LE CAIRE, 5 août (Xinhua) -- Les relations entre Israël et l'Egypte font actuellement face à de multiples défis après l'évincement de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak, dont la politique envers Israël faisait l'objet de vives critiques dans le pays.
Le procès de M. Moubarak mercredi a révélé en particulier le problème relatif à l'approvisionnement d'Israël en gaz naturel provenant d'Egypte.
Les procureurs ont accusé l'ancien président égyptien d'avoir convenu avec l'ancien ministre du Pétrole Sameh Fahmi de signer un contrat avec la compagnie Eastern Mediterranean Gas pour fournir à Israël du gaz naturel à bas prix, ce qui s'est traduit par une perte d'environ 120 millions de dollars pour la partie égyptienne.
M. Moubarak a nié les accusations portées à son encontre. Mais le gazoduc à Arish, en Egypte, a fait l'objet de cinq actes de sabotage depuis février, le dernier ayant eu lieu le 30 juillet.
Les saboteurs ont utilisé des explosifs similaires à ceux utilisés les fois précédentes en ciblant différents tronçons du gazoduc. Pour l'heure, les autorités n'ont encore annoncé aucune arrestation de suspects. Les travaux de réparation sont en cours, et un plan visant à renforcer les mesures de sécurité a été mis en place pour protéger le gazoduc.
"Ces attaques porteront atteinte aux relations économiques bilatérales basées sur le secteur du gaz", a indiqué Gamal El-Gawad, directeur du Centre Ahram pour les études politiques et stratégiques, lors d'une interview accordée à Xinhua.
Aucun individu ni groupe n'a revendiqué la responsabilité de ces actes ciblant le gazoduc, destinés probablement à faire cesser l'exportation du gaz naturel vers Israël.
Selon M. Gawad, il y a beaucoup de groupes conservateurs au Sinaï qui refusent d'exporter du gaz vers Israël. Il pourrait également y avoir une responsabilité liée à la région, a-t-il ajouté.
En avril, le Premier ministre égyptien Essam Sharaf avait affirmé qu'il y aurait une augmentation des prix d'exportations de gaz égyptien à un niveau approprié, ce qui permettrait à l'Egypte de bénéficier d'une hausse de revenus de 3 à 4 milliards de dollars.
Pour l'instant, il n'y a pas eu de progrès significatif concernant les négociations sur les prix entre les deux pays. L'exportation de gaz vers Israël n'a pas repris en raison des attaques contre le gazoduc.
M. Gawad a fait observer que les relations entre Israël et l'Egypte s'étaient détériorées depuis la démission de M. Moubarak. L'Egypte, durant les cinq derniers mois, a critiqué à maintes reprises la politique d'Israël concernant les négociations de paix et les questions liées à la colonisation.
L'Egypte a offert ses bons offices fin avril pour persuader le Fatah et le Hamas, les deux grands partis rivaux en Palestine, de parvenir à la réconciliation. Un mois plus tard, les autorités égyptiennes ont décidé d'ouvrir de façon permanente le point de passage de Rafah à la frontière avec la bande de Gaza assiégée par Israël.
Toutes ces meures adoptées par l'Egypte sont révélatrices d'un changement de stratégie en matière de politique étrangère : l'Egypte pourrait désormais mettre davantage l'accent sur ses relations avec les pays africains et arabes tout en s'efforçant de retrouver un rôle dirigeant dans la région.
Les islamistes seront probablement amenés à jouer un rôle de premier plan sur la scène politique égyptienne dans un proche avenir. Le Parti de la justice et de la liberté, affilié aux Frères musulmans, espèrent obtenir la moitié des sièges au parlement.
"Cela affectera négativement les relations entre Israël et l'Egypte", a indiqué M. Gawad. Mais selon lui, les relations ne pourront pas être définitivement rompues, car personne en Egypte "n'est assez stupide pour entraîner le pays dans une telle aventure dangereuse".
L'Egypte et la Jordanie sont les deux seuls Etats arabes qui ont des relations diplomatiques avec Israël. Mais les relations entre l'Egypte et Israël ne se sont jamais bien développées durant l'ère Moubarak.
Mohamed Salam, rédacteur en chef d'une revue politique internationale, a décrit les relations entre l'Egypte et Israël comme étant "toujours troublées" et n'ayant "jamais atteint un niveau stratégique spécial durant l'ère Moubarak".
On parlait de "paix froide" pour décrire ces relations, a expliqué cet analyste politique à Xinhua.
Après l'évincement de M. Moubarak, le Conseil militaire, au pouvoir en Egypte, a annoncé que tous les traités que l'Egypte avait signés avec d'autres pays restaient en vigueur, ce qui signifie que l'Egypte continuera d'observer son traité de paix avec Israël, selon M. Salam.
La scène politique en Egypte n'est pas encore définie, il n'y a donc pas de politique étrangère ou intérieure claire, cela dépendra du prochain régime, a fait remarquer M. Salam.
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