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Bilan 2010 -- L'Algérie s'efforce de jouer le rôle de leader dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord

ALGER, 21 décembre (Xinhua) -- L'Algérie s'efforce de jouer le rôle de leader dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord, et refuse fermement l'intervention des forces armées des pays occidentaux dans la région du Sahel, expliquant que les pays de la région sont capables de répondre à la menace terroriste d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

MENACE D'AQMI

"Il ne faut pas exagérer la menace d'AQMI mais il ne faut pas l'ignorer non plus", a déclaré le 1er décembre à la Radio nationale algérienne, Kamel Rezzag-Bara, conseiller à la Présidence algérienne pour les questions de terrorisme.

Kamel Rezzag-Bara a fait ces remarques à Londres où il effectuait une mission officielle. Il a co-présidé la deuxième session du groupe de contact algéro-britannique sur la lutte antiterroriste et les questions de sécurité. La première réunion a eu lieu en mars 2010 à Alger.

"Les pays de la région ont la pleine capacité de maîtriser les réponses à donner à cette menace importante. Nous rejetons absolument toute tentative d'ingérence. Nous préférons un partenariat qui respecte la souveraineté des pays de la zone. Les pays de la région sont prêts à soutenir les initiatives algériennes", a souligné Kamel Rezzag-Bara.

LA SITUATION SECURITAIRE S'AMELIORE

Depuis les années 1990, l'armée, la police, les services gouvernementaux et les civils ont été souvent ciblés par des attentats terroristes en Algérie.

Ces dernières années, la situation sécuritaire dans ce pays producteur de pétrole et de gaz s'est améliorée grâce au renforcement des efforts de la lutte antiterroriste et à l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.

La Charte, adoptée par référendum en 2005, offre l'amnistie, sous certaines conditions, aux islamistes armés désirant déposer les armes.

Au total 73.540 islamistes ont déposé jusqu'ici les armes grâce à cette Charte, a déclaré, le 3 octobre dernier à Alger, le président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Merouane Azzi.

Ces dernières années, les forces de sécurité ont aussi renforcé l'opération de ratissage dans les maquis de Kabylie, et ont affaibli les groupes d'islamistes armés.

Mais des attentats sporadiques contre les forces de sécurité se sont produits dans les provinces du nord-est du pays, notamment celles de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Bejaia. Les islamistes armés ont développé, ces derniers mois, la tactique d'actionner à distance des bombes.

L'AQMI a revendiqué ces attentats, déclarant que ses cibles d'attaque sont les forces de sécurité algériennes et les intérêts des pays occidentaux dans la région.

OTAGES FRANCAIS

L'AQMI a reconnu avoir enlevé, dans la nuit du 15 au 16 septembre, 7 otages à Arlit (nord du Niger), près d'une mine d'uranium exploitée par Areva. Les otages, cinq Français, un Togolais et un Malgache, sont pour la plupart des collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci).

La France a multiplié les contacts avec les pays de la région du Sahel, et s'est déclarée prête à négocier avec l'AQMI pour obtenir la libération des cinq ressortissants français, selon des sources bien informées.

Cette affaire d'enlèvement a fait l'objet d'une couverture médiatique importante dans les pays occidentaux, notamment en France, et a provoqué l'inquiétude de la communauté internationale sur la situation sécuritaire au Sahel, où des membres de l'AQMI sont devenus de plus en plus actifs ces dernières années et ont enlevé plusieurs otages des pays européens.

Les cinq ressortissants français ne sont toujours pas libérés, trois mois après leur enlèvement.

Le 18 novembre, l'AQMI a demandé à la France de négocier la libération de ses cinq otages au Mali directement avec Oussama ben Laden. Le dirigeant d'AQMI, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, a formulé cette revendication dans un enregistrement audio diffusé dans la soirée du 18 novembre par la chaîne de télévision qatariote Al-Jazira, exigeant en même temps que la France retire ses troupes d'Afghanistan pour libérer les otages qu'elle retient.

Le 19 novembre, la France a affirmé que sa politique ne sera pas dictée de "l'extérieur", en réaction aux exigences d'AQMI. "La France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu'ils soient, soient libérés sains et saufs", a déclaré la nouvelle chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie. Elle "ne peut accepter que sa politique soit dictée à l'extérieur par qui que ce soit", a-t-elle assuré.

REUNIONS ANTITERRORISTES

Depuis fin 2009, les chefs d'état-major, les ministres des Affaires étrangères et les chefs de renseignements de l'Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali ont tenu successivement des réunions en Algérie, pour discuter de la stratégie face à la menace de l'AQMI.

Selon des observateurs locaux, l'Algérie tente de jouer le rôle de leader dans la lutte antiterroriste, estimant que l'AQMI constitue une menace réelle pour les pays de la région. L'Algérie tente de rallier la Mauritanie, le Niger et le Mali dans cette lutte.

L'Algérie a refusé fermement une intervention des forces armées occidentales dans le Sahel, estimant que cette intervention fournira un prétexte aux islamistes armées pour légitimer leur lutte armée et recruter des jeunes.

L'Algérie a insisté pour dire qu'il ne faut pas non plus exagérer la menace de l'AQMI.

Le 26 septembre 2010 à Tamanrasset (sud d'Algérie), les chefs d'état-major de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger ont tenu une réunion.

"En somme, cette réunion constitue une confirmation avérée du respect de tous les engagements pris par les forces armées des pays membres et un message clair pour exprimer leur volonté et leur détermination, ainsi que leur capacité effective à prendre en charge, de façon autonome et collective, leurs questions sécuritaires en toute liberté et en toute souveraineté", a déclaré le colonel Mabrouk Sebaâ, porte-parole de la réunion, à la presse en marge de cette réunion.

VISITES DES CHEFS DE LUTTE ANTITERRORISTE OCCIDENTAUX

Depuis un an, des officiels de haut rang des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France ont effectué des visites en Algérie, pour discuter de la lutte antiterroriste et de la coopération militaire et diplomatique.

Le commandant du commandement militaire des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom), le général William Ward, a effectué une visite officielle en Algérie en novembre 2009. Il a affirmé à cette occasion que des actes terroristes menacent toujours le Maghreb et le Sahel, et que son pays est prêt à renforcer la coopération sécuritaire avec l'Algérie.

Pour sa part, le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat américain, Daniel Benjamin, a indiqué, le 26 juillet 2010 à Alger, que les Etats-Unis considèrent l'Algérie comme un pays "leader" en matière de lutte contre le terrorisme et sont "prêts" à coopérer sur tous les plans concernant ce phénomène.

"Nous apprécions les efforts de l'Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, tant au Maghreb, dans la région du Sahel ou ailleurs", a affirmé M. Benjamin lors d'une conférence de presse à l'ambassade des Etats-Unis à Alger.

Le ministre chargé des Affaires du Moyen-orient et de l'Afrique du Nord au ministère des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, Alistair Burt, a effectué une visite en Algérie le 11 novembre, et a discuté avec des responsables algériens notamment de la lutte contre l'AQMI dans le Sahel.

Le général David R. Hogg, commandant des forces terrestres du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a salué, le 6 décembre 2010 à Alger, le rôle "leader" de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.

"La situation au Sahel est une question régionale et l'Algérie joue un rôle leader dans la lutte contre le terrorisme dans cette région", a déclaré le responsable militaire américain lors d'un point de presse tenu à l'ambassade des Etats-Unis à Alger.

"Il y a des opérations qui sont menées au Sahel à partir d'une approche régionale de lutte contre le terrorisme, grâce au rôle leader des forces armées algériennes", a-t-il ajouté, se félicitant des "énormes progrès" réalisés en matière de lutte contre ce fléau "même si du travail reste à faire".

french.news.cn/afrique
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