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Le Mali, rançon idéale contre les otages français d’AQMI ?

04042012
Enorme !
Le Quai d'Orsay demande à tous les ressortissants Français de quitter le Mali et annonce, par la voix de Alain Juppé, Ministre des Affaires étrangères, qu'il est hors de question que la France intervienne militairement dans la crise qui risque d’embraser toute la sous région. En livrant ainsi, ce pays souverain aux mains d’AQMI, d’ALQAIDA, la manœuvre devient alors simple à comprendre : Faire logiquement du Mali la monnaie d’échange pour récupérer les otages français détenus par les qaidistes qui ont déjà annexé une bonne partie de son territoire. Nicolas Sarkozy, en disant, en réponse à la rumeur sur un supposé financement de sa campagne électorale de 2007 par le clan Kadhafy, que si cela était, il n’aurait pas été « particulièrement reconnaissant » au guide bédouin. Mais en lui envoyant l’OTAN, avait-il prévu que l’effet domino de cette action toucherait le Mali ?

L'histoire se répète, à l’image des représailles subies par la Guinée de Sékou Touré après son « non » en 1958 au référendum proposé par le Général De Gaulle aux ex colonies. La France rancunière brade aujourd’hui, l'intégrité territoriale de15 Millions d’habitants, dans une campagne d’expiation contre un seul homme, Amadou Toumani Touré, qui a eu le péché d’être l’ami d’un infréquentable : Muhamar Kadhafi, le bédouin tombé sous les frappes de l’OTAN. ATT avait il vraiment le choix entre les facilités d’accès aux multitudes aides au développement dont le Mali bénéficiait auprès de Kadhafi ? Ces prêts immédiats de centaines de millions d’euros sans intérêt d’un coté, et de l’autre, le pénible parcours du combattant, dans la durée et l’effort, pour bénéficier de la moindre étude de dossier préalable pour une demande équivalente auprès de la Banque mondiale, le FMI et d’autres agences financières internationales.

La France lâche son ancienne colonie et la laisse, seule, face aux dommages collatéraux d'une crise en Libye où elle a été la principale locomotive des actions de l'OTAN qui scelleront le sort du premier bailleur de fond du Mali. C’est le coup de grâce porté à un pays déjà agonisant et qui n’est plus que l’image de sa moitié, perdue par la bêtise d’un coup d’Etat de sa soldatesque, catalyseur des événements d’aujourd’hui

Après Tombouctou, tombé hier, dans la suite de l’annexion d’autres villes importantes comme Kidal, Bourem et Gao, la rébellion Touareg dans sa tentative d’avancer un peu plus au Sud dans la région ressource du delta du Niger, à Mopti, réconforte cette adage qui dit : l’appétit vient en mangeant. Devant cette progression fulgurante des rebelles qui n’ont rencontré aucune opposition de l’armée malienne (7350 hommes) depuis le déclenchement de l’offensive, Il est loisible de faire une projection très rapide de la même menace d’annexion sur la capitale Bamako qui n’est plus qu’à une trotte. « Le premier à Bamako a gagné » devient ironiquement la devise d’une armée malienne qui s’illustre, jusque là, par la fuite plutôt que la bravoure de la défense de l’intégrité territoriale. A rappeler que la première vraie déroute de l’armée malienne, due plus à une lâcheté qu’à un manque évident d’armements, contrairement à ce qui se dit, s’est passée quelques jours avant le 22 mars, lors d’une simple petite incursion de la rébellion, une routine, à quelques kilomètres de la ville de Taoudeni. C’est ainsi que l’actuel porte parole du Capitaine Sanogo a profité de cette occasion pour rejoindre, à Kati (15 km de Bamako), d’autres esprits rebelles et réfractaires à l’ordre et à la discipline de l’armée pour lancer la mutinerie à l’origine de tout ce capharnaüm. Ils apprennent à leur dépend qu’un coup d’Etat ne s’improvise pas sur un coup de tête.

Les Touaregs, eux, restent sur la lancée de leur objectif initial : aller au delà de la seule limite géographique de l’AZAWAD pour mettre en pratique, la sharia dans un futur Etat islamique qui s’étendra de Banjul au porte de Lagos. Ils en ont les moyens : une bonne partie des armes de l’OTAN brandie dans les villes conquises et des centaines de millions d’euros acquis dans les précédentes prises d’otages dans la région. Ils disposent également d’hommes pour le traduire sur le terrain avec le retour des combattants venant de la Libye, d’un immense renfort de mercenaires et talibans venant des montagnes Afghânes, et de la défection récente de tous les militaires Touaregs de l’armée Malienne. C’est un nouvel Afghanistan délocalisé, une réelle bombe nucléaire qui s’apprête à réduire toute l’Afrique occidentale dans un asservissement d’un autre temps. Toujours pas de Mali à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations Unies devant l’évidence de ce nouveau bourbier. Et pendant que tous les projecteurs restent braqués sur la Syrie et sur les élections « partielles » en Birmanie, c’est « Silence, on conquit au Mali ».

L’imposture de Sanogo et sa clique qui a été de prendre le pouvoir et de laisser cette rébellion prendre la moitié du Mali devient, dans ces conditions, une haute trahison. Et comme seule réponse aux tristes conséquences de leur bévue, c’est par des actes qui traduisent une boulimie évidente du pouvoir que les mutins se manifestent à chaque appel au retour immédiat à l’ordre constitutionnel.

En marge de la belle investiture et superbement républicaine de Macky Sall, président fraichement élu démocratiquement du Sénégal, la CEDEAO, Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, a décidé de mettre en application les sanctions prévues à l’ultimatum lancé aux putschistes : l’embargo total. Les discussions ont tourné aussi sur la forme de la destitution de la junte et d'une stratégie commune contre l'avancée spectaculaire des rebelles qui menacent tous ses pays membres.

L'urgence de l'actualité impose que toutes les forces soient une et indivisible. Il est temps que des zozos, comme l'altermondialiste ou plutôt l'alterOpportuniste, Aminata Dramane Traoré et Oumar Mariko du parti SADI revoient leur copie, car le moindre soutien apporté à ces têtes fêlées de mutins brade davantage l’intégrité d’un Mali, à moitié géographiquement compromis dans ses limites. Non, Aminata Dramane Traoré, ces militaires ne sont pas des indignés, ce sont des indignes.


Solo Niaré

Source:http://atelier.rfi.fr
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