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A Mogadiscio, la fête de l'Aid el-Fitr étouffée par la peur

Mosquées peu fréquentées, rues désertées, la capitale somalienne vivait vendredi la fête de l'Aid el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, dans la crainte de nouvelles attaques des insurgés islamistes radicaux shebab.

Au lendemain de la dernière attaque en date des shebab, visant l'aéroport international, le calme des rues de Mogadiscio et la méfiance de ses habitants tranchaient avec les prières de masses et les festivités qui accompagnent habituellement la fête du Fitr.

"C'est la pire célébration que j'ai jamais vue", a confirmé Bile Farah Ali, un habitant du quartier de Waberi, dans le sud de Mogadiscio.

"Rien ne laisse deviner qu'aujourd'hui est le jour de fête le plus important pour les Musulmans: tout le monde se terre chez soi pour des raisons de sécurité. Les grandes mosquées sont vides", explique-t-il, dépité.

Le quartier de Waberi, sous contrôle du gouvernement et de ses alliés de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), est situé à quelques encablures de l'aéroport de Mogadiscio, où un commando d'insurgés a fait exploser une voiture piégée jeudi avant de tirer sur les militaires et d'actionner leurs ceintures d'explosifs, faisant cinq morts (deux soldats et trois civils).

Cette attaque est venue couronner un mois de ramadan sanglant, marqué par une recrudescence des combats ayant fait au moins 230 morts civils et 25. 000 déplacés ces deux dernières semaines.

"Un jour comme celui-ci, les gens sont normalement enjoués et recherchent la compagnie des autres dans la rue, mais cette époque est révolue. Regardez les rues, elles sont vides aujourd'hui", se désole Bile Farah Ali.

Mohamed Moalim Ahmed, un haut responsable sécuritaire, concède pour sa part que les habitants de Mogadiscio n'ont même pas tenté de braver l'insécurité, contrairement aux années précédentes.

"L'insécurité a complètement étouffé les célébrations de l'Aid el-Fitr. Les attaques des insurgés ont brisé la vie et le moral de la population", estime-t-il.

A proximité du bâtiment abritant le Parlement, dans la mosquée Isbahaysiga où le président Sharif Cheikh Ahmed vient habituellement prier, les fidèles sont venus en rangs clairsemés.

"Mogadiscio n'est plus la ville que j'ai connue. Comment peut-on venir à la mosquée Isbahaysiga pour les prières de l'Aid et ne trouver que quelques rangs (de fidèles)", se lamente un habitant du quartier, Yusuf Mire.

"Comment expliquez-vous un climat où tout le monde dans la rue soupçonne tout le monde? Nous avons même peur de rencontrer le regard de l'autre", témoigne Muhiddin Abdirahman, dans le quartier de Bulohubey.

Dans le nord de la capitale, sous le contrôle des shebab, l'affluence se faisait toutefois plus importante, les insurgés conduisant des prières en l'honneur des "martyrs" de l'attaque de jeudi contre l'aéroport.

"Nous félicitons nos braves moudjahidines pour l'attaque sainte menée contre l'ennemi. Ces actions se poursuivront sans relâche jusqu'à ce que notre sol soit libéré des envahisseurs chrétiens", a lancé le porte-parole des shebab, cheikh Ali Mohamoud Rage, à ses partisans dans le quartier de Suqaholaha.
source;http://www.jeuneafrique.com/
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