18122011
IRIB
Slate. Afrique a écrit, le 26 août, que maintenant que le régime de Kadhafi est tombé, le gouvernement israélien espérait un rapprochement avec le Conseil national de transition (CNT, autorité libyenne).
Le gouvernement israélien n’avait jamais délaissé ses contacts avec le "CNT", dont certains membres avaient été reçus, secrètement, à Qods. Israël avait déclaré soutenir les rebelles, avec l’espoir qu’ils«parviendront à établir, en Libye, un gouvernement efficace et démocratique».
Une ambassade israélienne à Tripoli?
Les dernières informations révèlent qu’une ambassade d’Israël pourrait ouvrir, prochainement, en Libye. Ce serait une grande avancée diplomatique, pour Israël, qui souffre d’un isolement international, depuis l’arrivée, au ministère des Affaires étrangères, d’Avigdor Lieberman. Ce serait d’autant plus une avancée que le "CNT" comporte, en son sein, des islamistes. L’heure d’échanger des ambassadeurs aurait sonné pour Israël et la Libye. L’information du mois d’août a été confirmée, par le quotidien israélien, "Haaretz", qui précise qu’il y aurait, déjà, un accord, sur le nom de l’ambassadeur, qui prendrait ses fonctions à Tripoli. Un comité de la communauté juive de Libye, comprenant, en Grande-Bretagne, des anciens résidents, a été constitué, avec l’objectif de récupérer leurs biens abandonnés, à la suite de leur départ. Les dirigeants libyens ont autorisé l’installation de ce comité, après une invitation officielle transmise à Raphaël Luzon, Président de la diaspora juive. Ahmed Chaâbani, Porte-parole du "CNT", a confirmé «la nécessité d’établir des relations avec Israël».
Influence du Qatar
Raslan Abu Rukun, Israélien, d’origine arabe, et actuel Consul, à Atlanta, serait pressenti, pour remplir cette mission à Tripoli. Les Israéliens seraient aidés, par le Qatar, qui a toujours agi, auprès du monde arabe, pour améliorer l’image d’Israël. En échange, les Israéliens sont prêts à accroitre la présence diplomatique du Qatar, au Proche-Orient, pour contrebalancer l’influence de l’Arabie saoudite. Ils accepteraient l’introduction d’entreprises qataries chargées de la reconstruction et du développement de Gaza, afin d’améliorer les conditions matérielles de la population gazaouite, qui cesserait, alors, son soutien aux extrémistes. Israël y voit, aussi, un moyen de damer le pion au Turc, Tayyip Erdogan, (Premier ministre), qui cherche à attirer le Hamas, dans sa zone d’influence. Le rêve de Ben Gourion (Premier ministre, en 1948, à la création d’Israël) d’inventer une alliance solide avec les pays voisins musulmans d’Israël prendrait, ainsi, une forme pragmatique. Il semble que Abassi Madani, ancien du "FIS" algérien, qui vit, en exil, au Qatar, ait cautionné l’action diplomatique du "CNT" et fustigé le gouvernement algérien, face à «la réserve de la diplomatie algérienne envers les nouvelles autorités libyennes».
La Tunisie, dans la foulée
L’ouverture de relations diplomatiques avec la Libye pourrait débloquer les relations avec la Tunisie voisine. Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali ont reçu, au siège du mouvement "Ennahda", Roger Bismuth, Président de la Communauté juive de Tunisie, qui était accompagné de Mondher Ben Ayed, ancien Président de la Chambre de commerce tuniso-américaine (TACC). Rached Ghannouchi aurait, aussi, rencontré, selon l’hebdomadaire britannique, "The Economist", des responsables israéliens, lors de sa récente visite, à Washington, pour rassurer les Américains, sur sa politique, après la victoire des islamistes. Certes le leader tunisien avait fait plusieurs déclarations de refus de normaliser les relations avec Israël, mais il a voulu se montrer conciliant, dans sa rencontre «discrète» avec les Israéliens. Il a affirmé que la «Constitution tunisienne n’interdisait pas les contacts avec les Israéliens». Yitzhak Levanon, ancien ambassadeur, en Égypte, a insisté sur le fait que la politique islamiste devenait «plus réaliste». Yaakov Maargov, ministre israélien des Affaires religieuses, a enfoncé le clou, en se disant plus ouvert à discuter avec d’autres partis religieux, car «entre religieux, on se comprend mieux».
L’optimisme diplomatique règne en Israël, mais l’expérience prouve que des surprises peuvent remettre en cause l’ouverture vers d’autres pays arabes.
Jacques Benillouche