DAKAR, 17 juillet (Xinhua) -- En exil à Dakar depuis 1990, l'ancien président tchadien Hissène Habré est devenu un hôte encombrant pour le Sénégal, au centre d'une controverse au sujet de son extradition vers le Tchad, envisagé, puis abandonnée par le président sénégalais Abdoulaye Wade.
Accusé "d'assassinats politiques et de tortures systématiques de 1982 à 1990" pendant son règne, les victimes de Hissène Habré et familles ainsi que les ONG des droits de l'homme exigent la tenue de son procès.
En juillet 2006, les chefs d'Etat et de gouvernement de l' Union africaine (UA) donnent mandat au Sénégal de juger Hissène Habré. Auparavant, la justice sénégalaise l'avait inculpé en 2000 pour crime contre l'humanité avant de se déclarer incompétente à cause de la loi sénégalaise qui ne prévoit ce cas de figure.
Pour se mettre aux normes, l'Assemblée nationale sénégalaise modifie la loi pour que l'ancien président du Tchad puisse être jugé à Dakar. Mais, c'était sans compter avec la pugnacité des avocats de Habré qui saisissent la Cour de la CEDEAO. Celle-ci estime que les tribunaux sénégalais ne peuvent le juger et qu'il faut une juridiction spéciale.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement sénégalais n'était pas disposé à juger Habré parce qu'il exige la mise en place du financement complet, estimé à 18 milliards francs Cfa, pour pouvoir commencer le procès.
Les ONG et les familles des victimes de Habré y voient un manque de volonté politique de la part des autorités sénégalaises.
Mais, Dakar maintient sa position. Finalement, les pays donateurs s'engagent en 2010 à contribuer à hauteur de 8,6 millions euros pour l'organisation du procès d' Habré, levant ainsi le principal obstacle au jugement. Mais, une autre contrainte apparaît : excédé par des pressions multiples, le président sénégalais lâche en décembre 2010 dans la presse : "que l'UA reprenne son dossier (..) sinon Hissène Habré, je vais le renvoyer quelque part. Moi maintenant, j'en ai assez (..) je vais m'en débarrasser".
Nouveau rebondissement dans l'affaire : le 30 mai 2011, le Sénégal s'est brusquement retiré des discussions avec l'Union africaine à Dakar sur la mise en place d'une Cour chargée de juger Habré, sans fournir d'explication. Un mois après, l'UA adopte, lors d'un sommet à Malabo en Guinée Équatoriale, une résolution demandant au Sénégal de juger rapidement l'ancien dictateur tchadien ou de l'extrader.
En réponse à cette décision de l'UA, Abdoulaye Wade annonce l' extradition de Hissène Habré le 11 juillet au Tchad. Mais face au tollé suscité par cette annonce, il revient sur sa décision.
En effet, les ONG des droits de l'homme trouvent suicidaire d' envoyer Hissen Habré au Tchad où il a déjà été condamné à mort par contumace.
Ces ONG sont plutôt favorables à une extradition de Habré vers la Belgique où un juge belge avait délivré un mandat d'arrêt international en septembre 2005 contre Habré pour crimes contre l' humanité, crimes de guerre et actes de torture.
En attendant, Habré reste à Dakar, sans qu'on sache pour combien de temps encore.
Naviguer à travers les articles | |
l'armée gouvernementale se défend des attaques de l'opposition et de l'Otan | l'opposition en piteux état à la veille des législatives anticipées |
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
|