Les emballages en plastique communément appelé "sachets plastiques", polluent les rues des villes et les campagnes, les plages et fleuves du Sénégal, sans qu' une solution soit en vue pour fin à l'agression de l'environnement.
On retrouve partout les sachets plastiques. Au gré du vent, ils sont accrochés aux branches des gros arbres, aux broussailles, comme aux maigres épineux de la savane.
Avec plus de cinq millions de sachets utilisés par jour, selon une étude de 2004, avec leur faible coût (entre 5 à 25 francs Cfa), les emballages en plastique n'arrêteront pas de si tôt de polluer le paysage sénégalais, affirment les spécialistes.
Selon les environnementalistes et associations de lutte pour la protection de la nature, le mode consommation (micro-détail pour tout ce qui en poudre - lait, sucre, détergent, café - et pour tout ce qui liquide - huile, vinaigre, javel, eau, crème glacée- entraîne une utilisation effrénée des sachets plastiques.
Les statistiques disponibles en 2004 font état de l'importation de plus de 50 millions d'emballages plastiques par an. Pour un coût de 77 millions de francs Cfa, informe Cheikhou Dansokho, environnementaliste.
Le chef de l'Etat sénégalais avait demandé au mois de mai 2010 à son gouvernement de réfléchir sur des mesures appropriées pour lutter contre l'utilisation abusive des sachets plastiques.
"Ces emballages en plastique dégradent notre environnement, causent des désagréments aux populations et menacent sérieusement le cheptel", avait dénoncé Abdoulaye Wade
Conscient de ces dangers, le Collectif des 13NRV (lire très énervés), une association de jeunes sénégalais, a déclaré la " guerre" aux sachets plastiques. Son slogan : "tous responsables. Mbuus donu fatt" (Il n'est pas question que les sachets plastiques nous étouffent).
"Les sachets sont automatiquement rejetés dans la nature après usage. Or la nature c'est ce qui nous fait vivre donc toute agression contre la nature est une agression contre nous mêmes. En plus, cela pose un problème de santé publique parce que le sachet plastique est un dérivé du pétrole". C'est pourquoi, explique Yacine Dansokho, membre de ce collectif, "nous essayons d' informer la population sur les conséquences néfastes des sachets. On n'est pas là pour donner des leçons car nous-mêmes devons revoir notre mode de vie en prenant de bonnes habitudes. Nous sommes tous responsables parce que c'est nous qui acceptons des sachets quand on va à la boutique".
En dehors de ses activités de sensibilisation et d'éducation, le Collectif des 13NRV a édité un livret vert qui est une compilation d'information chiffrées et documentées sur l' environnement au Sénégal. Cela pour informer d'avantage sur les effets néfastes des emballages en plastique confie Mme Dansokho.
L'environnementaliste, Cheikhou Dansokho cite entre autres conséquences des emballages plastiques sur l'environnement, la disparition de plus 200 espèces aquatiques à cause de la présence des sachets dans les fonds marins.
Par exemple, renseigne-t-il, "au niveau des océans, en 1997 on a découvert une place flottante de déchets qui faisait trois fois la superficie du Sénégal (...)". On retrouve les mêmes sachets dans les caniveaux empêchant le drainage des eaux pluviales. Selon M. Dansokho, le principal problème est la durée de vie des sachets plastiques : "400 ans au minimum. Un sachet plastique peut survivre à 8 générations".
D'après l'environnementaliste, les emballages en plastiques empêchent une bonne croissance des végétaux et le développement des micro organismes qui fertilisent le sol. Ils sont aussi, ajoute-t-il, responsables de la disparition de 30% du cheptel par an.
Pourtant, il existe au Sénégal, depuis novembre 2008, un arrêté qui interdit l'importation, la distribution et la vente de plastique non biodégradable.
Mais, son application n'est pas encore effective parce que, indique la directrice des programmes et de suivi de l'Agence de la propreté du Sénégal (Aprosen), cette décision se heurte aux accords de commerce qu'il a signé avec ses partenaires.
Yacine Dansokho du Collectif des 13NRV attend le vote d'une loi spécifique interdisant l'utilisation des sachets plastiques, à l' instar des pays comme le Rwanda où, "on a interdit l'usage de sachets plastiques à faible densité".
Car, précise Mme Dansokho, "l'arrêté ministériel est un début d' espoir pour réglementer le secteur. Seulement cet arrêté porte sur les produits plastiques et non sur les sachets en plastique. Or, il est impossible d'interdire l'usage de produit plastiques comme par exemple la bassine, le bidon etc".
Pour l'instant donc, l'Etat du Sénégal peine à faire appliquer sa loi portant importation, distribution et vente des produits plastiques.
french.news.cn/afrique