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Mali : Bamako, peur sur la ville

31072012
Djihadisme dans le Nord et imbroglio politique dans le Sud, les habitants de la capitale malienne, Bamako, vivent dans le doute. Et la crainte. Aux incertitudes institutionnelles s'ajoutent une vive tension et un climat de violence.

Bamako n'est plus Bamako. Depuis le coup d'État qui a renversé, le 21 mars, le président Amadou Toumani Touré (ATT), la coquette capitale malienne s'est enveloppée d'un voile de tristesse. La nuit, cette tristesse se meut en inquiétude. Dès le coucher de soleil, les rues se vident, les retardataires pressent le pas, et les pétaradants « Sotrama », les bus de transport collectif, ont du mal à faire le plein de passagers. Les petites boutiques et les revendeurs à la sauvette font de la résistance. Mais les grands magasins et supermarchés ne cèdent pas à la tentation de séduire le rare chaland nocturne. Le crépuscule venu, les rideaux sont baissés. Seules les enseignes lumineuses et les éclairages publics, entre deux délestages, font illusion.
Rumeurs infondées

"Opération Guindo"

On le disait en cavale en Guinée ou au Burkina. Le colonel Abidine Guindo, ancien aide de camp du président ATT et commandant du 33e régiment commandos parachutistes, était devenu l'ennemi public numéro un depuis le 30 avril, le jour où ce Béret rouge a lancé l'offensive contre la « junte de Kati ».

Le 12 juillet à 1 heure du matin, une équipe de la sécurité d'État (DGSE) l'a appréhendé dans un appartement du quartier huppé de Bamako, ACI 2000. Sa planque ? Un immeuble de trois étages dont le deuxième est occupé par le consulat du Togo, situé à moins de cinquante mètres de l'ambassade de Côte d'Ivoire. Le fugitif avait été localisé un mois auparavant grâce à des écoutes téléphoniques et à la filature de son épouse et d'un certain Ben, qui lui apportait sa nourriture. Déféré devant la justice, il a été placé au camp no 1 de la gendarmerie, à Bamako. Si sa famille lui fait parvenir repas et linge propre, elle n'a pas pu lui rendre visite. Tout comme son avocat, Me Magatte Seye, qui n'a pas eu accès au dossier d'instruction. CH.O.

Le jour, le chaos de la circulation routière reprend le dessus. Le front social est étrangement calme sur fond de morosité économique et de forte érosion du pouvoir d'achat. Mais la confusion institutionnelle, aggravée par la fracture entre les pro- et les antiputsch, alimente une agitation politique permanente. Les manifestations sont fréquentes. La ville bruisse de rumeurs. Dans les « grin », les think-tanks à la malienne, la course aux « scoops » est devenue un sport national. Les uns jurent, la main sur le coeur, avoir croisé la veille un impressionnant convoi militaire sur la route de Ségou : « C'est la preuve que l'armée malienne a entamé sa marche victorieuse en vue de libérer le Nord. » D'autres assurent qu'ATT a quitté son exil dakarois pour rallier Bamako par voie terrestre afin de « récupérer Koulouba et délivrer le pays du diktat des officiers subalternes ». Certains répètent à l'envi que le putschiste Amadou Haya Sanogo a passé sa nuit à sillonner la capitale dans une voiture banalisée.

Autant de propos qui se révèlent très vite infondés. Pas le moindre mouvement de troupes. ATT coule encore des jours tranquilles sur les bords de l'Atlantique. Quant au capitaine Sanogo, il ne quitte son fief, le camp militaire de Kati, qu'à bord d'un imposant cortège d'une vingtaine de véhicules, dont de nombreuses automitrailleuses et deux véhicules blindés. Dépité, l'attaché de défense d'une chancellerie ouest-africaine assure : « Avec les seuls moyens mobilisés pour les déplacements de Sanogo, je pourrais lancer une offensive victorieuse et chasser les occupants à Gao. » Propos exagérés ? À peine. Après la prise de Gao, fin juin, c'est à bord de quatorze véhicules seulement que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a pu chasser les indépendantistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) d'Ansongo, la seconde agglomération de la région.

Rumeurs infondées

"Opération Guindo"

On le disait en cavale en Guinée ou au Burkina. Le colonel Abidine Guindo, ancien aide de camp du président ATT et commandant du 33e régiment commandos parachutistes, était devenu l'ennemi public numéro un depuis le 30 avril, le jour où ce Béret rouge a lancé l'offensive contre la « junte de Kati ».

Le 12 juillet à 1 heure du matin, une équipe de la sécurité d'État (DGSE) l'a appréhendé dans un appartement du quartier huppé de Bamako, ACI 2000. Sa planque ? Un immeuble de trois étages dont le deuxième est occupé par le consulat du Togo, situé à moins de cinquante mètres de l'ambassade de Côte d'Ivoire. Le fugitif avait été localisé un mois auparavant grâce à des écoutes téléphoniques et à la filature de son épouse et d'un certain Ben, qui lui apportait sa nourriture. Déféré devant la justice, il a été placé au camp no 1 de la gendarmerie, à Bamako. Si sa famille lui fait parvenir repas et linge propre, elle n'a pas pu lui rendre visite. Tout comme son avocat, Me Magatte Seye, qui n'a pas eu accès au dossier d'instruction. CH.O.

Le jour, le chaos de la circulation routière reprend le dessus. Le front social est étrangement calme sur fond de morosité économique et de forte érosion du pouvoir d'achat. Mais la confusion institutionnelle, aggravée par la fracture entre les pro- et les antiputsch, alimente une agitation politique permanente. Les manifestations sont fréquentes. La ville bruisse de rumeurs. Dans les « grin », les think-tanks à la malienne, la course aux « scoops » est devenue un sport national. Les uns jurent, la main sur le coeur, avoir croisé la veille un impressionnant convoi militaire sur la route de Ségou : « C'est la preuve que l'armée malienne a entamé sa marche victorieuse en vue de libérer le Nord. » D'autres assurent qu'ATT a quitté son exil dakarois pour rallier Bamako par voie terrestre afin de « récupérer Koulouba et délivrer le pays du diktat des officiers subalternes ». Certains répètent à l'envi que le putschiste Amadou Haya Sanogo a passé sa nuit à sillonner la capitale dans une voiture banalisée.

Autant de propos qui se révèlent très vite infondés. Pas le moindre mouvement de troupes. ATT coule encore des jours tranquilles sur les bords de l'Atlantique. Quant au capitaine Sanogo, il ne quitte son fief, le camp militaire de Kati, qu'à bord d'un imposant cortège d'une vingtaine de véhicules, dont de nombreuses automitrailleuses et deux véhicules blindés. Dépité, l'attaché de défense d'une chancellerie ouest-africaine assure : « Avec les seuls moyens mobilisés pour les déplacements de Sanogo, je pourrais lancer une offensive victorieuse et chasser les occupants à Gao. » Propos exagérés ? À peine. Après la prise de Gao, fin juin, c'est à bord de quatorze véhicules seulement que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a pu chasser les indépendantistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) d'Ansongo, la seconde agglomération de la région.

Source: Jeuneafrique.com
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