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Où sont les "Amis de la Libye"? , par Ahmed Halfaouii

10042012
Une fois que l’OTAN leur a offert la Libye, les «révolutionnaires» labellisés par Al Jazeera, France 24 & cie, veulent se la partager. Cela ne dérange personne, sauf qu’il ne faut toucher aux puits et aux installations pétrolières qui carburent à plein tube.

Les tiroirs des bureaux du Conseil de sécurité et ceux des ministères aux Affaires étrangères occidentaux se sont définitivement refermés sur le dossier du «printemps» libyen. Le travail est fini, de ce point de vue. Le chaos prometteur est bien en place, pour que les Libyens s’occupent d’autre chose que de regarder du côté où les affaires se règlent.

Tant pis si l’hurluberlu, ex-numéro 2 du CNT, se lamente sur «l’abandon fatal» et sur le fait que «dès que le régime s’est effondré, tout le monde a disparu». Personne ne lui a répondu, sauf Catherine Ashton de l’Union européenne qui n’a pas pu ne pas le cajoler un peu, pour la forme. Il avait tant fait, quand même, pour que les bombardiers configurent la Libye qu’il faut, pour qui il faut.

Il méritait qu’on le rassure, en attendant qu’il comprenne, par lui-même, que les supplétifs ne comptent que le temps du service que l’on attend d’eux. Ils n’ont qu’à se débrouiller, seuls, ensuite. En fait, le gars doit croire, comme ses pairs, qu’il est encore possible que l’OTAN revienne mettre de l’ordre et faire rentrer les «révolutionnaires» à la maison de façon à compléter le travail d’installation effective du CNT au pouvoir.

Un rêve de niais, affolés par le spectacle sanglant des combats fratricides, qui fait la quotidienneté de la Libye «libérée», selon la «communauté internationale». Un spectacle dont la mise en scène, onusienne et atlantiste, n’a donné ni le scénario ni même le synopsis.

Pour se consoler ou pour donner le change, ce qui fait office de gouvernement dit à qui veut bien le croire que «ce n’est pas facile de passer d’une révolution armée à un Etat démocratique dans un pays qui a connu quarante ans de dictature». Comme si la «révolution» libyenne, à l’inverse de toutes les révolutions connues, devait déboucher sur une situation pire que celle qui l’a «justifiée» aux yeux des téléspectateurs du monde entier.

Sa spécificité devait déboucher, contre toute attente, sur la légalisation du racisme le plus abject, du sadisme, des crimes, de la prédation et sur les guerres entre gangs et entre tribus et sur le dépeçage en cours du pays.Dans ce dépeçage, après la Cyrénaïque, ce sont les tribus touareg qui veulent leurs propres frontières. Elles entendent, les armes à la main, depuis peu, s’imposer au sud du pays. La tribu de Zentane, qui ne l’entend pas de cette oreille, à cause de ses ambitions de rayonner en dehors de ses bases, sous l’emprise d’une poussée boulimique, tente de s’opposer à elles.

On enregistre des morts des deux côtés. Et la chose ne semble pas être près de se terminer, car il faut dire que les trafics en tout genre (alcool, drogues, cigarettes) produisent un immense pactole qui n’est pas près de se tarir, étant donné la demande croissante de ces produits par les populations nordistes. A l’Ouest, les Berbères de Zouara affrontent les «Arabes» des villes voisines d’Al Djoumaïl et de Regdaline. Mais cela intéresse-t-il les «amis du peuple libyen», des «amis» qui lui voulaient tout le bien où il baigne aujourd’hui.

Source:http://www.lesdebats.com
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