Alors que la capitale allemande célèbre avec faste les vingt ans de la chute du Mur de Berlin, à Johannesburg, l’institut culturel allemand ou Institut Goethe va démolir une partie de l’enceinte qui entoure son centre culturel, situé dans un quartier résidentiel aisé du nord de la ville. Cette démolition sera le point culminant d’un festival intitulé Cracking walls ou « les murs craquent ». Les Allemands comme les Sud-Africains ont vécu séparé durant des décennies. Le Mur de Berlin et le régime apartheid sont tombés à quelques années d’écart. Mais dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, les citoyens cherchent à se barricader derrière des murs.
Les murs électrifiés qui entourent les villas de Johannesburg sont sans cesse plus haut, les Sud-Africains veulent à tout prix se protéger d’un danger réel ou perçu. Les taux de criminalité à Johannesburg sont parmi les plus élevés du monde, Johannesburg est aussi la capitale économique du pays le plus inégalitaire au monde.
A l’occasion du vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, l’Institut Goethe de Johannesburg a donc décidé de s’attaquer à tout ce qui sépare. Il a invité des pianistes sud-africains à revisiter l’œuvre du compositeur avant-gardiste allemand Stockhausen. Mais l’institut a dépassé l’exercice assez convenu de la rencontre artistique commémorative, et a décidé de démolir, au sens propre, le mur d’enceinte de son centre culturel. Un acte spectaculaire dans une ville dangereuse, où l’espace urbain est cloisonné, et où les blancs et les noirs vivent encore séparés.
L’institut a chargé des étudiants en architecture d’imaginer un nouveau bâtiment sans mur. Pour compenser l’absence d’enceintes protectrices, ils ont fait appel au verre et à la lumière, mais face aux contraintes sécuritaires de Johannesburg, cela ne suffit pas. Faut-il y voir un symbole ? Le projet commun ne prévoit qu’une destruction partielle du mur.
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