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l'opposition en piteux état à la veille des législatives anticipées

VICTORIA, 17 juillet (Xinhua) -- Alors que les électeurs des Seychelles s'apprêtent à aller aux urnes de nouveau le 20 octobre prochain, pour élire cette fois-ci une nouvelle Assemblée nationale, la question que beaucoup se pose est si l'opposition est en mesure de mener à bien une campagne pour ce scrutin.

L'opposition, surtout sa principale composante le Seychelles National Party (SNP), est en piteux état après sa débâcle à la présidentielle de mai dernier, quand son candidat, le révérend Wavel Ramkalawan, avait fait un score de 41%, soit trois points de pourcentage de moins qu'en 2006, face au président sortant James Michel qui avait amélioré son score.

Suite à cette défaite, Ramkalawan avait confirmé qu'il allait démissionner. Son parti est en transition, prépare la venue d'une nouvelle équipe dirigeante, cherche de nouveaux fonds et gère le problème de défection de certains de ses membres et responsables.

Du coup, le journal du parti, Regar, a cessé de paraître et la dissidence de deux députés, Jane Carpin et Anthony Derjacques, a plongée le parti en crise.

Le SNP, se retrouvant en tête, ni ressources ni voix, a été pris de court par l'autodissolution de l'Assemblée nationale. Dans une telle situation, il est presque certain que le SNP ne fera pas le poids contre le rouleau compresseur politique qu'est Lepep, le parti au pouvoir, estiment des observateurs.

Aux élections législatives de 2007, le SNP, la seule formation de l'opposition à être représentée à l'Assemblée nationale, avait remporté sept des 25 circonscriptions dans l'archipel et avec le système de correction à travers le proportionnelle. Elle avait un groupe de 11 députes, suffisant pour faire perdre à Lepep.

Or pendant la présidentielle de mai dernier, le président Michel a remporté la victoire dans 23 des 25 districts électoraux et a fait une poussée dans les deux autres dont le fief de l' opposition, St Louis, dans la banlieue nord de la capitale Victoria.

Pour les législatives prochaines, les analystes politiques au siège de Lepep, Maison du Peuple, prévoient une victoire de celle- ci dans tous les 25 districts, ce qui lui permettra de retrouver sa majorité de deux tiers. Tout indique que la cinquième Assemblée nationale qui sera issue des législatives prochaines sera plus rouge (la couleur de Lepep).

Réélu en mai dernier avec plus de suffrages qu'il y a cinq ans (55 contre 53%), Michel laissait entendre à travers ses multiples déclarations publiques qu'il cherchait une recomposition du paysage politique des Seychelles afin de mener à bien son projet de société baptisée "Nouvo Sesel" (Nouveau Seychelles), un programme ambitieux faisant la part belle à des réformes sociales et des institutions democratiques.

Cette recomposition politique passait par une Assemblée nationale avec une majorité claire et forte et une opposition qu' il décrit comme "sérieuse et patriotique".

Justement cette majorité claire et forte lui faisait défaut dans la mesure où son parti, Lepep, était à un siège d'une majorité de deux tiers qui lui aurait permis d'amender la constitution de la troisième république sans besoin de nouer des alliances avec certains éléments de l'opposition. Ensuite, Michel avait du mal à travailler avec le chef de l'opposition à l' Assemblée nationale et de la principale formation de l'opposition, le révérend Wavel Ramkalawan.

L'attitude de ce dernier, qui rejette toute recherche de compromis et pratique la politique de la chaise vide (il avait boycotté l'idée d'un haut comité de dialogue nationale avec Michel et avait amené ses troupes à boycotter la plupart des sessions de travail de l'Assemblée nationale depuis la réélection de Michel) n' était pas du goût de Michel qui jugeait anti-patriotiques les prises de positions xénophobes de Ramkalawan.

Michel cherchait à se débarrasser politiquement de Ramkalawan et à se procurer de sa majorité claire et forte. Avec son dernier mandat au pouvoir en vertu de la limite imposée par la loi fondamentale, il ne fait aucun mystère de son désir d'aller vite. Dans cette optique, l'arrivée à échéance en juillet 2012 de la présente Assemblée nationale est un délai de temps trop long.

Ainsi, juste après sa réélection, il était décidé à appeler l' électorat de nouveau aux urnes, pour élire la cinquième Assemblée nationale cette fois-ci. Selon les termes de la constitution, l' Assemblée nationale peut être dissoute soit par le chef de l'Etat (article 110) ou par l'Assemblée elle-même (Article 111).

Etant donné que la première option présentait certains risques politiques (comme il ne peut dissoudre l'Assemblée qu'une seule fois sans provoquer une élection générale, ça aura été un peut hasardeux de sa part d'user cette arme au tout début de son mandat) , il ne pouvait que compter sur l'autodissolution de l'Assemblée nationale.

Mais cette deuxième option n'était pas envisageable, car deux tiers des membres doivent voter pour la dissolution et il manque à Lepep un siège pour avoir la majorité requise.

Faisant sien la citation du roi Soleil (Louis XVI) pour qui "la politique c'est l'art de se servir de la conjoncture", Michel a sauté sur l'occasion quand il a compris qu'il y avait des divisions dans le camp de l'opposition suite à leur défaite à la présidentielle de mai.

Ainsi, lorsque la députée de l'opposition, pour une histoire de sous avec le dirigeant de son parti Ramkalawan, avait décidé de voter avec les députés de la majorité sur le projet de loi sur la création d'une Commission électorale pour remplacer le poste de Commissaire des élections, Michel, qui est aussi le président de Lepep, a saisi la balle au bond en instruisant le chef de file du groupe parlementaire de Lepep, Marie-Lise Potter, de présenter une motion pour l'autodissolution de l'Assemblée nationale sachant qu' elle aura le support de Carpin. La stratégie s'est avérée payante puisque la motion a été votée et les élections anticipées auront lieu. C'est le coup de grâce à Ramkalawan, ennemi juré de Michel, qui va tirer sa révérence politique.

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