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En Côte d’Ivoire, 2011 débute dans l’incertitude et la tension

(RFI)

Lors de ses vœux pour l’année 2011, Laurent Gbagbo a promis vendredi 31 décembre de ne «pas céder» aux pressions de la communauté internationale et de son rival Alassane Ouattara, qui lui avait donné jusqu'à minuit pour quitter la présidence ivoirienne. De son côté, le leader des «jeunes patriotes» pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé, a appelé cette semaine ses partisans à « libérer à mains nues », après le 1er janvier, le QG de Ouattara, protégé par 800 casques bleus et des éléments FN. Abidjan semblait toutefois calme, ce samedi. Dès lundi 3 janvier, les trois médiateurs de la Cédéao, doivent revenir dans la capitale économique ivoirienne.

« Nous n'allons pas céder », a affirmé Laurent Gbagbo à quelques heures de la nouvelle année, dans des vœux retransmis par la télévision d'Etat RTI. Il a dénoncé « une tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale. »

Il a cependant de nouveau tendu la main à Alassane Ouattara, reconnu président par l'ONU et de très nombreux pays, notamment africains : « le temps de la guerre est passé, c'est maintenant le temps du dialogue ».

Laurent Gbagbo a également annoncé la création d'une « commission chargée de faire le bilan des violences post-électorales ». « Elle établira un rapport aussi détaillé que possible sur les violations des droits de l'homme sur l'ensemble du territoire national avant, pendant et après le scrutin », a-t-il dit. Selon l'ONU, ces violences ont fait 179 morts depuis la mi-décembre, et visé principalement des pro-Ouattara, 53 depuis fin novembre selon le camp Gbagbo, dont 14 membres des forces de l'ordre qui lui sont fidèles.

Quelques heures plus tôt, Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, avait annoncé que ce dernier avait donné à M. Gbagbo jusqu'à minuit (locale et TU) pour qu'il se retire, lui offrant en échange la « garantie » de sa tranquillité. Mais Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui s'exprimait depuis le grand hôtel abidjanais transformé en QG du camp Ouattara, a écarté l'hypothèse d'un départ en douceur, se disant « convaincu que seule la force » pourrait chasser Laurent Gbagbo.

En face, Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse du président sortant et leader des jeunes patriotes, a, lui aussi, haussé le ton. Il  a annoncé, ces derniers jours, que ses partisans iraient « libérer l'hôtel du Golf à mains nues », autrement dit déloger Alassane Ouattara, à partir de ce samedi 1er janvier. Une annonce qui suscite l'inquiétude du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour qui « toute attaque contre l'hôtel du Golf pourrrait provoquer une violence généralisée ». Ce samedi, en tous cas, Charles Blé Goudé n'avait pas encore mis sa menace à exécution.

« Mettre la machine en marche »

Dans ce contexte, les efforts pour un réglement pacifique se poursuivent. Trois médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), venus mardi à Abidjan, doivent y revenir lundi. La Sierra Leone a prévenu que la rencontre avec Gbagbo serait la « dernière ».

Si le dialogue reste privilégié, les militaires de la Cédéao « se sont rencontrés mardi et mercredi pour mettre la machine en marche », a indiqué à Abuja le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah, avant une nouvelle réunion mi-janvier au Mali.

La responsable des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a annoncé, pour sa part,  avoir écrit dans des « termes fermes » à M. Gbagbo pour lui rappeler ses obligations de protéger les civils. Des experts onusiens ont averti que les exactions depuis la présidentielle du 28 novembre pourraient constituer des « crimes contre l'humanité ».

Même si les étrangers n'ont pour l'heure pas été directement menacés, la France a recommandé de nouveau à ses ressortissants - autour de 12 000 actuellement - de quitter « provisoirement » le pays.

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