Le chef de l'Etat soudanais, accusé de crime contre l'humanité et de crime de guerre pour les 200 à 400 000 civils tués au Darfour, et frappé d'un mandat d'arrêt par le Tribunal pénal international est attendu ce dimanche en Turquie. Omar el-Béchir assistera à une réunion du comité pour la coopération économique et commerciale de l'Organisation de la conférence islamique, lundi à Istanbul. En moins d'un an, c'est la deuxième fois que la Turquie invite Omar el-Béchir.
« De quoi se mêlent-ils donc ? », a réagi le président Gül après les mises en garde de l’Europe. Le chef de l’Etat turc rappelant avec le chef de la diplomatie que la réunion d’une organisation internationale – l’Organisation de la conférence islamique en l’occurrence – n’équivalait pas à une invitation bilatérale.
Tout comme Kadhafi ou Ahmadinedjad reçus à New York pour une Assemblée de l’ONU, alors que l’administration américaine les considère comme des terroristes, en quelque sorte.
L’argument semble valide, mais il n’empêche que la Turquie joue là un jeu dangereux. Se prévalant du rôle de leader ou de porte-parole du monde musulman, puisque le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu préside l’Organisation de la conférence islamique, Ankara risque de passer pour le protecteur d’un homme et d’un régime aujourd’hui au ban des nations. Sans doute cette même OCI aurait-elle été mieux inspirée de statuer sur la situation au Darfour avant les Nations unies et la Cour pénale internationale, que la Turquie n’a toujours pas reconnue formellement.
Toujours est-il qu’aujourd’hui les Turcs semblent, par leur trop grand esprit d’hospitalité, le second en moins d’un an, endosser le rôle de défenseur d’un pays musulman victime d’un complot occidental.
rfi.fr