14122011
IRIB
Ce n’est plus un secret, les événements qui secouent la région du Moyen-Orient ont pour but de protéger Israël des graves répercussions de la défaite du projet américain, en Irak. Et tout ce que fait l’alliance occidentale, conduite par les États-Unis, dans la cadre dudit «Printemps arabe», s’inscrit dans ce cadre. Le deal conclu entre les États-Unis et la Confrérie des "Frères musulmans" a été dévoilé, au Caire, par le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, qui n’a fait que confirmer ce que les observateurs avaient, déjà, deviné, en analysant les déclarations des chefs du mouvement islamiste, dans plusieurs pays arabes et musulmans. Sont venus, ensuite, s’inscrire, dans ce même cadre, les déclarations du Président du Conseil national syrien d’Istanbul, Burhan Ghalioun, qui a fait tomber le masque, en affirmant que l’opposition s’emploierait, si elle accède au pouvoir, à rompre les liens avec l’Iran et les mouvements de résistance libanais et palestinien. M. Ghalioun a rejeté la lutte armée, pour libérer le Golan occupé, qui doit se faire, selon lui, à travers la négociation. Mais il y a plus grave encore : les dirigeants des "Frères musulmans" syriens ont révélé leurs vraies intentions, en affirmant que s’ils prenaient le pouvoir, ils enverraient l’armée syrienne au Liban, pour combattre le Hezbollah. C’est-à-dire qu’ils se porteraient volontaires, pour la mission qu’Israël avait échoué à accomplir, en 2006, malgré le soutien d’une trentaine de pays arabes et occidentaux.
Ces prises de positions de mouvements et de personnalités, qui prétendent représenter «la légitimité populaire», s’inscrivent, parfaitement, dans le cadre des politiques américaines, dont le but principal est de protéger Israël. Et ce n’est pas un hasard. Cela confirme ce que nous écrivons, dans ce bulletin, depuis plus de sept mois. D’ailleurs, les centres de recherches occidentaux sont de plus en plus nombreux à le signaler et l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, l’a clairement dit, lors d’une conférence, donnée, à Beyrouth, la semaine dernière : «Les États-Unis soutiennent les "Frères musulmans"», avait-il dit. Cela explique, en grande partie, la méfiance du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à l’égard du «Printemps arabe», qui risque de se solder, selon lui, par un morcellement du Proche-Orient en entités confessionnelles, ce qui servirait les intérêts d’Israël, et fait planer de sérieuses menaces sur la présence des Chrétiens et des autres minorités religieuses, dans cette région. La tentative de détruire l’État national syrien et de morceler le pays constitue l’une des principales pièces de ce puzzle que l’Occident tente de rassembler. C’est pour cela qu’il ferme les yeux sur les crimes commis en Syrie par les groupes armés extrémistes (salafistes), auxquels il accole, maintenant, l’étiquette de «déserteurs», moins répugnante aux yeux de l’opinion publique occidentale que salafistes ou extrémistes musulmans.
Dominée par les États-Unis, inconsciente des répercussions qu’elle risque de subir, l’Europe déroule le tapis rouge à cette mouvance extremiste, considérée, il y a peu, comme un grave danger. L’évolution des événements, en Syrie, ne peut être dissociée du contexte régional et international. Le pouvoir a accepté de signer le protocole élaboré par la Ligue arabe, sur l’envoi d’observateurs, en totale coopération avec la Russie. D’ailleurs, des sources diplomatiques russes, au Liban, affirment que la Russie ne compte pas lâcher le régime syrien, et cet appui est, pour Moscou, une question stratégique. Face à l’appui russe à la Syrie, il devient difficile de renverser le régime, militairement, en dépit des préparatifs, effectués, dans ce but, en Turquie, au Liban et, dans une moindre mesure, en Jordanie. Par contre, les pressions sur la Syrie vont se poursuivre, surtout, à l’approche de la fin du retrait américain d’Irak. Les Américains voudraient provoquer des troubles, pour détourner l’attention générale de ce retrait et de l’atmosphère de défaite qui l’entoure. De plus, les troubles, en Syrie, sont destinés à remplacer l’attaque militaire contre l’Iran, qui devient de plus en plus difficile, dans ce climat de crise et avec les problèmes financiers qui agitent l’Europe et les États-Unis. La situation en Syrie est donc appelée à rester instable, et même si le régime a, finalement, décidé de signer le protocole de la Ligue arabe, celle-ci trouvera, sans doute, d’autres angles, pour maintenir les pressions. Toutefois, les sanctions de la Ligue arabe auraient renforcé le sentiment patriotique, chez les Syriens, ce peuple ayant beaucoup de fierté nationale. De plus, les "Frères musulmans" syriens ayant été, pratiquement, éradiqués du pays, dans les années 80, ils n’ont pas eu le temps d’acquérir une grande assise populaire et ils se voient contraints à porter les armes et à commettre de véritables massacres, pour marquer leur présence.
En parallèle, les déclarations du chef du Conseil national syrien d’Istanbul, Bourhan Ghalioun, contre l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, ont choqué une grande partie de la population syrienne. Des rumeurs, sur une rencontre, qui se serait tenue, en octobre, à Washington, entre des responsables de l’administration américaine, un représentant du "CNS" et un responsable israélien, ont commencé à circuler. Selon ces rumeurs, le représentant du "CNS" aurait réclamé de l’aide financière, une reconnaissance diplomatique, de la part de la communauté internationale, et une intervention militaire contre son propre pays. Sur le terrain, les actes de violence se poursuivent, ainsi que les manifestations contre et en faveur du régime. Mais celui-ci a réussi à embarrasser la Ligue arabe, en se déclarant prêt à signer le protocole, pour l’envoi d’observateurs. Le processus devrait prendre quelques jours, voire, des semaines, alors que les développements, dans l’ensemble de la région, restent plus ou moins incontrôlables et que la situation demeure instable, en Égypte, à Bahreïn et au Yémen. La situation interne, en Syrie, est solide, alors que le plan de créer une zone tampon, à la frontière avec la Turquie, bat de l’aile. Sans parler du fait que la Russie exerce, à son tour, des pressions sur la Turquie, qui a, elle aussi, un tissu social fragilisé. Le Premier ministre turc, Recep Tayyeb Erdogan lève le ton, à l’égard de la Syrie, car il cherche à cacher son incapacité à agir, sur le terrain.
C'est dans ce contexte que les déclarations de Sayyed Hassan Nasrallah, Secrétaire général du Hezbollah, attirent l'attention. "Voici un message à tous ceux qui conspirent contre la Résistance et misent sur un changement. Nous n’envisagerons jamais d’abandonner nos armes. Jour après jour, la résistance recrute plus de combattants, forme de meilleurs combattants et les arme, de plus en plus, lourdement. Les États-Unis, pour compenser leur défaite, en Irak, ont essayé de se faire passer comme des défenseurs des droits de l’Homme et de la démocratie, dans le monde arabe. Ces hypocrites sont connus, pour avoir soutenu toutes les dictatures et les avoir reniées, immédiatement après leur chute. Cela, c’est la marque de Satan. L’opposition syrienne est soumise aux États-Unis et à Israël. Depuis le tout début, nous avons dit, clairement, que nous nous tenons, au côté du régime syrien, un régime de résistance contre Israël. Elle veut détruire la Syrie. Le soi-disant Conseil national syrien, formé à Istanbul, et son leader, Burhan Ghalioun, tentent de présenter leurs lettres de créance aux États-Unis et à Israël. Les propos de certains, selon lesquels les armes de la Résistance sont à l’origine du chaos, des remous, ou d’une certaine inquiétude sécuritaire, au Liban, sont une duperie. Avez-vous jamais vu au Liban un problème sécuritaire ou une guerre civile, pendant lesquels sont tirés des missiles Zelzal, Raad ou Khaybar. Les armes légères sont présentes aux mains de tous les Libanais. Si l’on veut la sécurité à l’intérieur, il faut réfléchir à résoudre le problème de ce type d’armes".
Les évenements qui se succèdent, à une vitesse folle, donnent raison à Nasrallah.