IRIB- En Libye, la guerre des clans se déroule, désormais, au grand jour, en Tripolitaine, où cinq grandes forces sont présentes, à Syrte, à Misrata, à Bani Walid, dans le jebel Nefusa et à Zintan et à Tripoli.
- Les tribus de la région de Syrte ont cessé le combat, écrasées sous les bombes de l’OTAN, mais elles ont conservé leurs fidélités. Maintenant que l’aviation occidentale a regagné ses bases, certaines sont prêtes à reprendre la lutte contre le "CNT".
- Les milices de Misrata, celles qui capturèrent et lynchèrent le colonel Kadhafi, refusent toute autre autorité que celle de leurs chefs. Toutes les composantes de laTripolitaine les haïssent, y compris, les islamistes de Tripoli.
- Au Sud de Misrata, autour de Bani Walid, la fraction tripolitaine de la tribu des Warfalla, soit, environ, 500 000 membres, est toujours fidèle à l’ancien régime.
- Dans la région de Tripoli, les combats entre les deux milices berbères du djebel Nefusa et de Zintan, d’une part, et les islamistes du "Tripoli Military Council"(TMC), d’autre part, ont connu une accélération, ces derniers jours.
Un évènement de très grande importance s’est produit, le 25 novembre, avec l’arrestation, à l’aéroport de Tripoli, d’Abelhakim Belhaj, chef du "TMC", alors que, sous une fausse identité, il tentait de s’envoler pour la Turquie. L’arrestation, par la brigade de Zintan de ce fondamentaliste, ancien combattant d’Afghanistan, soutenu par le Qatar, marque un tournant, dans l’évolution de la situation libyenne. Pourquoi se départ rocambolesque ? Se sentait-il menacé et prenait-il la fuite? Se rendait-il, en mission secrète, en Turquie? Cette arrestation marque t-elle le début du rejet de l’oppressante omniprésence des forces et des agents du Qatar, nombre de Libyens se demandant si leur pays n’est pas devenu une colonie de cet émirat richissime, mais sous-peuplé, dont l’armée est composée de mercenaires ?
Abelhakim Belhaj a été libéré, sur appel du Président du "CNT", Mustapha Abdel Jalil.
Le fond du problème que les observateurs n’ont, une fois de plus, pas vu, et que certains vont, une fois de plus, reprendre, naturellement, sans me citer, et cela, dès qu’ils auront lu mon communiqué, est que les Berbères ont décidé de jouer leur carte. Grands perdants – comme je l’avais annoncé -, de la nouvelle situation politique, ils se retrouvent, en effet, comme avant la chute du régime Kadhafi, face à un nationalisme arabo-musulman, qui nie leur existence. Aucun ministre du nouveau gouvernement n’est Berbère, alors que leurs deux brigades constituèrent les seuls éléments, militairement, opérationnels de la rébellion. Face à cette situation, le 25 novembre, la Conférence Libyenne des Amazighs (Berbères) a suspendu ses relations avec le "CNT". Militairement, les Berbères semblent avoir pris le contrôle d’une partie de la ville de Tripoli, dont l’aéroport. Autre atout, ils détiennent Seif al-Islam Kadhafi, qu’ils ont traité avec considération et même respect. Une telle attitude n’est pas innocente, car elle contraste avec les traitements ignominieux que les miliciens de Misrata firent subir à son père et que nombre de Libyens ont juré de venger. Si l’actuel gouvernement ne donne pas satisfaction aux Berbères, qui constituent, environ, 10% des 6 millions de Libyens, une alliance tournée, à la fois, contre le "CNT" et contre Misrata, et qui engloberait leurs milices, la fraction tripolitaine des Warfalla, ainsi que les tribus de la région de Syrte, pourrait être constituée. Ce serait, sans coup férir ,qu’elle s’emparerait de la Tripolitaine, seule, Misrata, étant capable de résister, un moment. Sans compter qu’au Sud, les Touaregs et les Toubou sont, eux aussi, restés fidèles à leurs alliances passées.
Quant à la Cyrénaïque, qui est aujourd’hui sous le contrôle direct des extrêmistes, elle a, de fait, échappé aux autorités de Tripoli.