10062012
Les efforts de l'Algérie et de la communauté internationale pour venir à bout du terrorisme au Sahel sont contrariés par le Qatar.
Alors que l'Algérie et ses partenaires fournissent des efforts titanesques pour venir à bout des terroristes au Sahel, l'émir du Qatar est en train de renflouer ses caisses faisant fi de la solidarité internationale demandée par toutes les nations. Comment en est-on arrivé à cette situation ubuesque?
Mais d'abord, voici les faits. Le scandale est révélé par l'hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné. On y apprend que l'émir du Qatar, le cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, a livré une aide financière aux mouvements armés qui ont pris le contrôle du Nord du Mali.
Et parmi ces groupes qui ont reçu les dollars qataris, figure le fameux Mujao qui retient en otage sept diplomates algériens depuis le 5 avril dernier. Selon la publication, c'est la direction du renseignement militaire (DRM) qui relève du chef d'état-major des armées françaises, qui a recueilli des renseignements selon lesquels les insurgés du Mnla, les mouvements Ançar Dine, Al Qaîda au Maghreb islamique et le mouvement du djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) ont reçu une aide en dollars du Qatar.
Personne ne connaît le montant versé par les Qataris, mais la chose reste suffisamment dangereuse et menace la stabilité de l'Algérie, car cette partie du Nord du Mali partage 1300 km de frontière avec le pays. Quelles sont les visées du Qatar? En plus du désir de se venger des pays qui l'ont éconduit, qui refusent d'être engloutis par la vague des «révolutions» arabes, il y a la volonté de faire main basse sur les richesses des sous-sols du Sahel. On évoque même des négociations discrètes qui ont déjà débuté avec Total, le géant pétrolier français, pour une exploitation prochaine du pétrole découvert dans le nord désertique du Mali. C'est la copie conforme du scénario qui s'est déroulé en Libye (le Qatar ayant même envoyé une unité militaire qui a participé aux côtés des forces de l'Otan qui ont détruit ce pays) autre pays frontalier de l'Algérie. Le Qatar est un pays moins vaste que la daïra de Draâ El Mizan (wilaya de Tizi Ouzou), dont la population est moins importante que celle de la wilaya d'Oum El Bouaghi, mais a des ambitions démesurées. Compte-t-il sur ses dollars pour concurrencer d'autres leaders du Monde arabe et se poser comme acteur principal au Moyen-Orient?
Dans ce cas, quelle serait la réaction de ses alliés occidentaux? Le laisseront-ils financer les terroristes pendant longtemps encore et continuer à menacer la paix et la sécurité au niveau mondial?
Nos partenaires, comme la France et les Etats-Unis, pour ne citer que ceux-là, resteront-ils les yeux fermés devant ces atteintes à la sécurité au risque de voir leurs intérêts menacés? Ce n'est pas sûr. Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler cette déclaration d'Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, lors du Forum global de lutte contre le terrorisme à Istanbul, qui soutient la criminalisation du paiement de rançon aux preneurs d'otages.
C'est exactement le point de vue que défend, depuis des années, l'Algérie au sein de l'ONU et qui a suscité l'adhésion de nombre de pays.La réaction de la France aux agissements du Qatar sont moins encourageants.
Selon le Canard enchaîné, le (nouveau) ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n'ignore aucune des mauvaises nouvelles arrivées d'Afrique subsaharienne.
En outre, dès le début de cette année, plusieurs notes de services secrets français ont alerté l'Elysée sur les activités de l'émirat du Qatar. Mais le président Sarkozy n'y a pas donné suite pour ne pas incommoder le cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani. L'Algérie, par la voix de son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, rappelle que les efforts collectifs, structurés autour d'une stratégie régionale commune ont commencé à donner des résultats très encourageants, «contrariés malheureusement par les événements qui ont eu lieu au Mali».
Aidés par le Qatar, devrait-il ajouter. Les rappels de M.Messahel ont été faits à Istanbul lors des travaux du Forum global de lutte contre le terrorisme, coprésidés par Hillary Clinton, et par Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères. De nombreux pays ont exprimé, par ailleurs, leur disponibilité à coopérer avec les pays du Sahel pour un partenariat avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme. Cette volonté était perçue lors de la Conférence d'Alger de septembre 2011 sur le partenariat, la sécurité et le développement au Sahel.
Source:
http://www.lexpressiondz.com/