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Ghannouchi, primé à Washington, ah bon!!

21122011
IRIB
Avant de prendre les rênes du pouvoir et sur les conseils de son ami, Richard Pearl, le Premier ministre turc, Erdogan, s’était rendu, en 2003, à Washington, pour présenter ses lettres de créance.
Aujourd’hui, c’est à Rached Ghannouchi de quémander l’accord américain, pour jouir, en toute tranquillité, du pouvoir tunisien. Au début du mois de décembre, M. R. Ghannouchi s’est rendu, à Washington, pour assister à la cérémonie organisée par le magazine "Foreign Policy", au cours de laquelle, il a reçu la distinction de l’un des plus grands intellectuels de l’année 2011, décernée, par le prestigieux média américain. Il est à noter que, parmi ces 100 plus grands intellectuels, dont fait partie Rached Ghannouchi, on retrouve les sinistres, Dick Cheney, Condoleezza Rice, Hillary and Bill Clinton, Robert Gates, John McCain, Nicolas Sarkozy, Rajae Tayeb Erdogan, et la cerise sur le gâteau, le Sioniste, Bernard Henri Lévy, comme on retrouve certains de nos «intellectuels arabes», tels que Wadah Khanfar, Mustapha Barghouthi, Wael Ghonim ou Sami ben Gharbia, Mohamed el-Baradeï et une liste, malheureusement, encore, bien longue, de laquais bien, rodés à la tartufferie révolutionnaire, par des organismes, comme "Freedom House" ou "Global Voice Project". Curieux nationalistes que ces «héros», qui acceptent les honneurs d’un organisme américain, qui a, de tout temps, soutenu les dictatures, et qui continue à clamer, haut et fort, par la personne de son président, qu’aucun allié n’est plus important, aux Etats-Unis, qu’Israël. Il est vrai que, comme l’estime le "Foreign Policy", «le Printemps arabe a remodelé la région et Obama s’est adapté, comme les valeurs et les intérêts de l’Amérique l’exigeaient. C’est vrai qu’en politique américaine, les alliances changent, les intérêts restent les mêmes.

Et comme si ce n’était pas suffisant, Rached Ghannouchi a profité de son séjour, pour se rendre au "Washington Institute for Near East Policy", où il a tenu une conférence, sur sa conception de l’Islam moderne et modéré et où il a répondu à plusieurs questions posées par l’assistance. Avant de rendre compte de la teneur de ses discussions avec les dirigeants du "WINEP", il est utile d’expliquer que cet organisme est un think-tank très influent, fondé, en 1985, par M. Martin Indyk, auparavant, chargé de recherche à l’"American Israel Public Affairs Committee" ou "AIPAC", le lobby israélien le plus puissant et le plus influent, aux Etats-Unis. Son influence s’exerce, principalement, sur les médias et le pouvoir exécutif américain. A cet effet, le "Winep" convie les journalistes à des déjeuners hebdomadaires, publie des analyses et fournit des «experts» aux stations de radio et aux talk-shows télévisés. Les collaborateurs israéliens du "WINEP", et, parmi eux, les journalistes Hirsh Goodman, David Makovsky, Ze’ev Schiff et Ehud Yaari, bénéficient, également, d’un accès direct aux médias américains.

C’est, donc, devant un parterre composé de journalistes, de politiques et décideurs, dans leur majorité, plus soucieux des intérêts d’Israël que de ceux des Etats-Unis, eux-mêmes, que Rached Ghannouchi a exposé sa vision du futur rôle joué par les "Frères Musulmans", en Tunisie, en Afrique du Nord et dans le monde arabe et de leur collaboration avec les Etats-Unis. Non content de montrer son allégeance totale au gouvernement américain, en ponctuant ses discours, par des compliments mielleux, Rached Ghannouchi a tenu à rassurer le lobby sioniste, quant à l’article que lui-même avait proposé d’inclure, dans la Constitution tunisienne, concernant le refus du gouvernement de collaborer avec Israël. Il ne sera jamais inscrit, dans la Constitution tunisienne, que la Tunisie n’établira jamais de relations de quelque nature que ce soit avec l’entité sioniste. Le problème est, surtout, dans les voltes-faces et les revirements du Cheikh, comme il aime à se faire appeler.

Le peuple tunisien n’est pas le seul à le taxer de menteur. Son passage au "WINEP" n’a pas été un moment de plaisir. On ne plaisante pas avec le lobby juif, qui est très rancunier et n’oublie pas la moindre phrase ou déclaration faite à son sujet. Croyant jouer au plus malin, Ghannouchi s’est fait épingler, avec vidéo à l’appui, quand il a renié avoir traité les Etats-Unis de Grand Satan, en 1989. La honte, pour une personne, qui prétend devenir une référence, en matière d’enseignement islamique.

Lors de sa visite à Washington, il s’est réservé le morceau de choix, en déclarant qu’il s’engage à respecter la démocratie et à coordonner ses actions avec l’OTAN. Clair et net, la Tunisie de Ghannouchi sera occidentale ou elle ne le sera pas, comme l’a été celle de Ben Ali. On appelle cela le changement, dans la continuité. Avec, cependant, deux nuances de taille. La première est qu’aujourd’hui, les choses ont changé, et les Tunisiens ont appris à séparer l’Etat du parti. Si "Ennahdha" a obtenu le plus grand nombre de voix, ce parti n’est pas l’Etat. M. Ghannouchi, qui n’est que chef de parti, doit se souvenir que la Tunisie n'est plus à l’ère du "RCD-Etat" et, à ce titre, il n’a aucun droit de parler, au nom du gouvernement, qui est composé de plusieurs partis. La seconde est que dire une chose et faire son contraire a un prix et dans le cas de la Tunisie de 2011, la maison ne fait pas de crédit.

M. Ghannouchi doit garder en tête que la révolution s’est faite par les braves et sans son soutien. S’il est vrai que les millions de dollars du Qatar l’ont mené au pouvoir, les millions de Tunisiens, qui ont renversé Ben Ali, sont autant capables de le renvoyer, en Grande Bretagne, si jamais il lui prenait l’envie d’en faire des collaborateurs du Sionisme ou de l’impérialisme. Il est dommage qu’un Cheikh, qui se prétend «Haut Guide musulman», se place en tête de peloton de ceux qui se ruent dans les bras du sSonisme international, alors qu’on attendait de lui qu’il soit le chef de file du combat contre l’occupation d’Al-Qods et le projet de destruction de sa Mosquée.
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