ABIDJAN, 19 avril (Xinhua) -- La Côte d'Ivoire vit une nouvelle ère depuis l'arrestation le 11 avril dernier du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo par les forces pro-Ouattara, soutenues par les Casques bleus de l'ONU et la force française Licorne.
D'entrée de jeu, le président déclaré élu par la Commission électorale indépendante (CEI) et reconnu par l'Union africaine et l'ONU Alassane Ouattara a défini des priorités et des défis à relever
Pour M Ouattara, il s'agit entre autres de la reconstruction du pays, de la réconciliation nationale et du développement socio- économique.
Mais avec les plaies, les meurtrissures et les fractures sociales occasionnées par le conflit, nul doute que le voeu le plus ardent des Ivoiriens se trouve être aujourd'hui le retour de la paix.
La crise qui a vu le jour après le second tour de la présidenteille et qui a mis aux prises Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara a duré plus de quatre mois, avec son cortège de difficultés, d'épreuves, de violences et de tueries.
Cette crise post-électorale s'est accentuée avec l'offensive menée le 28 mars par les forces républciaines de Côte d'Ivoire ( FRCI, forces pro-Ouattara) à l'ouest, puis dans les principales villes du pays.
L'offensive de ces troupes sur 'Abidjan le 31 mars a été encore plus sanglante, avec la résistance des forces sépciales de Laurent Gbagbo.
LE PEUPLE A PAYE UN LOURD TRIBUT
Il s'agissait certes d'un combat entre militaires, mais la population civile a payé un lourd tribut à ce conflit. Elle a enregistré dans ses rangs de nombreux morts notamment à l'ouest du pays et dans la ville d'Abidjan.
Avec l'arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril, les FRCI qui avaient à coeur de déloger le président sortant pour installer M. Ouattara avaient atteint leur objectif.
Mais cela n'a pas pour autant mis fin au calvaire et aux souffrances des populations. En témoignent la cohorte de pillages, d'agressions, de vols, de diverses exactions et des combats sporadiques avec quelques poches de résistance dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon.
La tranquilité d'Abidjan est donc toujours trouble, et la ville baigne dans un climat d'insécurité.
Manifestement, la bonne foi des nouvelles autorités politiques et sécuritaires du pays qui ont promis de prendre des mésures sécuritaires idoines est contrariée par les agissements des éléments dits "incontrôlés".
Ceux-ci, qu'ils soient des éléments FRCI pro-Ouattara ou des milciiens pro-Gbagbo continuent de semer la terreur
De fait, la sécurité s'est positionnée comme le défi majeur à gagner par le pouvoir Ouattara.
Lors d'une rencontre d'échanges vendredi, le ministre de l'Intérieur du gouvernement Ouattara, Hamed Bakayoko, avait lancé un appel aux policiers ivoiriens afin qu'ils reprennent le travail pour s'impliquer dans le processus de sécurisation du pays.
"Il faut relever le défi de la paix et de la réconciliation. Ce défi passe nécessairement par la police nationale", avait indiqué M. Bakayoko.
APPELS REPETES A L'APAISEMENT
L'aspiration du peuple ivoirien à la paix habite aussi le camp Gbagbo, dont certains responsables ont lancé des appels à l'apaisement.
"Nous devons arrêter l'escalade de la violence et de la déchéance. Ressaisissons-nous, dominons nos douleurs, apaisons nos coeurs, essuyons nos larmes et rassemblons-nous pour mettre fin aux souffrances de nos populations et donner une chance à la restauration et à la construction de notre pays", avait déclaré le président du front populaire ivoirien (FPI, formation politique de Laurent Gbagbo) dimanche lors d'un point de presse.
Outre les groupements politiques, la société civile ivoirienne s'est aussi mobilisée pour exprimer son désir de vivre en pais après plusieurs mois d'événements éprouvants.
Des manifesttaions ont ainsi été organisées par des ivoiriens non seulement en Côte d'Ivoire, mais aussi en France où vit une importante communauté ivoirienne et dans d'autres pays d'Europe.
"La Côte d'ivoire est le pays de la fraternité. Nous devons revivre comme par le passé, nous devons tous être animés d'un esprit de réconciliation pour donner une chance à la paix", avait énoncé Fabrice Meho, un erssortissant ivoirien à Paris lors d'un rassemblement.
Naturellement, la paix doit être soutenue par des actions concrètes sur le terrain visant à soulager les populations et leur apporter un minimum de confort social.
Le gouvernement ivoirien, sous la houlette du président élu reconnu par l'ONU Alassane Ouattara, a pensé à l'octroi de machines agricoles, de graines de semences et d'intrants, dans le but de relancer l'agriculture.
Le secteur agricole, faut-il le noter, constitue l'un des piliers de l'économie ivoirienne, d'autant que la Côte d'Ivoire caracole depuis depuis plusieurs décennies en tête des pays producteurs de cacao.
Pour l'heure, afin de parer au plus pressé, des mesures d'urgence sont prises par le gouvernement Ouattara dans plusieurs domaines.
C'est l'exemple de la gratuité des soins dans les hôpitaux où ont afflué de nombreux blessés du fait de la crise, lesquels blessés n'ont pas toujours les moyens de faire face aux dépenses relatives aux soins.
En urgence, des partenaires au développement ont aussi décidé d'apporter une assistance alimentaire à la Côte d'Ivoire, à l'image du Programme alimentaire mondial (PAM) qui vient d'offrir 9000 tonnes de riz aux personnes déplacées en Côte d'Ivoire, ainsi qu'aux Ivoiriens qui ont trouvé refuge dans des pays limitrophes notamment le Libéria.
LA NECESSAIRE NORMALISATION
La paix passe aussi par la normailisation. Les Ivoiriens sont désireux de reprendre le travail mais ils veulent le faire dans la sérénité et dans la quiétude.
Plusieurs d'entre eux ont répondu à l'appel du ministre de la fonction publique du gouvernement Ouattara invitant les fonctionnaires et autres travailleurs à rejoindre leur lieu de travail lundi.
Cependant, plusieurs bureaux ont été l'objet de pillages et d'actes de vandalisme, de nombreux véhicules et matériels de bureaux saccagés ou emportés.
"La volonté (de travailler) y est, mais la réalité est qu'il ya eu des dégâts, et qu'il faut faire des réparations et réhabilitations urgentes", a expliqué Justin Mel Essoh, un agent des impôts exerçant danseel quartier administratif du Pletaau ( centre d'Abidjan).
Celui-ci s'est dit optimiste quant à la réinstauration d'une paix durable, mais une paix qui selon lui s'établira de façon progressive, à savoir "lentement et sûrement."
Comme lui, nombre d'observateurs croient en la matérialisation du voeu de paix et de tranquilité des ivoiriens.
"Les ivoiriens sont conscients qu'il ya eu du gâchis tant humain que matériel. Ils réalisent que la violence ne mène à rien. La violence détruit alors qu'il faut construire. C'est donc ensemble qu'ils pourront réussir le défi de la paix et de la reconstruction", avait soutenu Raphaël Konan, un leader de la jeunesse du rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-Ouattara) lors d'un entretien jeudi avec un journaliste.
Depuis lundi, l'on assiste à une reprise timide des activités dans la ville d'Abidjan, capitale économique ivoirienne.
De leur côté, les FRCI soutenues par les Casques bleus de l'ONU et la Licorne s'attèlent à organiser des patrouilles régulières à travers la ville d'Abidjan afin de rassurer les habitants et les amener à mener une vie paisible comme par le passé.
Les prochains jours seront ainsi décisifs pour évaluer sur le terrain le désir des ivoiriens de vivre dans la paix et dans la tranquilité, afin de tourner les pages noires de la crise post- électorale.
La crise post-électorae en Côte d'ivoire a pris un nouveau virage avec l'arrestation le 11 avril du président sortant Laurent Gbagbo.
Le gouvernement Ouattara a lancé aux Ivoiriens un appel à la reprise des activités, invitant ceux-ci au pardon et à la réconciliation pour construire et développer le pays.
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