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Tunisie : Réactions sur une éventuelle réussite du candidat socialiste à la présidentielle française

29042012
A l'issue de la victoire du candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande au premier tour des présidentielles françaises avec 28,63% du suffrage face au président sortant Nicolas Sarkozy (27,18%), les Tunisiens semblent être plus intéressés par l'avenir des relations entre la France et la Tunisie "historiquement liées, notamment avec une éventuelle ascension au pouvoir du courant socialiste en la personne de François Hollande.

"En tant que maghrébins et arabes et vu nos relations imbriquées avec la France, avouons que Sarkozy n'a pas vu venir notre révolution et était au courant des méfaits de Ben Ali et de ses clans carnassiers" d'autant plus que le président français sortant "n'était pas du côté du peuple tunisien dans sa révolution ", a écrit M'Hamed Ben Youssef, directeur-fondateur de l'hebdomadaire tunisien "Tunis Hebdo".

Quant à François Hollande, a ajouté M. Ben Youssef, il porte le "lourd héritage" de son parti, qui "n'a jamais porté dans son coeur le régime de Bourguiba ni celui du fuyard (Ben Ali) ".

D'après cette première réaction au lendemain des résultats du premier tour des présidentielles françaises, il y a une réelle crainte que le leader du PS ne se comporte de même vis-à-vis de notre Ennahdha (parti islamiste au pouvoir et majoritaire à la Constituante tunisienne), a encore affirmé M. Ben Youssef.

Pour certains Tunisiens ayant vécu pour longtemps en France sous le régime Sarkozy, les résultats du premier tour des présidentielles françaises demeurent une victoire du "projet socialiste" qui pourrait avoir des impacts sur l'allure des relations bilatéralesentre la Tunisie et la France.

L'importance d'avoir "une gauche socialiste" au pouvoir en France pourrait se traduire sur plusieurs niveaux essentiellement les Droits de l'Homme où cette gauche "est plus attentive aux Droits de l'Homme que la droite (en termes des partenariats et des relations internationales)", a déclaré M. Abdelwahab Hani, président du Parti tunisien centriste "Al Majd" (Gloire) dans une interview accordée à l'Agence de Presse Xinhua.

Exilé en France pour près de 20 ans, M. Hani voit que le premier impact de l'accession de François Hollande au pouvoir en France est celui de "tourner la page Sarkozy ou la page de la droite française qui a soutenu politiquement le président tunisien déchu Ben Ali et fermé les yeux sur les dépassements liés à la corruption".

Le deuxième impact jugé "très positif" par M. Hani, est celui d'avoir un nouveau regard notamment vis-à-vis au courant islamiste au pouvoir en Tunisie.

Actuellement, "les alliées du socialisme français se trouvent divisés dans les idées et orientations en Tunisie: M. Mustapha Ben Jaafar (président de la Constituante, membre de l'International socialiste et Secrétaire général du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés) d'une part et des leaders de certains partis de l'opposition dont M. Néjib Chebbi (Parti Républicain) et M. Ahmed Ibrahim (parti de L'Innovation)", a encore expliqué M. Hani au correspondant de Xinhua.

Les perspectives des relations tuniso-françaises à la lumière d'une éventuelle réussite du candidat socialiste impliquent " forcément", d'après le président du parti Al Majd, des questions comme les flux migratoires, les investissements, la dette tunisienne ainsi que la gestion et l'enquête sur les biens mal- acquis de l'ancien président Ben Ali.

Dans ce sens, le candidat François Hollande a promis (une fois élu président) lors de son déplacement pré-campagne électorale de "s'engager dans un nouvel élan avec la Tunisie, basé sur l'équité et un partenariat juste entre les deux nations" a rappelé M. Hani.

Lors de ces entretiens avec des leaders de partis politiques tunisiens, "M. Hollande a accepté le principe de deux notions à savoir un audit et un moratoire de la bonne dette tunisienne envers la France" (à l'exception de la dette impliquée dans la corruption), a poursuivi M. Hani.

Sur un autre plan, "le retour des socialistes au pouvoir à Paris pourraient relancer les valeurs universelles communes de la réunion de Barcelone relatives à instaurer un climat de prospérité partagée, de paix mondiale et de démocratie particulière entre les deux rives de la Méditerranée".

Sous l'époque Sarkozy, a encore précisé M. Hani, l'initiative française de l'Union pour la Méditerranée (UPM) était un vrai échec et une action "sans âme" pour le président français sortant qui "essayait d'emprunter sa marque sur ses relations internationales laissant de côté l'enjeu de promouvoir les relations Nord-Sud de la Méditerranée".

Après la révolution du 14 janvier, la diplomatie française a " tiré des leçons sous l'égide d'Alain Jupé", arrivant à l'actuelle étape où "l'équipe Hollande" devra prouver qu'elle "pourrait se débarrasser de l'héritage répressif de l'ère Sarkozy notamment en matière de l'immigration et opter pour une stratégie plus humaine en la matière".

Pour conclure, a souligné M. Hani, "les socialistes français auraient tendance à augmenter l'aide au développement en Tunisie, mais cette hypothèse sera contrée par un paysage français interne entaché par des perturbations purement d'ordre interne".

Parmi les voies permettant de promouvoir les relations entre la Tunisie post-révolution et la France post-Sarkozy figure la facilitation d'obtention de visas à courte durée pour la France dans le but de mettre un terme aux filières migratoire clandestines. En parallèle, "il faut durcir le contrôle pour bien gérer les flux et politiques migratoires", toujours selon le président du parti Al Majd.

Pour ce qui est de l'actuel gouvernement tunisien, il est " appelé à miser sur les Tunisiens établis en France, puisque ces derniers (ayant la nationalité française et voté en grande partie pour la gauche socialiste) pourraient représenter un trait d'union entre les deux pays au titre d'échanges économiques et d'investissements réciproques.

Source:http://french.peopledaily.com.cn
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