(allafrica)--La partition jouée par la diplomatie américaine, le «vendredi de la colère», est passée de l'alto entamé par Hillary Clinton à la musiquette, en fin de nuit, entonnée par Barack Obama.De menace d'abandon à un soutien conditionné, les décideurs américains ont pris la juste mesure du poids réel de leur favori face à un allié indéfectible au Moyen-Orient.
La piste Baradei n'est pas encore la bonne, le régime Moubarak a encore quelques jours de sursis devant lui. L'ennemi étant, évidement, la puissante organisation des Frères musulmans.Avant les manifestations, le rôle du «méchant» est dévolu au département d'Etat avec des déclarations à la limite de la menace. Les aides militaires risquent d'être «suspendues» si la force est utilisée contre les manifestants, le gouvernement égyptien «doit» être à l'écoute, le pouvoir «doit», etc. Des déclarations qui sonnaient comme des injonctions à Hosni Moubarak d'assouplir ses positions depuis l'arrivée de l'homme «prodige», à savoir l'ex- directeur général de l'AIEA, Mohamed El Baradei. Le peu de soutien populaire qu'a recueilli ce dernier malgré un soutien médiatique sans précédent, la force et la détermination de l'organisation des Frères musulmans ont infléchi la position américaine. Selon diverses sources, les consultations avec les alliés américains de la région, à savoir la Jordanie, l'Arabie saoudite et Israel, ont modifié cette position et les communications directes entre Barack Obama et Hosni Moubarak ont repris. Le timing fut choisi délicatement, permettant au président américain de redéfinir la position juste après l'adresse à la nation faite très tardivement par le chef d'Etat égyptien.Les Etats-Unis n'utilisent plus le mot «doit», mais «exhorte».
Un assouplissement de ton qui augure d'un retour vers la realpolitik et l'inconditionnel soutien des Américains à la «sécurité d'Israël et de la stabilité de la région». Barack Obama estime que Hosni Moubarak «a pour responsabilité de donner du sens à ses propos, de prendre des mesures concrètes et des actions pour tenir ses promesses. La violence et la destruction ne mèneront pas aux réformes qu'il souhaite. Le peuple égyptien a des droits qui sont universels, dont la liberté de se réunir pacifiquement, le droit à la liberté d'expression et celui de choisir son propre destin». Tout en considérant que le chef d'Etat égyptien jouait un rôle «très utile sur un éventail de questions difficiles au Proche-Orient». La Maison-Blanche étant consciente que le statu quo n'est plus possible et que l'ouverture démocratique du régime est inéluctable, Barack Obama tente de limiter les dégâts. D'après le Washington Post, ses conseillers auraient conclu depuis quelque temps déjà que Hosni Moubarak ne serait jamais l'homme des réformes. En coulisses, les Etats-Unis auraient «doucement nourri le terreau pour une émancipation de la société». Les Américains auraient donc directement contribué à développer des forces d'opposition au président égyptien tel que le montre l'apparition graduelle de Mohamed El Baradei.
A l'heure où nous mettons sous presse, la position américaine semble être proche de celle de Martin Indyk, ancien conseiller de l'ancien président américain Bill Clinton, qui expliquait au New York Times que «si l'on ne soutient pas Moubarak, le régime tombera, les Frères musulmans prendront le contrôle de l'Egypte et rompront le traité de paix avec Israël ; ce qui aura d'importantes conséquences négatives pour les intérêts américains au Proche-Orient».
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