(allafrica) -- Les principaux leaders de l'Opposition, toutes tendances confondues, ont décidé de faire bloc pour faire échec aux propositions de la Majorité, notamment celle relative à la révision du mode de scrutin présidentiel. Après le rendez-vous manqué du vendredi 7 décembre, l'Opposition politique s'est retrouvée le dimanche au Grand Hôtel Kinshasa. Le grand absent, c'est Vital Kamerhe et son UNC. La révision du mode de scrutin présidentiel, la mise en place du bureau de la CENI, etc. Rien n'a été laissé de côté dans la déclaration rendue publique au terme de cette rencontre.
L'Opposition politique s'est prononcé finalement le week-end sur les grands sujets qui animent le débat politique ces derniers jours. Dans une déclaration politique, rendue publique au terme de leur concertation au Grand Hôtel Kinshasa, l'opposition, représentée par ses principaux ténors a décidé de faire bloc pour barrer la route à la Majorité. Vital Kamerhe n'était pas avec les autres au GHK, ni personne en son nom.
Après avoir dénoncé « la multiplication des actes d'intimidation des opposants », l'Opposition considère, dans sa déclaration, que la proposition de la Mouvance présidentielle de ramener le scrutin pour l'élection du président de la République à un seul tour est « une dangereuse marche », « rétrograde », n'ayant, estime-t-elle, pour « unique objectif d'organiser la tricherie à grande échelle, et participe d'une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs d'Etat par un seul individu ».
Les leaders de l'Opposition considèrent que l'initiative du président Joseph Kabila de réviser la Constitution et, par conséquent, la loi électorale, à quelques mois des échéances électorales est « inopportune ». En effet, regroupés plus que jamais dans un bloc autour de l'idéal de faire basculer la donne électorale en 2011, les signataires de cette déclaration estiment que « l'institution d'un tour unique pour l'élection présidentielle aura pour conséquence inéluctable, le rétrécissement de la légitimité du chef de l'Etat, avec comme corollaire, la multiplication des contestations de son pouvoir et l'instabilité dans le pays ».
Après avoir tendu la main à la communauté internationale pour prévenir un éventuel péril du processus électoral en RDC, l'Opposition termine sa déclaration par une promesse. « Au cas où le Pouvoir en place, rappelle-t-elle, persistait à vouloir imposer son diktat l'Opposition politique est prête à prendre ses responsabilités ».
Ci-dessous, l'intégralité de la déclaration politique de l'Opposition.
Déclaration de l'opposition politique
En date du 03 Janvier 2011, le Porte-parole du Gouvernement, s'exprimant au nom de la majorité au pouvoir, a déclaré, entre autres, que la famille politique du Chef de l'Etat allait soumettre au Parlement une proposition de révision de la Constitution, afin de ramener le scrutin pour l'élection du Président de la République à un seul tour, au lieu de deux, tel que stipulé dans la Constitution en son article 71.
Considérant l'extrême gravité de cette déclaration, les partis et regroupements politiques, membres de l'Opposition au régime du Président Joseph KABILA, se sont réunis ce vendredi 7 janvier 2011, aux fins de se concerter sur cette démarche du Pouvoir.
Après débats et délibérations, l'Opposition Politique déclare ce qui Suit:
1. L'Opposition Politique réaffirme que la Constitution du 18 février 2006 est la loi fondamentale de la République Démocratique du Congo, et que le respect de sa lettre et de son esprit s'impose à tous les congolais; à fortiori au Chef de l'Etat qui est le Garant de son respect.
2. L'Opposition politique rappelle que l'institution de deux tours de scrutin à l'élection présidentielle est l'aboutissement d'une longue lutte des forces du changement démocratique contre la dictature dans notre pays. C'est un des acquis de la Conférence Nationale Souveraine et du Dialogue Inter Congolais de Sun City. Par conséquent, l'Opposition politique considère la proposition de la mouvance présidentielle comme une dangereuse marche en arrière.
3. L'Opposition Politique rappelle à l'opinion, tant nationale qu'internationale, que la RDC, pays aux dimensions d'un sous-continent, est constituée d'une mosaïque de communautés avec une pluralité d'opinions. Pour rendre I'Etat gouvernable, chacune des composantes de cette mosaïque est appelée à se reconnaître dans le Président de la République élu et doit pouvoir s'exprimer au Parlement.
C'est pourquoi, tant la Constitution que la loi électorale de mars 2006, prenant en compte cette réalité sociopolitique, ont prévu, d'une part, un mode de scrutin à deux tours pour l'élection présidentielle et, d'autre part, des scrutins au système proportionnel pour les élections législatives, afin de garantir le respect de cette diversité.
4. L'Opposition politique estime que l'initiative du Président Joseph KABILA de réviser la Constitution et, par conséquent, la loi électorale, à quelques mois des échéances électorales est inopportune. En outre, cette démarche renferme les germes de la rupture du pacte républicain, fondé sur le consensus, dont la Constitution adoptée par référendum et promulguée le 18 février 2006 est précisément le reflet.
5. En effet, l'opposition politique considère que l'institution d'un tour unique pour l'élection présidentielle aura pour conséquence inéluctable, le rétrécissement de la légitimité du Chef de l'Etat, avec comme corollaire, la multiplication des contestations de son pouvoir et l'instabilité dans le pays.
6. L'Opposition politique fait remarquer que cette proposition rétrograde a pour unique objectif d'organiser la tricherie à grande échelle, et participe d'une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs d'Etat par un seul individu.
7. L'opposition politique, faisant sienne la disposition de l'article 64 de la Constitution qui stipule en son alinéa premier que « tout Congolais a le droit et le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation de la loi fondamentale », rejette fermement l'initiative du Président Joseph KABILA de réviser dans la précipitation et pour des raisons inavouées, la Constitution et son corollaire qu'est la loi électorale. -
8. L'Opposition Politique dénonce par la même occasion, la multiplication des actes d'intimidation des opposants, des activistes des droits de l'homme et des journalistes, et toutes les manoeuvres dilatoires, voire politiciennes, du Pouvoir, tendant à retarder la tenue des élections générales dans les délais constitutionnels, notamment dans le refus de la mise en place du bureau de la CENI.
9. Contrairement aux affirmations du Porte-parole du Gouvernement, l'Opposition politique affirme que la RDC devrait disposer des moyens financiers suffisants pour organiser l'élection présidentielle à deux tours et des élections législatives telles qu'initialement prévues. Elle rappelle que les fonds destinés à l'organisation des élections en 2011 ont déjà en partie été décaissés sur le Budget de l'exercice 2010 et sont également inscrits au Budget de l'Etat de 2011.
10.L'Opposition politique demande au Président Joseph KABILA, qui célèbre ce mois de janvier 2011 son dixième anniversaire à la tête de l'Etat, d'abandonner son projet tendant à imposer des règles taillées sur mesure pour se maintenir au pouvoir et contourner la volonté de changement qui anime le peuple congolais.
11. L'Opposition politique exhorte la Communauté Internationale à soutenir le peuple congolais dans sa lutte pour la démocratie et de ne pas tomber dans le piège tendu par le Président KABILA. Elle doit se garder de participer au financement d'une mascarade d'élections qui vise à maintenir le Président Joseph Kabila à la tête du pays et conforter l'installation d'une nouvelle dictature en RDC.
12. Enfin, l'Opposition Politique réitère au Peuple congolais son engagement à poursuivre à ses côtés la lutte pour que réussisse l'alternance démocratique qui conduira à l'amélioration du mieux être de tous. Au cas où le Pouvoir en place persistait à vouloir imposer son dictat, l'Opposition politique est prête à prendre ses responsabilités. Elle demande de ce fait au Peuple congolais de se tenir prêt à défendre, par toutes voies légales, les acquis du processus de démocratisation en cours dans notre pays depuis 1990.
Que vive la démocratie,
Que Dieu bénisse la RDC et son peuple! Fait à Kinshasa, le 9 janvier 2011
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|