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RDC: vers une cohabitation à la zimbabwéenne?

17122011
Slat.fr
La réelection de Jospeh Kabila est très contestable. Mais les partisans de Tshisekedi n'ont d'autre choix que d'accepter la défaite de leur favori.

Mise à jour du 15 décembre: Rejettant les résultats officiels, le parti de l'opposant Etienne Tshisekedi, l'UDPS, a appelé hier le "peuple à protéger sa victoire" à travers des "manifestations pacifiques" en RDC, où plusieurs opposants ont été blessés lors de la dispersion d'une marche par des soldats de la Garde républicaine.

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La République démocratique du Congo est dans une apnée post-électorale. Tout le monde (observateurs, commission électorale nationale indépendante, candidats, etc.) semble plongé dans une attente. Le pays lui-même apparaît figé dans un calme trompeur qui n’augure rien de bon.

Car les candidats aux élections du 28 novembre dernier ne font pas le même rêve. Joseph Kabila, le président sortant proclamé victorieux par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), attend tranquillement la confirmation des résultats par la Cour suprême. Ses adversaires, eux, ont une toute autre lecture des événements.

Convaincus de la victoire de leur leader Etienne Tshisekedi, ils espèrent que la justice leur rendra ce que la CENI leur a volé. Mais ils ne sont pas dupes, et savent qu’un tel scénario relève du rêve.

C’est pourquoi sans doute le candidat Tshisekedi n’a pas pris la peine d’introduire des recours auprès de la Justice, comme l’a fait Vital Kamerhe (autre figure de l'opposition). Il préfère en appeler directement à une médiation africaine. Mais que viendra faire l’Afrique dans cette galère congolaise? Faire recompter les voix, déclarer Tshisekedi vainqueur ou œuvrer à un partage du pouvoir?
Les modèles kényans et zimbabwéens

A la limite, l’opposition ne peut espérer que cette formule de la cohabitation, comme cela s’est vu lors des crises post-électorales au Kenya et au Zimbabwe. Mais encore faut-il que le pouvoir accède à une telle requête. Convaincu de son bon droit, le camp Kabila sera tenté de s’arroger tout le pouvoir, sauf si bien sûr le contexte le contraint à une ouverture vers l’opposition. Toujours est-il qu’en l’état actuel des choses, on voit mal comment Tshisekedi peut inverser les tendances des urnes données par la CENI.

Ni le recours à la justice, encore moins les manifestations, ne changeront la donne. La solution du gouvernement d’union n’est certes pas la panacée. Elle est même une option boiteuse, et de surcroît injuste, puisqu’elle permet le maintien au pouvoir d’un dirigeant qui, visiblement, a perdu des élections.

Mais parfois, il s’agit du moindre mal, surtout quand l’opposition risque de faire massacrer ses partisans. On a vu qu’au Kenya et au Zimbabwe, le partage du pouvoir, sans avoir réglé définitivement la crise, a tout de même permis un apaisement et évité des morts supplémentaires. La priorité en RD Congo, c’est justement d’éviter à tout prix des violences post-électorales meurtrières.

«Dix-huit morts pour des élections, c’est trop!», s’est indigné, à juste titre, le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa.

Joseph Kabila, par dépit

Son sentiment reflète certainement celui de bien des Congolais, fatigués de la violence politique. On risque donc, à ce rythme, d’aller vers le fait accompli, à savoir la validation de la victoire de Kabila. Les récriminations sur l’organisation du scrutin n’y feront rien.

Le Congo, qui n’a de démocratique que son nom, restera encore sous la férule du même homme, Kabila, qui ne se fait aucun scrupule. Quand Mgr Monsengwo jette un pavé dans la mare en assenant que les résultats des élections «ne sont pas conformes à la vérité ni à la justice», lui, rétorque qu’il s’agit de simples « erreurs». Peut-on convertir un individu d’un tel cynisme aux préceptes de la démocratie?
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