontres comme celle de Yaoundé pour permettre à la banque de mieux se faire connaître.

Q : Quels sont les pays, en dehors du Cameroun, qui ont pu bénéficier de vos interventions ?

R : Beaucoup de pays en Afrique de l'Ouest, notamment le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal. En Afrique de l'Est, le Kenya, l'Ethiopie. En Afrique australe, le Zimbabwe, le Malawi. Il reste vrai qu'en Afrique centrale les opérations sont encore relativement timides. Nous avons des opérations au Gabon et comme je viens de vous le dire quelques opérations au Cameroun. Mais nous avons bon espoir que nous aurons à un peu plus de clients ici au Cameroun.

Q : Comment justifiez-vous cette faible présence en Afrique centrale ? Est-ce parce que les pays de cette région se montrent réticents ou alors parce que votre stratégie de déploiement s'avère peu efficace ?

R : Je crois que si vous regardez la carte de l'Afrique en matière de commerce, vous verrez que l'Afrique centrale en général a un volume de commerce moins élevé que les autres régions africaines. C'est pour cela qu'il faut développer la CEMAC [ Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale]. Je crois que d'un point de vue déjà de la structure des économies de nos pays, il y a cette faiblesse-là à corriger. Je ne pense pas que ce soit nécessairement lié au fait que la banque n'est pas suffisamment connue.

Q : Justement, la part de l'Afrique au commerce international est estimée à moins de 3%. Où se situe Afreximbank par rapport à la Banque africaine de développement (BAD) ?

R : Premièrement, la création d'Afreximbank avait été confiée à la BAD par les ministres des Finances africains. La BAD intervient plus dans les infrastructures. Nous sommes spécialisés dans le commerce. Effectivement, l'Afrique est le maillon faible du commerce international. Il n'est pas normal que 50 ans après nos indépendances nous continuons d'avoir une structure du commerce pratiquement identique à celle que nous avions à l'époque coloniale, c'est-à-dire que l'Afrique exporte encore largement des matières premières. Nous savons tous que c'est la valeur ajoutée qui est la plus intéressante pour faire du commerce. Donc, c'est quelque chose que la banque essaie de corriger, en donnant les moyens aux opérateurs africains de transformer leurs produits.

Deuxième constat : l'Afrique est le continent qui commerce le moins avec lui-même. Par exemple, le commerce intra-européen est de l'ordre de 65% du commerce total de l'Europe. Pour l'Amérique du Nord, c'est de l'ordre de 55%. C'est la même chose pour l'Asie. Pour l'Afrique, c'est entre 11 et 12%. Vous voyez là qu'il y a quelque chose à faire. Et ce qu'il y a à faire, c'est d'abord pousser l'intégration pour la rendre concrète, c'est-à-dire permettre aux opérateurs par exemple du Cameroun de pouvoir commercer sans heurts avec ceux du Gabon ou du Congo, de façon à ce qu'ils réalisent des économies d'échelle, à faire des profits.

french.news.cn/afrique
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