La gestion du contentieux sur la liste électorale en Côte d'Ivoire ne se passe pas sans grincements de dents. Une atmosphère délétère entoure l'opération prévue pour prendre fin le 26 août prochain.
Une vague de divergences liées à des demandes en radiation secoue ainsi le paysage socio politique.
Dans plusieurs régions du pays, la commission électorale indé pendante (CEI) a enregistré des demandes massives en radiation des pétitionnaires accusés de fraude sur la nationalité.
Ces demandes émanant notamment du camp présidentiel sont qualifiées d'accusations gratuites par l'opposition, suscitant une polémique.
"Les demandes massives en radiation sont des dénonciations calomnieuses. Les accusations sont à base de documents falsifiés", a estimé le porte-parole adjoint du RDR, Doumbia Brahima.
"Seuls les Ivoiriens sont concernés par les élections. Nous veillons donc au grain et ne permettrons à aucun étranger de voter", a indiqué pour sa part Félicien Gbamnan Djidan, maire de Yopougon (quartier populaire au nord d'Abidjan et directeur dé partemental de campagne du président Laurent Gbagbo).
"Nous avons les preuves concernant les listes de fraudeurs sur la nationalité que nous dressons et pour lesquels nous avons fait une demande en radiation", a-t-il ajouté.
La polémique qui a enflé ces derniers jours a donné lieu à des manifestations de protestations dans plusieurs villes du pays dont Sinfra (centre-ouest), San-Pedro (sud-ouest), Abengourou (est) et Agboville (sud).
"Nous sommes des Ivoiriens comme les autres. Nous n'allons pas laisser les militants du Front populaire ivoirien (FPI, parti au Pouvoir radier les nôtres", ont martelé certains responsables ré gionaux du rassemblement des républicains (RDR, opposition), menaç ant de défendre "jusqu'au bout" leur nationalité.
Face à la situation, plusieurs organisations de la société civile sont montées au créneau et ont interpellé la justice ivoirienne.
Pour celles-ci, la justice doit appliquer "sans faiblesse" le code électoral dans la gestion du contentieux judiciaire.
De l'avis du représentant résident de l'organisation internationale National democratic intitute (NDI) Charles Djrekpo, les juges doivent analyser de manière attentionnée la situation de divergence qui prévaut dans l'actuel contentieux électoral et appliquer la loi sans parti pris.
Pour le président de la Fondation ivoirienne des droits de l'homme et de la vie politique (Fidhop) Gervais Boka Sako, les fausses dénonciations et les protecteurs des fraudeurs sur la nationalité sont à condamner.
"La liste électorale n'est pas la propriété privée d'un groupe. Il n'est pas normal de dénoncer à tout vent, il n'est pas normal non plus de protéger à tout vent", a-t-il précisé en substance.
Pour celui-ci, chacun des groupes doit se fier à la décision de la justice qui est la seule habilitée à trancher.
M. Boka Sako a ainsi rappelé l'existence de la loi électorale qui constitue une base sur laquelle vont travailler les juges.
Quant à la Coalition de la société civile pour la paix et le dé veloppement démocratique en Côte d'Ivoire (Cosopci), elle s'est dite également préoccupée, appelant les acteurs politiques ivoiriens à trouver un consensus afin d'éviter toute violence.
Lors d'un point de presse vendredi à Abidjan, le porte-parole de la CEI Bamba Yacouba a indiqué que la Commission électorale n'é tait pas juge de la nationalité, et que ce volet était l'apanage de la justice.
La montée des tensions a fait alors intervenir le chef de cabinet du ministre ivoirien de la justice Ibrahim Kuibert pour tenter de calmer le jeu.
"Ce n'est pas parce qu'on a demandé qu'une personne soit radiée de la liste électorale qu'elle le sera effectivement", a rassuré M. Kuibert.
Pour celui-ci, la demande de radiation est un acte civique et patriotique. Mais aucun "abus" ne saurait être toléré.
"La demande formulée par le requérant n'est pas une requête. Elle n'équivaut pas à une radiation systématique Tout doit se dé rouler dans les règles de l'art; le pétitionnaire doit rapporter la preuve de sa déclaration", a conclu M. Kuibert.
Le contentieux de l'inscription sur la liste électorale avait é té lancé une première fois en octobre dernier, mais les violences qui ont suivi avaient amené le gouvernement à suspendre l'opé ration.
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