Le Mali s'est fixé l'objectif de produire 360.000 tonnes de coton graine au cours de la saison 2010-2011, contre 229.000 t en 2009-2010. Même si des difficultés existent telles que les intempéries, le pays entend reprendre sa place de leader en Afrique qu'elle avait occupée en 2002-2003 grâce à une production record de 620.000 t.
C'est la révélation faite dans un entretien à Xinhua par le président directeur général de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), Tièna Coulibaly, lors des concertations organisées par la Banque africaine d'import-export ( Afreximbank) à Yaoundé du 22 au 25 juillet.
Question : Quelle est l'évolution du secteur du coton au Mali depuis la récente réunion de l'Association cotonnière africaine en mars à Yaoundé ?
Réponse : ça va légèrement mieux. Les cours mondiaux ont repris un peu. Le dollar aussi d'ailleurs a repris un peu. Tout ça est évidemment tout bénéfice pour nous. Nous avons pris les dispositions pour avoir une grande campagne, on a augmenté les prix au producteur pour la campagne 2010-2011 par rapport à 2009- 2010. On a fait l'effort de payer les paysans. Pour le coton qu'ils livré la campagne précédente, on a fini de payer tout le monde le 31 mai. On a aussi maintenu la subvention aux engrais instituée pour la première fois au cours de la campagne 2009-2010 par le gouvernement. Cela dit, le mois de juin a été sec, de telle sorte qu'à la date d'aujourd'hui 300.000 hectares ensemencés alors que notre objectif pour la campagne est 360.000. Nous avons demandé aux paysans à continuer de semer jusqu'à la fin du mois de juillet. L'année dernière, on a fait autour de 258.000 hectares. Il y a déjà un progrès, mais nous espérons aller un peu plus loin.
Q : Quel est le montant des subventions ?
R : La subvention d'engrais au Mali pour la campagne 2009-2010, c'était un total de 21 milliards de francs CFA [ndlr : environ 42 millions de dollars US] dont 11 milliards [22 millions de dollars US] pour la zone cotonnière. En fait, ces chiffres représentent les prévisions. Dans la réalité, on a consommé un peu moins d'engrais que prévu. Donc, la subvention totale a été de 10 milliards 500 millions. On a économisé 500 millions. Et puis, la base même de la subvention est que le gouvernement fixe le prix de cession des engrais aux producteurs. Donc, le montant total de la subvention dépend de la quantité consommée et du prix d'achat des engrais sur le marché mondial. Pour la campagne 2010-2011, à la date d'aujourd'hui nous sommes à environ 10 milliards, bien qu'on prévoie une augmentation de la production. Le prix d'achat des engrais sur le marché mondial a diminué.
Q : Quelle était la production de la saison écoulée et quelles sont les prévisions pour la nouvelle saison ?
R : La saison écoulée, c'était 229.000 tonnes de coton graine. Par le passé, après la dévaluation du franc CFA, on a connu une très forte embellie des cours. La production du Mali a beaucoup augmenté ; elle a atteint en 2003-2004 620.000 tonnes de coton graine. Cette année-là, le Mali était le premier producteur d'Afrique. Et puis, à cause de diverses difficultés parmi lesquelles la chute des cours mondiaux du coton due aux subventions [américaines et européennes], mais aussi il y a des problèmes internes, la production a baissé jusqu'à atteindre un plancher de 201.000 tonnes au cours de la campagne 2008-2009. Alors, le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes. Pour la campagne 2010-2011, nos ambitions premières étaient de passer de 229.000 tonnes à 360.00 tonnes. C'était les objectifs arrêtés par nous la CMDT et les producteurs. C'est la sécheresse du mois de juin qui a un peu émoussé l'enthousiasme des paysans.
Q : Quel est aujourd'hui le prix au producteur ?
R : Le prix au producteur pour la campagne 2009-2010 était de 170 francs le kilo. On a augmenté de 15 francs. Donc, il est de 185 francs le kilo. Pour les cours mondiaux, quand nous faisions nos prévisions initiales on était à 600 francs le kilo de fibre. Aujourd'hui, le kilo de fibre en moyenne, ça dépend des qualités, dépasse les 800 francs. D'ailleurs au Mali nous avons un système de prix qui permet de rendre justice aux producteurs, en ce sens que lorsqu'on fixe le prix au mois d'avril, le coton est effectivement acheté avec les paysans au prix qui est fixé au mois d'avril. Mais au mois de juin de l'année d'après, on fait le bilan de la campagne. Et s'il se trouvait par exemple que le marché mondial a payé un peu plus que ce que nous avions prévu, alors on paie un supplément aux producteurs. Par contre, si le marché mondial s'est entre-temps effondré et qu'en définitive la part que le marché mondial a payée aux producteurs est inférieure aux prix qu'on leur a déjà payé, ils doivent restituer la différence. Et justement, pour leur permettre de restituer la différence en cas de mauvaise année, notre mécanisme prévoit que pendant les bonnes années les paysans mettent une partie de leur supplément dans le fonds de soutien, de telle sorte que c'est dans ce fonds qu'on puise pour restituer à la CMDT le trop perçu.
french.news.cn/afrique