(allafrica) - Moment crucial pour un pays au passé élogieux, aujourd'hui au creux des vagues. Son sort se joue en ces instants entre la réticence de deux antagonistes : Laurent Gbagbo et Allassane Ouattarra, et la pression de la communauté internationale. Le peuple ivoirien est donc pris en otage. Danger pour toute l'Afrique.
Les émissaires de l'Union africaine ont fini par faire le tour de table en Côte d'Ivoire. En deux temps, ils ont rencontré les deux antagonistes, à savoir Laurent Gbagbo et Allassane Ouattara. Ils ont vidé leurs tripes, sans lâcher une décision spectaculaire.
Ainsi, le doute demeure. Les craintes persistent et tout peut arriver dans ce beau pays de l'Afrique de l'Ouest, aujourd'hui malmené de par la volonté meurtrière et le comportement suicidaire de ses dirigeants politiques. Et pourtant, il faut arrêter cette «folie politique» qui conduirait à un suicide collectif alors qu'il faut permettre à la Côte d'Ivoire de reprendre sa place et de jouer son rôle de locomotive dans cette côte africaine. Quel scénario imaginé en vue d'atteindre cet objectif ?
En fait, les émissaires africains ont craché ce qu'ils avaient dans le ventre afin de placer les Ivoiriens devant leurs responsabilités. Ils ont tout fait pour que la pression extérieure ne prenne le dessus sur la réalité interne.
Certes, conformément au droit international sur le «droit d'ingérence», l'Union africaine a laissé suspendre l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de Gbagbo ; le recours à la force, en cas d'extrême nécessité, pour ne pas dire de «refus à obtempérer à la décision de l'Union africaine».
De même qu'il a été demandé à Ouattarra de ne point verser dans le triomphalisme susceptible de ressusciter certaines «vieilles frustrations» qui soutiendraient la crise actuelle au risque de faire des émules dans le continent africain.
HONORER L'AFRIQUE
La solution durable à la crise ivoirienne ne pourrait être qu'ivoirienne, faisant ainsi honneur à l' Afrique. Certes, des erreurs ont été commises ; même des plus graves. Que le spectre de la dictature soit brandi pour la conservation du pouvoir, rien de surprenant en Afrique. Que la peur «d'une minorité» susceptible de supplanter la «majorité» dans les institutions soit réelle, demeure aussi une donne ivoirienne. Mais seraient-ce là les vrais enjeux ?
En ces temps caractérisés par des «guerres économiques», la «conquête des espaces» pour étendre son territoire, il ne faut pas du tout être naïf. La Côte d'Ivoire reste également un point stratégique avec son cacao et son port d' Abidjan, un débouché ou une voie de sortie vers l'extérieur. Il n'est pas un pays enclavé. Dans cette tendance «de domination», ce territoire constitue également un terrain fertile à toute nouvelle initiative «politique et économique» qui aurait un impact dans la région de l'Afrique de l'Ouest.
Ceci dit, il serait naïf de croire que le «schéma kenyan» réussirait en Côte d'Ivoire. Non. Il serait également hasardeux à Gbagbo de pousser Ouattara à la faute en «cherchant» à le déloger des sièges des institutions. Ou encore Gbagbo, avec le bouillant «Blé Goudet» à prendre possession de l'Hôtel du Golf, siège des «institutions» de Ouattarra. Grosse erreur. Ce serait la guerre effective. La balkanisation. Et devant ces hypothèses, tout peut arriver avec l'intervention de l'ONU, de l'Occident, des mercenaires de part et d'autre. Le grand perdant ne serait que la Côte d'Ivoire, le peuple ivoirien. Crime politique !
Faut-il alors rejoindre les évêques ivoiriens qui préconisent le «Dialogue»? Toute solution qui interviendrait dans les prochains jours ne serait que transitoire. Il faut prendre le taureau par les cornes et aller droit au but.
C'est-à-dire, vers une paix totale, une réelle réconciliation nationale, un respect des institutions de la République. En attendant, la Côte d' Ivoire est dans le creux des vagues.
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