l’impasse au Mali

15052012
« Après cinq jours d’âpres négociations : la Cédéao et le CNRDRE se quittent sur un constat d’échec. Au fur et à mesure que l’on s’approche de la fin du mandat du président de la République par intérim, les divergences se font de plus en plus jour sur le choix de celui qui va diriger la transition. » C’est le triste constat dressé par L’Indépendant au Mali.

L’Indépendant rappelle les données du problème : d’un côté l’instance sous-régionale qui estime que le président par intérim Dioncounda Traoré doit rester au pouvoir douze mois, le temps pour lui d’organiser des élections, de l’autre, les militaires du CNRDRE, avec à leur tête le capitaine Sanogo, qui s’accrochent à ce délai de 40 jours pour la transition, prévu par la constitution.
Et le journal malien d’exprimer toute son inquiétude : « la Cédéao ne comptant pas revenir en arrière dans le choix de Dioncounda Traoré pour diriger la transition, et le CNRDRE ne voulant pas reculer même d’un iota de l’Accord-cadre, il est à craindre une confrontation dont les victimes seront principalement les civils innocents et les pauvres populations qui se demandent désormais à quel saint se vouer. Ce qui présage d’un chaos que le Mali aura du mal à exorciser. »

Attention à ne pas trop tirer sur la corde !

« La Cédéao est face à un grave problème, relève L’Observateur au Burkina Faso : le président du CNRDRE veut demeurer tout simplement le président de la transition après les 40 jours dévolus à Dioncounda Traoré et même, pourquoi pas, se faire légitimer après, par les urnes… Au camp de la troisème région militaire de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, où le capitaine Sanogo a son poste de commandement, constate le quotidien burkinabé, c’est le défilé permanent d’hommes politiques, de commerçants de la confrérie des griots, de simples citoyens… preuve que le pouvoir est bien à Kati et non à l’hôtel où le président intérimaire Dioncounda Traoré a posé ses pénates. »

Et L’Observateur d’affirmer que « Sanogo glisse petit à petit vers le clan des Robert Guei et Moussa Dadis Camara, et mène dangereusement le Mali vers un précipice. Attention, à ne pas trop tirer sur la corde! »

Inquiétude et colère également pour le site d’information Fasozine : « pendant que les chefs d’Etats de la Cédéao gaspillent les ressources publiques dans l’organisation de sommets infructueux, la junte du capitaine Sanogo tourne tout le monde en rond, manifestant désormais sa grande soif de pouvoir. A moins d’avoir un plan pour le futur, les militaires de Kati semblent même être prêts à rester les maîtres du seul sud Mali. Et pourtant, relève Fasozine, l’objectif du fameux putsch qui a précipité la partition du pays était de faire mieux que l’ex-président Amadou Toumani Touré. Aujourd’hui, on constate malheureusement que la junte militaire pousse des racines à Bamako pendant que Gao, Kidal, Mopti, et tout le Nord, ne savent plus à quel messie se vouer. La non-assistance à ces régions en danger est un signe cuisant de l’échec du capitaine Amadou Haya Sanogo visiblement plus préoccupé de se maintenir au pouvoir que d’apporter un quelconque “salut” au peuple malien. »

Défiance générale ?

En Algérie, déception et amertume pour la presse privée après les résultats des législatives… « Une victoire écrasante du FLN qui s’adjuge 48% des votes exprimés et un boycott-abstention, encore plus écrasant, de 58%. Tels sont les principaux chiffres à considérer pour une première évaluation du scrutin, constate le quotidien Liberté. (…) Pour le pouvoir et ses affidés, ils expriment une réussite à même de les dispenser de l’obligation de changement. Il est peut-être trop tôt de l’affirmer, mais ils semblent déjà oublier que cette élection devait être, selon eux, le déclenchement d’un processus révolutionnaire”. Car, pour l’heure, déplore encore Liberté, il nous est donné de voir et d’entendre leurs seules jubilations. En revanche, pas un mot sur ce que cette “réussite” devrait impliquer comme actions nécessaires et immédiates à engager. »

De son côté, El Watan est tout autant amer : « ce fut à l’algérienne, un match nul avec un arbitre dont on ne sait s’il joue ou juge, et un public dont on ne sait s’il est vraiment là. Un score plus ou moins vierge et un pari présidentiel à moitié gagné, ni les participationnistes ni les boycotteurs n’auront gagné ce scrutin. »

El Watan qui fustige également les déclarations de certains ministres qualifiant les abstentionnistes de « lâches » ou de « traitres ».

Enfin, cette remarque du Quotidien d’Oran : « le niveau élevé de l’abstention exprime bien une défiance générale à l’égard du système politique en place. Mais la crise de vocation militante (…) ne permet pas de lui donner un contenu politique. C’est ce qui fait que certains se réveillent groggy en constatant, ou en refusant de le faire, que l’abstention ne perturbe pas le régime, qu’elle conforte même le parti qui dispose d’un réservoir d’électeurs constant. »

Et le quotidien oranais de conclure : « il y a donc une majorité d’abstentionnistes à conquérir, pour ceux qui acceptent de militer et de se battre pour une démocratisation réelle du pays. »

Source:www.rfi.fr
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