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Heurts entre police et manifestants réclamant la chute de Moubarak

(La Presse )
• Un manifestant tué dans la ville de Suez, selon des témoins
• Le couvre-feu décrété au Caire, à Alexandrie et à Suez, selon la télévision d'Etat
LE CAIRE (AFP)—Un manifestant a été tué hier dans la ville de Suez, à l'est du Caire, lors d'accrochages avec la police, ont indiqué des témoins, ce qui porte à huit le nombre de décès en quatre jours de manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak en Egypte.
Hamada Labib el-Sayed, un chauffeur de 30 ans, a été tué d'une balle dans la tête alors que la police tentait de disperser plusieurs milliers de manifestants qui tentaient de prendre d'assaut le commissariat de la ville.
Les manifestants ont incendié huit voitures de police et mis le feu au poste de police du quartier d'Arbayine à Suez.
En raison de l'incendie, les policiers ont fui le bâtiment où les manifestants ont pénétré, s'emparant des armes qui s'y trouvaient, selon les témoins.
Quelque 2.000 manifestants regroupés devant une mosquée de la place de Guiza ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées tirées en l'air, ainsi que de canons à eau à l'issue de la prière, selon une journaliste de l'AFP sur place.
Les fidèles ont scandé "A bas Hosni Moubarak" aussitôt terminée la prière d’hier, à laquelle a participé l'opposant Mohamed El Baradei, au milieu d'un lourd dispositif de sécurité.
Après le début des accrochages, M. El Baradei s'est réfugié dans la mosquée, selon un photographe de l'AFP.
Dans le quartier de la grande mosquée d'Al-Azhar, 2.000 personnes se sont rassemblées sous un pont autoroutier qui traverse le quartier alors que les forces de sécurité avaient bloqué les rues environnantes.
Les manifestants scandaient "le peuple veut la chute du régime", salués par de nombreux habitants qui regardaient sans manifester.
A Alexandrie, des manifestants ont aussi incendié hier le siège du gouvernorat d'Alexandrie et la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées pour disperser quelque 4.000 à 5.000 manifestants anti-régime rassemblés après la prière dans une mosquée proche de la gare routière de Raml, dans le centre de la deuxième ville d'Egypte, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Des colonnes de fumée s'élevaient du bâtiment en flammes après des accrochages entre policiers et manifestants, alors que plusieurs manifestants ont forcé l'entrée de l'enceinte d'un commissariat d'un autre quartier du centre-ville.
Aussitôt la prière terminée, les fidèles ont scandé "Dieu est le plus grand" suivi de "On ne veut pas de lui", faisant référence au président Hosni Moubarak. La foule ripostait par des jets de pierres aux tirs de la police.
A Damiette, dans le delta du Nil, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers la province, certains mettant le feu au siège du Parti national démocrate (PND) au pouvoir, selon des témoins.
Les forces de sécurité ont tenté de disperser la foule à l'aide de lacrymogènes et de balles caoutchoutées et plusieurs personnes ont été blessées et évacuées vers des hôpitaux.
A Mansoura, également dans la région du delta, des dizaines de milliers de personnes ont aussi manifesté à l'issue de la prière dans la mosquée Al-Salam, dans le centre de la ville, selon des activistes. Certains imams de la ville ont appelé dans leurs prêches à "sortir dans la rue et à demander le changement".
Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui criait également "le peuple veut la chute du régime" et protestait devant le siège du PND.
Plusieurs affiches du Parti national démocrate ont été arrachés par les manifestants, qui suspendaient des drapeaux égyptiens.
Des accrochages ont eu lieu également au sud du Caire, dans la ville de Minia, ainsi qu'à Suez, qui a connu de violents affrontements depuis le début des manifestations anti-régime mardi en Egypte, qui ont fait sept morts : cinq manifestants et deux policiers.
Le couvre-feu a été décrété au Caire, à Alexandrie et à Suez à partir d’hier 18h00 (16h00 GMT) jusqu'à aujourd’hui 07h00, a annoncé la télévision d'Etat, citant un décret du Président Hosni Moubarak, au quatrième jour de manifestations anti-gouvernementales.
Il reste à signaler que le réseau internet était inaccessible hier matin en Egypte, a-t-on appris auprès d'usagers et d'hôtels au Caire et en province, alors que des appels ont été lancés pour de nouvelles manifestations anti-gouvernementales dans la journée.
"Le réseau internet est coupé aujourd'hui en Egypte", a déclaré la réception d'un grand hôtel de la capitale, une information confirmée par d'autres établissements.
Plusieurs particuliers contactés par l'AFP à travers le pays ont également confirmé ne pas avoir accès au Web.
Internet a été largement utilisé par les militants appelant aux manifestations hostiles au régime du Président Hosni Moubarak qui secouent le pays depuis mardi.
De son côté, l'agence de notation Fitch Ratings pourrait abaisser la note souveraine de l'Egypte, si les manifestations contre le pouvoir en place venaient à "menacer la performance économique et financière" du pays, indique-t-elle hier dans un communiqué.
Fitch a modifié la perspective liée à la note du pays, la faisant passer de "stable" à "négative". Ce qui signifie qu'elle pourrait abaisser sa note dans les mois qui viennent, même si Fitch ne précise pas à quelle échéance.
Dans l'immédiat, la note du pays a été confirmée, à "BB+" pour la dette long terme en devises et à "B" pour la dette court terme.
"Le changement de perspective attachée à la note reflète l'ampleur prise récemment par la protestation contre le pouvoir et l'incertitude qu'elle fait peser sur la situation économique et politique à l'approche de l'élection" présidentielle de septembre, a commenté Richard Fox, l'analyste de Fitch pour le Moyen-Orient et l'Afrique, dans un communiqué.
Si le mouvement de protestation venait à "menacer sérieusement la performance économique et politique (de l'Egypte, Ndlr) ainsi que le processus de réforme économique", Fitch déciderait alors d'abaisser la note.
"Si, au contraire, le gouvernement parvenait à résoudre les tensions politiques (...) et laissait les réformes économiques se poursuivre, la perspective repasserait à stable", explique l'agence.
Avec une note "BB+" par Fitch, l'Egypte est considérée comme un emprunteur présentant un risque, certes plutôt faible, de non-remboursement.
D’autre part, selon des notes obtenues par WikiLeaks et publiées hier par le journal norvégien Aftenposten, les Etats-Unis ont financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars des organisations de promotion de la démocratie en Egypte au grand dam du Président Hosni Moubarak, selon des notes obtenues par WikiLeaks et publiées hier par le journal norvégien Aftenposten.
L'Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid) aurait prévu de consacrer 66,5 millions de dollars en 2008 et 75 millions en 2009 à des programmes égyptiens sur la démocratie et la bonne gouvernance, selon une note de l'ambassade des Etats-Unis au Caire du 6 décembre 2007.
"Le Président Moubarak est profondément sceptique à l'égard du rôle des Etats-Unis dans la promotion de la démocratie", souligne un autre télégramme diplomatique datant du 9 octobre 2007.
"Toutefois, les programmes du gouvernement américain aident à établir des institutions démocratiques et à renforcer les voix d'individus en faveur d'un changement en Egypte", ajoute la note américaine.
Selon Aftenposten, qui dit avoir récupéré d'une manière restée obscure l'intégralité des 250.000 documents diplomatiques obtenus par WikiLeaks, les Etats-Unis ont donc directement contribué à "développer des forces qui s'opposent au président" Moubarak.
L'Egypte est depuis mardi en proie à de violentes manifestations contre le régime d'Hosni Moubarak.
La deuxième note précise que les sommes versées par les Etats-Unis à la promotion de la démocratie recouvraient à la fois des programmes diligentés par le gouvernement égyptien lui-même et des aides financières à des ONG égyptiennes et américaines actives dans ce domaine.
La ministre égyptienne de la Coopération internationale, Fayza Aboulnaga, aurait demandé dans une lettre à l'ambassade que l'Usaid cesse de financer 10 de ces organisations "au motif (qu'elles) n'ont pas été correctement enregistrées comme ONG", selon une troisième note du 28 février 2008.
Généralement considéré comme le successeur désigné du Président Moubarak, son fils Gamal est aussi décrit comme "irritable concernant les financements américains directs en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance", révèle une quatrième note du 20 octobre 2008.
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