(allafrica)--La Tunisie et l'Egypte, en raison des troubles qui les secouent, s'invitent dans les débats de Davos, le prestigieux Forum helvétique. Au plan économique, la Tunisie, pays à fort potentiel touristique, pourrait voir son rythme de croissance flancher, ainsi que le fait remarquer le Fonds monétaire international (FMI). L'instabilité politique en Tunisie pourrait contraindre cette institution multilatérale, à revoir à la baisse les prévisions actuelles de croissance, a indiqué jeudi à Davos, son directeur pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, Masood Ahmed, cité par l'AFP. «Je m'attends à ce que ce taux de croissance (5%) soit abaissé probablement d'un ou de deux points de pourcentage», a-t-il dit. Une situation qui risquerait de fragiliser davantage le pays, si la détérioration économique s'installait dans le temps.
Toutefois, l'ampleur du ralentissement de la croissance en Tunisie dépend du temps qu'il faudra au gouvernement pour ramener la stabilité, a expliqué Masood Ahmed. Le nouveau cabinet peut compter sur le Fond monétaire, si c'est nécessaire. Le FMI est prêt à aider le nouveau gouvernement «dès qu'il sera prêt» en fournissant par exemple son expertise ou une assistance technique. «Nous serons ravis d'aider et d'examiner une aide financière s'il en était besoin», a encore dit M. Ahmed. Interrogé sur les perspectives au Moyen Orient et plus précisément en Egypte où des milliers de personnes ont déjà manifesté contre le pouvoir en place à l'image des Tunisiens, ce responsable du FMI a relevé certains points communs. Le chômage des jeunes est tout aussi important en Tunisie qu'en Egypte, a-t-il expliqué, appelant les pouvoirs en place à relever ce défi.
Donner des emplois exige une croissance plus rapide, a-t-il souligné, et pour cela, il sera nécessaire de diversifier par exemple les investissements, trop concentrés en Egypte dans le secteur des télécommunications et de la construction, selon Messood Ahmed. Ce dernier a toutefois écarté d'éventuelles «émeutes de la faim» à l'image de celles qui avaient secoué une trentaine de pays dans le monde en 2008. La hausse des prix des produits alimentaires a un effet sur le pouvoir d'achat des populations mais aussi sur le budget des Etats qui, souvent, subventionnent ces produits. Mais, «les gouvernements sont très conscients du problème et ils ont déjà pris des mesures et pas seulement en Egypte mais dans d'autres pays encore», a-t-il affirmé. En deux jours d'émeutes, la Bourse du Caire a essuyé d'énormes pertes, évaluées à près de douze milliards de dollars, ce qui a provoqué une panique dans les milieux d'affaires. La Bourse du Caire sera certainement mise à l'épreuve, car il y aura un déséquilibre entre l'offre et la demande du fait que des opérateurs tenteraient de faire sortir de l'argent pour les placer à l'étranger, de peur que la situation dégénère.