Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, était vendredi à Abidjan pour une médiation entre les deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. L'échec est patent : le président sortant a refusé en bloc les propositions dont Ping était porteur.
(Heures locales et GMT)
21h08 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] Échec de la médiation de Jean Ping. La réponse à la lettre de Goodluck Jonathan faite par Laurent Gbagbo est la suivante : « Je suis le seul président élu ». Le président de la Commission de l'Union africaine est donc reparti de Côte d'Ivoire sans résultat, laissant à Abidjan Victor Gbeho, le président de la Commission de la Cedeao qui l'accompagnait.
Ping s'est envolé directement pour Alger afin de discuter avec le président Abdelaziz Bouteflika de la mise en place d'une éventuelle force d'intervention de l'UA en Côte d'Ivoire. Les pays africains sont divisés : certains, le Nigeria en tête, veulent une intervention militaire pour déloger Gbagbo du pouvoir, d'autres, comme l'Algérie, préfèrent encore privilégier une solution diplomatique.
Par ailleurs, on a appris qu'une grenade avait explosé dans une mosquée à Bassam. Le même scénario s'est déroulé à Abobo. Des incidents se sont produits peu après, mais il n'y a pas plus de précisions à ce stade.
18h43 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] La fin de la médiation de Jean Ping approche. Le président de la Commission de l’Union africaine a reçu un coup de téléphone de Laurent Gbagbo l’invitant à le retrouver dans la résidence présidentielle située à Cocody. Celui-ci lui donnera ainsi de vive-voix sa réponse à la lettre de Goodluck Jonathan, le président en exercice de la Cedeao (voir ci-dessous). On apprend par ailleurs qu’en envoyant Ping, l’UA a vraisemblablement cédé à une exigence d’Alassane Ouattara de ne pas traiter avec un médiateur chef d’État. De fait, c’était l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo qui était pressenti. Mais Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, n’appréciait pas les hommages ostensiblement rendus par Gbagbo à tous les anciens chefs d’État (fanfare et tapis rouge), de Thabo Mbeki à Henri Konan Bédié. Question d’image…
17h46 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] Le médiateur Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a terminé ses entretiens avec les représentants de la communauté internationale. Il a ensuite commencé une réunion avec les ambassadeurs africains en poste en Côte d’ivoire.
Selon une source de l’UA, Ping attend désormais une réponse « dans les heures à venir » de Laurent Gbagbo à une lettre qu’il lui a remise de la part du président en exercice de la Cedeao, le Nigerian Goddluck Jonathan. La missive rappelle les conditions fixées par l’ensemble des institutions internationales - respect des résultats du scrutin certifiés par l’ONU et rejet d’une solution de gouvernement d’union nationale. Elle affirme également que Gbagbo se verra offrir, ainsi que son entourage, une complète immunité et le respect de sa dignité et de ses biens s’il quitte le pouvoir au profit de Ouattara. Lequel a approuvé cet éventuel accord sans réserve.
On s’attend donc à une nouvelle rencontre entre Ping et Gbagbo dans la nuit, voire à un entretien téléphonique. Le suspense est à son comble.
17h00 : La porte-parole du gouvernement Gbagbo, Jacqueline Lohoues Oble, dénonce « la volonté de M. Ouattara et de ses soutiens régionaux et internationaux de faire jouer à la BCEAO [Banque centrales des États d’Afrique de l’Ouest, NDLR] un rôle politique qui n`est pas le sien », en essayant de désigner « de nouveaux représentants dans les organes de l`UEMOA » [l`Union économique et monétaire ouest-africaine, NDLR] pour la Côte d'ivoire. Les « agissements » de M. Ouattara « font peser de graves menaces sur la survie » de l`UEMOA, affirme-t-elle, tout en appelant les responsables régionaux « à la réserve et à la retenue ». La stratégie de l’étouffement économique du régime Gbagbo a déjà commencé...
16h41 : Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon estime que le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo serait une « parodie de démocratie et de l'état de droit ». Il met également en garde le camp du président sortant contre toute attaque envers les troupes des Nations unies présentes en Côte d'ivoire.
16h00 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] Le médiateur Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a terminé son entretien avec Alassane Ouattara à l’hôtel du Golf vers 15h20. Il a dit ne vouloir faire aucune déclaration pendant sa mission, jugeant celle-ci « trop sensible ». Il tient actuellement une réunion à l’hôtel Pullman, au quartier du Plateau, avec quelques représentants de la communauté internationale. Il s’agit de l’envoyé spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, des chefs des délégations de l’UA et de de l’UE, et des ambassadeurs des États-Unis (Philippe Carter III), de la France (Jean-Marc Simon) et du Japon (Okamura Yoshifumi).
15h30 : L’appel à la mobilisation de Guillaume Soro n’a apparemment pas été suivi vendredi après-midi, alors que le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, mène une « médiation de la dernière chance » à Abidjan entre les deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. La capitale économique est quadrillée par les forces fidèles au président sortant et la peur règne parmi les partisans de Ouattara, la répression de jeudi ayant été très meurtrière (20 à 30 morts, selon les sources). « C'est trop dangereux pour sortir », a confié à l'AFP un militant de Ouattara à l’hôtel Golf, où le président élu est en discussion avec Ping depuis plus de deux heures. Le quartier populaire et pro-Ouattara d'Abobo (nord), est très calme, comme le quartier d'Adjamé (nord) et celui de Yopougon (sud, fief de Gbagbo). Seul Treichville (sud), commençait à s’animer peu à peu, même si les commerces restaient fermés.
14h00 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] De Treichville à Yopougon, les rues d'Abidjan étaient calmes à la mi-journée. Les services de transport en commun ne fonctionnant pas, la capitale économique a des allures de ville morte ou seuls quelques téméraires circulent. Les forces de l'ordre patrouillent. La tension reste palpable, même si on ne signale pas de nouvelles violences.
Alassane Dramane Ouattara, à gauche, et le président sortant Laurent Gbagbo, à droite.
Alassane Dramane Ouattara, à gauche, et le président sortant Laurent Gbagbo, à droite.
© AFP / Émilie Régnier pour J.A.
13h30 : [De notre correspondant à Abidjan, Baudelaire Mieu] Jean Ping est arrivé à l’hôtel du Golf, où il doit s’entretenir avec Alassane Ouattara qui y est retranché depuis le début de la crise. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) est arrivé jeudi soir à Abidjan après une escale à Abuja, où il a rencontré le président nigérian Goodluck Jonathan, également président en exercice de la Cedeao.
Ce matin, à 9 heures, Ping a rencontré le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, puis il s’est rendu à la présidence vers 11 heures pour y rencontrer Laurent Gbagbo. Il s’est entretenu avec ce dernier pendant deux heures. Le message qu’il lui a passé tient en deux points. 1) Les résultats issus de la Commission électorale indépendante (CEI) donnant Ouattara vainqueur avec 54,1 % des voix sont indiscutables. 2) Il est exclu qu’il y ait un partage du pouvoir à la zimbabwéenne ou à la kényane. En échange de son retrait du pouvoir, il est proposé à Gbagbo la garantie qu’il n’y aura aucune poursuite internationale contre lui ou ses proches, et qu’il n’y aura pas de « chasse aux sorcières » après son départ, ni de confiscation de biens.
Dans l’entourage de Ping, on se dit pessimiste sur la réussite de cette médiation. « Il y a 10 % de chances qu’elle aboutisse, dit une source au sein de l’UA. Ping n’étant pas chef d’État, il y a peu de chance qu’il puisse parler sur un pied d’égalité avec Gbagbo, alors même que l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki a échoué. »
13h00 : Dans une déclaration adoptée à l'issue d'un sommet à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement l'Union européenne ont appelé « tous les dirigeants ivoiriens, tant civils que militaires, qui ne l'ont pas encore fait, à se placer sous l'autorité du président démocratiquement élu, Alassane Ouattara ». Ils rappellent que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a prévenu qu'il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d'Ivoire. En outre, ils réaffirment « la détermination de l'UE à prendre des mesures ciblées contre qui voudraient continuer à empêcher le respect de la volonté exprimée par le peuple ivoirien ».
12h45 : Les corps de deux jeunes hommes tués d'une balle dans la tête ont été retrouvés étendus en travers d'une route du quartier populaire pro-Ouattara d'Abidjan, par un journaliste de l'AFP. Les circonstances de leur décès sont encore inconnues.
Le corps d'un homme dans le quartier d'Abobo, le 17 décembre 2010.
©AFP
Mis à part un attroupement autour d'eux, le quartier était désert, tout comme ceux d'Adjamé et de Yopougou. La ville est quadrillée par les forces de l'ordre et il n'y a à ce stade aucun signe de mobilisation.
11h45 : Depuis Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy a menacé Laurent Gbagbo de sanctions de l'Union européenne (UE) s'il ne quitte pas le pouvoir « avant la fin de la semaine ». L'opportunité d'inclure Laurent Gbagbo dans la liste des personnes sanctionnées était encore débattue jeudi soir par les diplomates européens.
11 heures : Dans un communiqué, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton « rappelle que la responsabilité finale de la crise politique réside chez ceux qui empêchent un transfert rapide et pacifique du pouvoir au président élu Alassane Ouattara ». Dans le même texte, elle rappelle qu'« une première liste de personnes qui feront l'objet de sanctions de la part de l'Union européenne » est en cours de préparation.
9 heures : Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, arrive à Abidjan. Après l'échec de la médiation de l'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, dépêché par l'UA en Côte d'Ivoire dimanche 5 décembre, Jean Ping tentera de trouver une solution à la crise ivoirienne qui dégénère. Il s'est rendu directement au quartier du plateau, où il devrait rencontrer le président sortant Laurent Gbagbo au Palais présidentiel. Ping devrait ensuite se rendre à l'hôtel du Golf, le quartier du président élu Alassane Ouattara.
jeuneafrique.com