09062012
Non, la sauterelle, ce n’est pas Arielle, la sauterelle extra-terrestre, mais plutôt le criquet pèlerin.
L’agression contre la Libye sera peut-être l’occasion pour un certain philosophe, Bernard-Botul-Henri Lévy pour ne pas le nommer, de méditer sur la notion de causalité.En effet, l’intervention occidentale, outre ses conséquences directes sur la Libye en termes de pertes humaines et matérielles a eu un impact désastreux sur la situation économique et donc politique de la région saharo-sahélienne. Le Mali en est l’exemple le plus visible avec la proclamation d’un Etat indépendant de l’Azawad. Certes, les fragilités et les lignes de fracture préexistaient aux évènements de Libye, mais elles n’auraient sans doute pas eu les mêmes conséquences hors l’intervention de l’OTAN et des pétromonarchies en Libye.
Maintenant, ce sont les criquets qui viennent nous rappeler que Mouammar Kadhafi ne se résumait pas à la caricature qu’en ont donné les media mais que c’était aussi un véritable homme d’Etat capable de jouer la carte de la solidarité avec ses voisins plus démunis.
Sa disparition en apporte la preuve.Les conséquences de la mort de Mouammar Kadhafi continuent à se faire sentir en Afrique – cette fois sous la forme d’essaims de criquets pèlerins.
L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a averti mardi que les terres arables du Mali et du Niger étaient sous la menace imminente de la migration vers le sud d’essaims de criquets en provenance d’Algérie et de Libye. La révolution en Libye a joué un rôle important dans la possibilité de reproduction de ce nuisible, a-t-elle annoncé.
«Pour être honnête, la chute de Kadhafi a joué un rôle énorme, » déclare Keith Cressman, un dirigeant de la prévision acridienne à la FAO. « Elle a fortement réduit la capacité des Libyens à surveiller et à réagir comme ils l’auraient fait en temps normal. »
L’insécurité le long de la frontière algéro-libyenne – une conséquence du soulèvement – fait que les équipes sont encore incapables de traiter correctement par insecticide les zones affectées.
Les criquets pèlerins sont capables de ravager de vastes étendues de terres cultivées. En phase d’invasion, un essaim peut s’étirer sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et comporter des milliards d’insectes, chacun d’entre eux pouvant absorber son propre poids de nourriture par jour.
En 2003 – 2005, une invasion de criquets avait touché les terres agricoles d’une vingtaine de pays, principalement en Afrique, et il en avait coûté 500 millions de dollars pour réussir à la contrôler. L’infestation actuelle est loin d’être aussi importante, mais la FAO craint que l’insécurité au Mali entrave la lutte anti-acridienne dans ce pays.
Les essaims de criquets pèlerins se sont formés en Algérie et en Libye à la mi-mai, après des pluies abondantes et la croissance de la végétation qui en a résulté et dont ils se nourrissent. Les premiers essaims ont déjà été aperçus dans le nord du Niger où sévit en ce moment une crise alimentaire.
Les petits paysans sont particulièrement vulnérables car l’intégralité de leurs récolte peut être ravagée. La FAO a indiqué que le nombre de criquets et leur propagation dépendront des actions de contrôle en Libye et en Algérie ainsi que des chutes de pluie dans la région sahélienne de l’Afrique de l’Ouest.
Pendant le règne de Kadhafi, la Libye avait un programme de contrôle acridien efficace et bien doté, explique M. Cressman. Si les structures administratives existent toujours, les véhicules, les pulvérisateurs et d’autres équipements ne sont plus disponibles.« Avant la révolution, la Libye envoyait même d’importants convois avec des équipes de contrôle et de surveillance dans d’autres pays du nord et de l’ouest de l’Afrique, » dit-il. « Mais maintenant, ce sont eux qui ont besoin d’aide.»L’insécurité persistante dans le sud de la Libye a fait que les spécialistes de la FAO présents dans le pays n’ont pas pu se rendre là-bas. Les équipes locales ont pu pulvériser des pesticides sur 40 000 hectares de zones infestées en Algérie et 21 000 hectares en Libye. Les pulvérisations sur les essaims avant leur migration les empêche l’accouplement et la ponte. Il faut l’éclosion de plusieurs générations de criquets pour qu’une invasion se développe, explique M. Cresman.
Source:IRIB