Pays en voie de développement avec un sous-sol riche en ressources minières et minérales et estimé première réserve mondiale de diamant, le Cameroun ne tire pas profit de ces richesses convoitées par les puissances et multinationales étrangères, à cause des réseaux clandestins qui contrôlent 90% de la production minière, selon le ministère des Mines, qui a décidé de créer des brigades minières.
« Le CAPAM n'arrive pas à canaliser les 10% de la production minière, du fait de la présence de réseaux clandestins qui constituent en réalité des réseaux de blanchiment de l'argent sale et de soutien à la monnaie de pays étrangers », a confié le coordonnateur du Cadre d'appui et de promotion de l'artisanat minier (CAPAM), Paul Ntep Gweth, interrogé par Xinhua. Opérateur technique du ministère des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique, le CAPAM est un programme de développement intégré bâti autour de la valorisation des ressources minérales. Il a à charge de formaliser la chaîne de production, de transformation et de commercialisation.
Implantés depuis des décennies, les réseaux clandestins qui paralysent la quasi-totalité de la production sont réputés huilés et dangereux, disposant de complicités dans la sphère politico- administrative de ce pays d'Afrique centrale. « Ils pratiquent des prix allant au-delà des cours mondiaux et créent une concurrence déloyale », informe M. Ntep Gweth.
Dans le cadre de la petite mine, explique-t-il, les circuits formels produisent à peine « 100 kilos d'or par mois et quelques dizaines de saphir ».
Le CAPAM prévoit une amélioration des résultats pour atteindre d'ici à la fin de l'année une production mensuelle de 150 kilos d' or, 30 kilos de saphir, 500 tonnes de rutile et 1.000 tonnes de disthène. C'est dans cette perspective qu'il est envisagé la mise en place dès ce mois de brigades minières, dont l'objectif sera de sécuriser les sites de production minière. Autrement dit, ces unités de sécurité auront pour mission de faire plier les réseaux clandestins, assure M. Ntep Gweth.
Dans un contexte mondial où cette ressource est redevenue un enjeu financier stratégique, le gouvernement camerounais envisage de renforcer les réserves d'or monétaires nationales à la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), afin d'avoir droit aux tirages spéciaux (DTS).
Au cours de cette année, le CAPAM a créé treize zones minières dans six des dix régions du pays (Adamaoua, Centre, Est, Littoral, Sud et Sud-ouest). 45 géologues et ingénieurs y ont été affectés pour l'encadrement des travailleurs du secteur, assure M. Ntep Gweth.
Région camerounaise la plus enclavée, l'Est est présenté comme le plus grand pourvoyeur du potentiel minier du pays. Il y a découvert un gisement de diamant évalué à 740 millions de carats qui, selon les estimations, en est la première réserve mondiale. Ce gisement se découvre dans une localité en pleine forêt équatoriale dénommée Mobilong. « Tous les cours d'eau qui y coulent possèdent du diamant. Ce diamant provient d'une roche réservoir appelée conglomérat », indique M. Ntep Gweth.
Le « diamant de Mobilong », comme il est convenu d'appeler, sera mis en valeur dans le cadre d'un partenariat en joint venture entre le CAPAM et une société coréenne, C&K Mining. Cette entreprise intervient également dans l'exploitation de l'or. Elle est l'une des compagnies à capitaux étrangers intéressées par les opportunités économiques du Cameroun dans le domaine des mines et des ressources minérales. D'origine américaine, Geovic a reçu un permis d'exploitation d'un gisement de cobalt et de nickel.
Camiron, à capitaux mixtes camerounais et australiens, s' emploie à la réalisation d'un projet de transformation de fer. Un autre gisement de cobalt et de nickel a attiré une entreprise anglaise, Nu Energy, présente aussi dans l'uranium. Autre compagnie britannique, Sicamines a pour sa part jeté son dévolu sur des gisements d'étain et de colombo-tantalite, de rutile et de syénite nephelinique.
A travers Kocam Mining, la présence coréenne se manifeste encore dans le saphir et l'or. Apparemment plus convoitée, cette dernière ressource a également fait courir les Sud-africains de African Aura.
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