El-Béchir au Kenya

Après sa visite à N’Djamena en juillet dernier, Omar el-Béchir s’obstine à défier le procureur Luis Moreno-Ocampo et la CPI. Avec l’aide de la plupart de ses homologues africains.
C’est désormais une habitude. Encouragé par la récente attitude de l’UA lors de son sommet des chefs d’État en juillet dernier en Ouganda, et par la spectaculaire reculade de ce pays qui l’a finalement convié (sans qu’il n’ose tout de même faire le déplacement), le président soudanais Omar el-Béchir continue de narguer non seulement la plupart des pays occidentaux, mais aussi tous ceux qui soutiennent l’action de la Cour pénale internationale (CPI) dans le monde, dont de nombreux Africains.
Après l’Égypte, la Libye, l’Arabie saoudite, l’Érythrée, le Qatar et, plus récemment, le Tchad et la Libye, c’est désormais au tour du Kenya d’accueillir El-Béchir, visé par deux mandats d’arrêt de la CPI : l’un en mars 2009 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et l’autre en juillet dernier pour génocide. Nairobi a pourtant ratifié le statut de Rome , traité fondateur de la CPI, et s'est engagé à coopérer avec elle (comme le Tchad)… La décision du gouvernement kényan prouve donc, une fois de plus, qu’au final les traités internationaux n’engagent que ceux qui y croient.
Souriant et détendu
Le nom du président soudanais ne figurait pas sur la liste officielle des chefs d'État attendus à la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution kényane, approuvée par 67,25 % des voix lors d’un référendum, le 5 août. Accompagné sur les lieux par le ministre kényan du Tourisme, Najib Balala, Omar el-Béchir est apparu souriant et détendu, alors qu'il serrait les mains de plusieurs dirigeants africains présents.
En mai dernier, le Kenya s'était engagé devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève à « coopérer pleinement » avec la CPI sur les violences post-électorales en 2007 et à assurer la protection des témoins. L’attitude de Nairobi est-elle de nature à remettre en cause ses liens avec la CPI ? C’est probable.
À cette question, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), dont le siège est à New York, répond, elle, par l’affirmative. « Accueillir El-Béchir remettrait en question l'engagement du Kenya à coopérer avec la CPI dans son enquête au Kenya », a affirmé l'ONG qui s'exprimait avant l'annonce de l'arrivée du chef de l'État soudanais dans la capitale kényane.
Par ailleurs, les rebelles du Darfour ont également appelé le Kenya à arrêter et remettre le président soudanais. Abdelwahid Nour, chef de l'Armée/Mouvement de libération du Soudan (SLA/M), l'un des deux principaux groupes rebelles, exilé à Paris, a déclaré au téléphone à l'AFP que M. Béchir devrait être « arrêté » avant qu'il ne puisse regagner le Soudan.

jeuneafrique.com
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