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controverse autour de la décision de la CPI d'enquêter sur les crimes dans le pays

ABIDJAN, 7 octobre (Xinhua) -- La décision de la Cour pénale internationale (CPI) vendredi dernier d'ouvrir une enquête sur les crimes commis en Côte d'Ivoire après l'élection de novembre dernier suscite des réactions controversées dans le milieu politique ivoirien.

Selon les autorités ivoiriennes, près de 3 000 personnes ont été tuées dans le bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo couronné par une guerre de deux semaines dans la capitale ivoirienne à l'issue de l'élection présidentielle de novembre dernier.

Les juges de la CPI ont autorisé le procureur Luis Moreno-Ocampo à enquêter sur des "crimes contre l'humanité" et des "crimes de guerre".

LE CAMP OUATTARA JUBILE

Dans l'entourage du vainqueur du bras de fer, le président Alassane Ouattara, on s'en félicite.

Alassane Ouattara lui-même n'a de cesse depuis son installation au Palais présidentiel d'Abidjan d'affirmer sa ferme volonté de voir jugés son rival Laurent Gbagbo et toutes les personnes incriminées dans les violences post-électorales devant la CPI.

"Il faut féliciter la CPI pour la célérité avec laquelle elle a autorisé le Procureur à mener des enquêtes sur les crimes commis en Côte d'Ivoire", affirme l'ex ministre des Droits de l'homme, Joël N'guessan, anciennement porte-parole d'Alassane Ouattara.

"Pour les Ivoiriens, c'est une bonne chose. Pour les victimes et leurs parents c'est un soulagement de savoir que les crimes ne resteront pas impunis", estime-t-il.

Pour Joël N'guessan, cette décision de la CPI montre que le Tribunal de La Haye (Pays Bas) a réuni "suffisamment d'éléments pour que certaines personnes soient traduites devant elle".

"Certains tentent de politiser le débat. Nous ne sommes pas sur le terrain politique. Nous sommes sur celui du Droit et de la Justice", croit-il savoir expliquant que "les enquêtes du Procureur vont consister essentiellement à dire si oui ou non les crimes commis sont du domaine des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité et aussi d'en identifier les auteurs", croit-il savoir.

Le gouvernement ivoirien, par la voix du ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, a assuré n'avoir "ni gêne, ni crainte".

"Nous sommes sereins. D'ailleurs, c'est le président Ouattara qui a pris l'initiative d'inviter la CPI. Il n'y a pas de réserves, il n'y a pas de gêne. Le président Ouattara n'entend pas protéger des criminels", a-t-il dit soulignant qu'il y a des "gages d'impartialité".

Selon lui, la CPI va "enquêter partout, dans tous les compartiments de l'organisation de la société ivoirienne. Dans tous les partis politiques, que ce soit des militants du FPI (Front populaire ivoirien), des proches de Laurent Gbagbo, ou bien des proches du président Ouattara".

"Toute personne qui sera prise dans le cadre de cette enquête sera passible de sanctions prévues par les textes de la CPI", a-t-il martelé.

Une profession de foi qui ne convainc pas les partisans de l'ex président Laurent Gbagbo qui dénoncent, en dépit de quelques sons discordants, une justice internationale aux ordres et partiale.

LES PARTISANS DE GBAGBO DENONCENT LES "COMBINES" DE LA CPI

Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, en exil au Ghana, a dénoncé la période couverte par l'enquête et qui court à partir de novembre dernier, estimant que "cette période est celle demandée par M. Ouattara, partie prenante au conflit".

"L'alignement de la Cour sur la volonté d'une seule partie au conflit jette une suspicion sur sa décision", soutient M. Koné Katinan qui demande que l'enquête soit étendue au coup d'Etat manqué de septembre 2002 transformé en rébellion armée contre le régime de Laurent.

"Cette suspicion se renforce lorsque l'on prend en compte les circonstances troublantes de l'ouverture de cette enquête", écrit encore le porte-parole de Laurent Gbagbo qui accuse la CPI de faire la volonté d'Alassane Ouattara et de la France.

"Cette décision a été prise le lendemain du jour où M. Mercier Michel, garde des Sceaux dans le gouvernement de M. Sarkozy en France, se déplace personnellement avec le dossier ivoirien sous ses aisselles pour rencontrer les autorités de la Cour. Et ce voyage fait suite également à un autre voyage effectué par le ministre des Droits de l'homme du gouvernement de M. Ouattara", relève-t-il.

Justin Koné Katinian s'insurge également contre le fait que "les juridictions ivoiriennes, expression de (la) souveraineté, soient dessaisies d'un dossier aussi important qui intéresse en premier chef le peuple ivoirien".

Pour lui, si Laurent Gbagbo et ses proches doivent être jugés, ils doivent l'être en Côte d'Ivoire.

Moins catégorique, la direction intérimaire du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l'ex président Laurent Gbagbo, se "félicite" de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur les crimes commis en Côte d'Ivoire.

"Cette décision, qui n'est pas encore un acte d'accusation contre une ou plusieurs personnes déterminées, emporte notre adhésion", écrit le FPI dans un communiqué diffusé mercredi.

Pour le FPI, l'enquête prend en compte les "crimes contre l'humanité" perpétrés lors de la crise post-électorale par "toutes les forces en présence", notamment les Forces armées alliées à Alassane Ouattara, les Forces impartiales françaises et onusiennes et les Forces pro-Gbagbo.

Le FPI estime également que l'enquête est étendue "sur la période allant de 2002 à 2010".

"Ces dispositions sont de nature à faire la lumière sur tous les faits pouvant être qualifiés de crimes contre l'humanité qui auraient été commis en Côte d'Ivoire depuis l'échec du coup d'Etat perpétré contre le régime du président Laurent Gbagbo, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 à ce jour", écrit le FPI.

"Elles augurent d'un procès équitable, juste et impartial", selon le FPI qui "se tient d'ores et déjà disposé à contribuer au bon déroulement des enquêtes en vue de la manifestation de la vérité".

Poursuivis pour crimes économiques, crimes de sang et atteintes à la sûreté de l'Etat, Laurent Gbagbo, son fils, son épouse et plusieurs de ses proches collaborateurs sont en résidence surveillée ou détenus dans des prisons dans le nord de la Côte d'Ivoire.

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