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Gueno disait vrai sur l'Egypte!, par Pierre Dortiguier

17062012
Dans une confession publiée par l'IRIB, le célèbre auteur Tariq Ramadan découvre, ...

...sinon le néant, du moins, le nihilisme de la prétendue révolution égyptienne, principalement, cairote, et reconnaît la vérité du mot de M. Gueno, conseiller de l'ancien Président de la République, en novembre 2011, qu il n' y a pas eu de révolution égyptienne, mais rien qu'un simple coup d'Etat militaire. Le mot trompeur, qui est pourtant le souffle de tout mouvement révolutionnaire, que l'on lit partout, est celui d'Ancien Régime. Il est ici entièrement abusif, et, déjà, en France, il l était en partie, car il n'y eut pas de modification réelle, comme le fait accroire le catéchisme marxiste, des classes sociales, et la bourgeoisie avait, déjà, obtenu, en 1789, tous les droits politiques essentiels. sous le règne précédent. Il s'agissait, tout au plus, de piller le clergé; de s'emparer de ses biens et de porter au pouvoir, sous un rideau de phrases, le cousin du roi. Quant au peuple, il s agissait, selon le propos cynique de l'évêque révolutionnaire Talleyrand, qui vécut une partie de l'époque révolutionnaire,aux Etats Unis, de l'agiter, avant de s'en servir.

En Egypte, la force étatique, avant comme après Nasser, a été l'armée, sans laquelle aucune indépendance n'eut été possible. Les esprits superficiels crient à la dictature et présentent le candidat Shafiq, comme un homme du passé, alors que le temps du pouvoir militaire se confond, historiquement, avec celui de l'indépendance. Or, la méfiance des couches éclairées, des milieux d'affaires, bref, de tout ce qui organise craint cette perte d'indépendance, au profit d'une sorte de protectorat exercé par les clients ou succursales anglo-américaines du golfe Persique et de l'Arabie saoudite, dont les Frères musulmans et le Salafisme, les poches pleines d argent, sont les avocats.

Le peuple, dans cette affaire, est spectateur d'un théâtre révolutionnaire, mais n'est point insensible à deux faits qui font pencher la balance vers le parti conservateur.
Le premier est, d'abord, la crise économique, et, aussi, cette inondation financière, dont nous faisions état, venue du golfe Persique, dans quoi il pressent l'abaissement de son avenir politique, et en premier, la ruine des classes moyennes tenues à l'écart ; ensuite, le manque de procès équitable fait à un homme, dont il faut bien savoir qu' au delà de tous les griefs les plus graves, il a été, ainsi que le rappelait le Président soudanais Omar Béchir, le premier et seul organisateur d'une offensive aérienne victorieuse arabe contre l'infanterie sioniste, dans le Sinaï, en 1973 !

Les manifestations outrancières exigeant l'exécution d'un homme agonisant ont, aussi, heurté le patriotisme et avivé la crainte de l'anarchie, au point que la soi- disant fraternité musulmane que Nasser interdit, en 1954, comme antinationale et jouet de la doctrine impérialiste, se voile de conservatisme; en laissant aux Salafistes le costume de révolutionnaire !

Cependant, la formule de M. Gueno doit être précisée, car la question reste entière et se pose au peuple égyptien, de savoir le degré de liberté d'action de ce Conseil Supérieur des Forces armées, depuis les troubles de fin janvier. A-t-il déposé le Président et général d'aviation Moubarak, par volonté de fonder un ordre et une politique nouvelle; mais quel aurait été, dans cette affaire, l'intérêt du leadership U.S, qui invita, en effet l'armée, dès la fin janvier, à préparer, dans des conférences, tenues, à la Maison Blanche, la suite des événements? Serait-ce pour devenir plus solidaire du peuple palestinien et délié de tout engagement avec le Sionisme étatique, ce que chacun veut croire ou par ordre de la maison Blanche, qui aurait menacé l'Egypte de subversion islamiste?

En fait, le premier aspect du mouvement de la place Tahir fut celui d'une révolution de couleur soutenue par des gens aisés, qui n'avaient point de programme et n'exigeaient que le départ de Moubarak, ce qui rejoignait la stratégie anglo-américaine et otanienne d'isoler ou de neutraliser l'Egypte, dans sa conquête projetée de la Syrie. Tout comme l'affaiblissement tunisien a accompagné la liquidation d'un Etat voisin puissant.
Que maintenant l'expérience politique égyptienne offre une certaine résistance, cela se remarque par le désarroi d'un Occident naguère dénonciateur d'un péril islamiste.

Les Egyptiens ont-ils compris qu'il est temps que les mots cèdent la place aux choses et qu'il est dangereux de participer à une campagne ou a une stratégie dont la conduite est entièrement étatsunienne et ruinerait un long effort séculaire d'indépendance imparfait, mais réel, c'est ce que laisse penser ce double geste militaire de dissoudre le gouvernement composé de faux députés indépendants et de placer le peuple entier devant ses responsabilités.

Car l'Iran lui même l'a montré, et l'Histoire l'avère : ce ne sont pas des comités qui fondent un Etat, mais une union nationale, et aucun connaisseur de l'Egypte ne peut contredire le rôle nécessaire d'une armée, dans la survie politique de ce pays puissant par sa population, mais encore, dépendant, avant et après Nasser, notamment, en blé, pour sa subsistance !

Source:IRIB
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