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guerre d'experts autour de la candidature du président Wade

DAKAR, 25 novembre (xinhua) -- A trois mois de l'élection présidentielle sénégalise de février 2012, la principale question qui se pose est de savoir si le président Abdoulaye Wade sera candidat à sa propre succession.

Le chef de l'Etat sénégalais, 86 ans, a annoncé depuis plus d' un an qu'il irait briguer les suffrages des Sénégalais. Mais, l' opposition sénégalaise dans toutes ses composantes et la société civile, toutes réunies dans le M23, un mouvement politique, lui dénient ce droit.

Pour les opposants, Me Wade ne doit pas être candidat car, selon la Constitution de 2001 qu'il a lui-même fait voter, on ne peut faire que deux mandats. Or, il a été élu en 2000, puis 2007.

Candidature valable ou non : le débat qui secoue le Sénégal depuis des mois et pour beaucoup de mouvements politiques, surtout les jeunes comme "Y en a marre", promettent de descendre dans la rue pour s'opposer à la candidature du président Wade.

Aujourd'hui, le débat s'internationalise et il y a une guerre entre experts nationaux et internationaux. Certains parmi eux parlent d'irrecevabilité, d'autres de recevabilité, selon qu'ils ont été commis par le parti au pouvoir ou par l'opposition.

La guerre des experts a été ouverte par Idrissa Seck, ancien Premier ministre (novembre 2002 - avril 2004) et candidat à la présidentielle. Au début de l'année, il a mis à contribution des experts étrangers, des constitutionnalistes français dont le professeur Guy Carcasone, qui ont tous conclu à l'irrecevabilité de la candidature de M. Wade.

M. Seck a rendu publique sa démarche, ce qui a tout de suit influencé l'opposition. Celle-ci, réunie au sein de "Benno Siggil Senegal" a réuni, au mois d'août de cette année plusieurs grands constitutionnalistes sénégalais comme les professeurs Babacar Guèye, Mounirou Sy, Abdoulaye Dièye, etc., tous de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Les arguments développés sont sans appel : "Au regard du droit constitutionnel et uniquement le droit constitutionnel sans aucune autre forme de considération, la candidature d'Abdoulaye Wade est loin d'être recevable".

Et le pouvoir a réagi ce lundi 21 novembre en convoquant un panel de spécialistes étrangers et sénégalais. Ainsi, des juristes ont été appelés de la France, des Etats-Unis, du Mali, en plus de Sénégalais.

Ils étaient en effet 14 et parmi eux, seul Seydou Madani Sy, ancien recteur de l'Université de Dakar, ancien ministre de la Justice et ancien Médiateur de la république, a réfuté la thèse de la recevabilité.

Tous les autres juristes, en présence du Premier ministre et directeur de campagne du candidat Wade, ont expliqué que sa candidature était très recevable aux regards des articles 27 et 104 de la Constitution du Sénégal.

Au nom du principe de la non-rétroactivité des lois, ont-t-ils estimé, le premier mandat de Wade sous le régime de l'ancienne Constitution, ne fait partie du décompte des mandats. Donc, il n'a fait qu'un seul mandat sous l'empire de la nouvelle constitution qui limite à deux les mandats.

Ainsi, comme au football, chaque camp a réuni son équipe d' experts composée de Sénégalais et de juristes étrangers, pour la plus grande polémique sur l'interprétation de la Constitution qui ait jamais eu lieu au Sénégal.

Quoi qu'il en soit, tout le monde semble oublier que le dernier mot appartient au Conseil Constitutionnel seul habilité en dire si oui ou non le président Wade sera candidat.

Aussi, toutes les prises de position pour ou contre cette candidature, apparaissent-elles comme des tentatives de convaincre, sinon de faire pression sur cette juridiction que certains opposants soupçonnent de partialité.

Ce manque de confiance vis-à-vis du seul arbitre qui existe pourrait ouvrir la voie à un conflit avant et après la présidentielle.
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