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la problématique de la crise humanitaire, une épineuse question ?

ABIDJAN, 8 avril (Xinhua) -- La situation humanitaire en Côte d'Ivoire en proie à un conflit post-électoral depuis plus de quatre mois ne cesse de se détériorer.

L'offensive des forces républicaine de Côte d'Ivoire (Frci, forces pro Ouattara) qui a débuté le 28 mars dernier dans l'ouest du pays s'est poursuivie dans de nombreuses localités avec comme point de chute la ville d'Abidjan.

Cette offensive a entrainé un cortège de difficultés dont celle relative à l'aspect humanitaire.

A la suite de violents combats qui ont opposé forces pro-Ouattara et forces pro-Gbagbo à l'ouest, l'opinion nationale et internationale a été choquée par les scènes pathétiques de déplacement massif de populations, de conditions précaires dans lesquelles vivaient les déplacés et de la situation sanitaire déconcertante.

Pis, cette opinion a été horrifiée plusieurs jours plus tard, par des découvertes macabres de certaines ONG internationales. Ce sont plus de huit cents (800) corps de personnes massacrées qui ont été découvertes par le Comité international de la croix rouge (Cicr) dans la localité de Duékoué (500 km à l'ouest d'Abidjan)

UNE REALITE IMPLACABLE

Une réalité d'autant plus implacable que l'Onu a affirmé vendredi, avoir découvert cent (100) nouveaux corps dans la même région.

Les principaux protagonistes de la crise ivoirienne se renvoient la balle face à ce carnage.

Certaines organisations humanitaires et certains ivoiriens, à l'instar du leader des "jeunes patriotes" (jeunesse pro Gbagbo), Charles Blé Goudé pointe un doigt accusateur sur les hommes du président élu ivoirien, reconnu par l'union Africaine et l'Onu, Alassane Ouattara.

"Ouattara a crée une situation chaotique. Ses hommes sont à la base des pillages et des tueries à l'ouest du pays", a soutenu M. Blé Goudé dans une interview vendredi avec un journaliste.

Mais pour les pro-Ouattara, le responsable des massacres n'est autre que le président sortant Laurent Gbagbo.

"M. Gbagbo a commis des crimes sur les populations civils à l'ouest", a affirmé jeudi l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire, nommé par Ouattara à l'Onu, Youssoufou Bamba.

Mamadou Touré, un porte-parole des jeunes pro-Ouattara sur cette même lancée a dénoncé des exactions du camp Gbagbo et estimé que « ce sont les miliciens de Gbagbo qui sèment la terreur à l'ouest »

Les spectacles d'horreur sont aussi visibles dans la capitale économique Abidjan où, de nombreux corps sans vie jonchent les rues dans plusieurs quartiers de la ville comme Yopougon (quartier pro Gbagbo) et Adjamé (quartier pro-Ouattara)

"Il y a de graves risques d'épidémies qui nous guettent avec ces cadavres abandonnés dans la rue qui sont en état de putréfaction", a fait remarquer Lamine Cissé, un commerçant d'Adjamé.

Le président Alassane Ouattara ne compte pas laisser, dans le flou, les exactions commises.

Il a promis de faire la lumière sur les crimes perpétrés dans le pays depuis le début de l'offensive, et assuré que les coupables seront punis.

BESOINS DE DIVERS ORDRES

Outre les découvertes macabres qui se multiplient dans la ville d'Abidjan et à l'ouest du pays, force serait de reconnaitre que la problématique de la crise humanitaire a plusieurs tentacules. Les besoins à ce niveau sont de divers ordres. Lors de son adresse à la nation jeudi, Alassane Ouattara a dépeint un tableau sombre de la situation.

"Depuis une semaine, les habitants d'Abidjan vivent enfermés chez eux, dans la peur avec les difficultés quotidiennes de plus en plus insoutenables, que ce soit au niveau de l'approvisionnement en eau qu'en produits vivriers et en médicaments", avait-il déclaré. Celui-ci avait par ailleurs fait état de climat de terreur et de pillage, les mettant sur le compte du camp Gbagbo.

Le directeur général de l'organisation "Action contre la faim" (Acf), François Danel a tiré la sonnette d'alarme mardi concernant les conditions déplorables dans lesquelles vivent les déplacés de l'ouest qui manquent d'abris et d'eau potable.

UNE LUEUR D'ESPOIR

De l'avis de certains observateurs, le message d'Alassane Ouattara à la nation est venu à point nommé en ce sens que les populations en détresse avaient besoin de réconfort.

"Les premiers effets du discours de M. Ouattara sont l'espoir qu'ils suscitent même si tout n'est pas fait tout de suite ; la promesse de faire constitue un soulagement", a estimé Edouard Gondo, responsable d'une ONG chargée des questions d'environnement.

Pour celui-ci, la crise humanitaire en Côte d'Ivoire est une épineuse question, elle peut être résolue de manière progressive.

En plus d'inviter les ivoiriens au pardon, à la réconciliation nationale et à la reconstruction du pays, M. Ouattara a promis lors de son message de s'attaquer aux problèmes urgents en prenant des mesures pour l'approvisionnement en eau, en électricité, en médicaments et en vivres. D'autres mesures, selon lui, porteront sur la sécurisation des biens et des personnes.

Il a aussi donné l'assurance d'agir pour la levée des sanctions de l'union européenne (UE) sur les ports d'Abidjan et de San-Pedro (sud-ouest) et pour la réouverture des banques dans le but d'améliorer les conditions de vie des ivoiriens épuisés par plus de quatre mois de crise.

Les populations visiblement à bout de souffle jaugeront certes la capacité de M. Ouattara à réaliser ses promesses sur le plan des questions urgentes, mais elles attendent dans l'impatience et dans l'espoir les premiers effets concrets de son message.

Pour nombre de ses partisans, "Ouattara a toujours tenu parole et il va se mettre à la tâche pour pallier les problèmes humanitaires urgents."

La Côte d'Ivoire vit un conflit post-électoral opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara au lendemain du second tour de l'élection présidentielle.

La crise se caractérise par des violences à répétition qui ont fait un millier de morts depuis la mi-décembre selon l'Onu.

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