Moubarak entame la transition

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(allafrica)--Face à l'ampleur du mouvement de contestation sans précédent qui secoue son pays, le chef de l'Etat égyptien fait des concessions. Après avoir promis des réformes pour lutter contre le chômage et la pauvreté, Hosni Moubarak a nommé pour la première fois, en trente ans de pouvoir, un vice-président. Il a désigné à ce poste le chef des renseignements, Omar Souleimane, et à celui de chef du gouvernement le général Chafik. Le raïs écarte ainsi l'idée de voir son fils Gamal lui succéder.

La nomination d'un vice-président pour la première fois depuis l'arrivée de Hosni Moubarak au pouvoir change la donne du point de vue du régime. La Constitution actuelle confie automatiquement le pouvoir au vice-président en cas de vacance du poste suprême. Cela veut dire qu'en cas d'assassinat, de mort naturelle ou d'incapacité temporaire ou définitive du président, le vice-président prend automatiquement le pouvoir. De quoi assurer une transition en douceur de la présidence.

 

Par ailleurs, la nomination du général Omar Souleimane au poste de numéro 2 en fait un candidat potentiel pour la présidence de la République. Une nomination qui arrive à points nommés puisque l'élection présidentielle est prévue avant la fin de l'année.

Si le président Moubarak, 83 ans, décidait de ne pas briguer un sixième mandat, son vice-président devient le candidat le plus logique pour le parti au pouvoir. Or Omar Soleimane a l'absolue confiance de Hosni Moubarak qui confie à l'homme des services secrets, les missions les plus délicates.

De là à en faire un dauphin, il n'y a qu'un pas. Un choix qui écarte Gamal Moubarak, le fils du raïs Gamal Moubarak qui, selon certaines rumeurs, pourrait même quitter son poste au sein du parti au pouvoir.

Cette amorce de transition tranquille n'a pas apaisé les esprits. « Ni Moubarak, ni Souleimane » scandaient hier des manifestants en colère, et l'opposant Mohamed al-Baradei, ancien patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique a de nouveau appelé le président Moubarak à partir « sans délai pour le bien de l'Egypte ».

Le double visage de Hosni Moubarak

Si la rue égyptienne réclame son départ en le traitant de dictateur, Hosni Moubarak est aussi considéré depuis des années par les pays occidentaux comme le plus solide des alliées du monde arabe. Le président égyptien a longtemps présenté un visage très différent à l'étranger et dans son pays.

C'est au Caire que le président américain Barack Obama avait choisi en 2009 de faire son grand discours au monde musulman. C'est à Hosni Moubarak que le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy avait proposé la co-présidence de l'Union pour la Méditerranée en 2008.

Adversaire résolu de l'islamisme radical, Hosni Moubarak s'est imposé aux côtés des Occidentaux comme un partenaire de premier plan contre le terrorisme ou encore contre l'Iran.

Ce pragmatique a réussi à préserver les accords de paix avec l'Etat hébreux. Présenté comme un interlocuteur incontournable sur le dossier israélo-palestinien Hosni Moubarak était encore l'été dernier invité à la Maison Blanche pour tenter de relancer le processus de paix. Mais au plan intérieur, le président égyptien est loin d'être un homme de dialogue.

Pour se maintenir au pouvoir, Hosni Moubarak s'est toujours appuyé sur un régime très répressif. L'opposition est muselée et l'état d'urgence est en vigueur depuis trente ans. Le régime repose sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti le PND entièrement dévoué au chef de l'Etat.

La double posture de Hosni Moubarak, en Egypte et à l'étranger lui a longtemps permis de faire apparaître son pays comme un des plus stables de la région.

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