26082012
Le 16ème sommet du Mouvement des pays Non-alignés s’est ouvret aujourd'hui
(dimanche) à Téhéran. Cette rencontre de nombreux experts des pays membres du
MNA se fera au Centre international de conférences d'Iran les 26 et 27 août à
Téhéran. Les experts étrangers établiront l'ordre du jour de ce 16ème sommet.
Pour rappel, le mouvement des non-alignés (ou plus rare mouvement des pays
non-alignés) est une organisation internationale regroupant 118 États en 2008
(17 États et 9 organisations internationales y ont en plus le statut
d'observateur), qui se définissent comme n'étant alignés ni avec ni contre
aucune grande puissance mondiale.
En 1955, les principaux chefs d'Etats des pays d'Asie et d'Afrique ayant
reconquis leur indépendance politique se réunissaient pour la première fois à
Bandung. L'expérience des nouveaux pouvoirs qu'ils représentaient était encore
fort brève ; et la bataille pour l'achèvement de la tâche historique de
l'indépendance n'était pas achevée : la première guerre du Viet Nam venait à
peine de se terminer que déjà la seconde se dessinait à l'horizon, la guerre de
Corée se terminait sur le statu quo, la guerre d'Algérie battait son plein, la
décolonisation de l'Afrique au sud du Sahara n'était pas même encore envisagée,
le drame palestinien en était encore à sa première époque.
Les leaders asiatiques et africains réunis à Bandung étaient loin d'être
identiques les uns aux autres. Les courants politiques et idéologiques qu'ils
représentaient, leurs visions de l'avenir de la société à construire ou à
reconstruire et de ses rapports à l'Occident, autant de thèmes de la différence.
Néanmoins, un projet commun les rapprochait et donnait un sens à leur réunion. A
leur programme minimum commun figurait l'achèvement de la décolonisation
politique de l'Asie et de l'Afrique. De surcroît ils entendaient tous que
l'indépendance politique reconquise n'était que le moyen, la fin était la
conquête de la libération économique, sociale et culturelle. Ici deux visions
départageaient les hôtes de Bandung : il y avait l'opinion majoritaire de ceux
qui pensaient le "développement" possible dans "l'interdépendance" au sein de
l'économie mondiale, et celle des leaders communistes qui pensaient que sortir
du camp capitaliste conduirait à reconstruire - avec, sinon derrière, l'URSS -
un camp socialiste mondial.
Les leaders du tiers monde capitaliste qui n'envisageaient pas de "sortir du
système", de "déconnecter" ne partageaient pas non plus entre eux la même vision
stratégique et tactique du "développement". Mais, à des degrés variables, ils
pensaient que l'édification d'une économie et d'une société développée
indépendante (fut-ce dans l'interdépendance globale) impliquait un certain degré
de "conflit" avec l'Occident dominant (l'aile radicale estimait devoir mettre un
terme au contrôle de l'économie nationale par le capital des monopoles
étrangers).
De surcroît, soucieux de préserver l'indépendance reconquise, ils refusaient
d'entrer dans le jeu militaire planétaire et de servir de base à l'encerclement
des pays socialistes que l'hégémonisme américain tentait d'imposer. Cependant,
ils pensaient aussi que refuser l'insertion dans le camp militaire atlantiste
n'impliquait pas qu'il soit nécessaire de se placer sous la protection de
l'adversaire de celui-ci, l'URSS. D'où le "neutralisme", le "non alignement",
nom du groupe de pays et de l'organisation qui allait sortir de l'esprit de
Bandung..
Le rapprochement des Etats afro-asiatiques avait déjà été amorcé par la
constitution, au sein des Nations Unies, du groupe arabo-asiatique. Bandung
devait renforcer ce rapprochement et donner un coup de fouet à cette lutte.
Trois ans plus tard, dans Accra libérée, Kwame Nkrumah proclamait que "l'Afrique
devait s'unir". Mais elle ne le fera, l'indépendance acquise et après l'échec du
panafricanisme nkrumaiste, puis la démonstration d'impuissance des deux camps
constitués à propos du Congo (groupe de Casablanca et groupe de Monrovia, de
1960 à 1963), que sous la forme minimale de la constitution de l'OUA en 1963.
De sommet en sommet au cours des décennies 1960 et 1970, le "non-alignement"
désormais institutionalisé en "Mouvement des Non alignés" rassemblant la presque
totalité des pays d'Asie et d'Afrique devait glisser progressivement des
positions d'un front de solidarité politique axé sur le soutien aux luttes de
libération et le refus des pactes militaires, à celles d'un "syndicat de
revendications économiques vis à vis du Nord". Les Non alignés devaient dans ce
cadre s'allier aux pays d'Amérique latine qui - à l'exception de Cuba -
n'avaient jamais pu envisager de s'opposer à l'hégémonisme des Etats Unis. Le
groupe des 77 (l'ensemble du Tiers Monde) traduisait cette large alliance
nouvelle du Sud. La bataille pour un "nouvel ordre économique international",
engagée en 1975, après la guerre d'Octobre 1973 et la révision des prix du
pétrole, couronne cette évolution, pour en sonner le glas.
Ni au plan politique, ni à celui de la bataille économique, l'Occident n'allait
accepter de gaité de cœur l'esprit de Bandung et le non alignement. La véritable
haine que les puissances occidentales réserveront aux dirigeants radicaux du
tiers monde des années soixante (Nasser, Soekarno, Nkrumah, Modibo Keita),
presque tous renversés à la même époque, dans les années 1965-1968, période dans
laquelle se situe l'agression israélienne de Juin 1967 contre l'Egypte, la Syrie
et la Jordanie démontre que la vision politique du non alignement n'était pas
acceptée par les puissances de l'alliance atlantique. C'est donc un camp non
aligné affaibli politiquement qui allait affronter la crise économique globale à
partir de 1970-1971.
Ce qu'on peut appeler aujourd'hui "l'idéologie du développement", maintenant
entrée dans une crise qui lui sera peut être fatale, a connu sa "grande époque"
précisément entre 1955 et 1975. L'économie politique du non alignement bien que
souvent implicite et floue peut être défini par les éléments suivants :
- la volonté de développer les forces productives, de diversifier les
productions (notamment d'industrialiser),
- la volonté d'assurer à l'Etat national la direction et le contrôle du
processus,
- la croyance que les modèles "techniques" constituent des données "neutres"
qu'on ne peut que reproduire, fut-ce en les maîtrisant,
- la croyance que le processus n'implique pas en premier lieu l'initiative
populaire mais seulement le soutien populaire aux actions de l'Etat,
- la croyance que le processus n'est pas fondamentalement contradictoire avec la
participation aux échanges au sein du système capitaliste mondial, même s'il
entraîne des conflits momentanés avec celui-ci.
Les circonstances de l'expansion capitaliste des années 1955-1970 ont, jusqu'à
un certain point, facilité les succès de ce projet. La page de cette histoire du
non aligneemnt paraît tournée depuis que le système global est entrée - à partir
de 1980 - dans une phase de redéploiement sur les bases d'une mondialisation
nouvelle néo-libérale. Mais l'est-elle véritablement ? Les résistances à la
vision globalisée se renforcent, comme en témoigne l'échec de l'OMC
(Organisation Mondiale du Commerce) à Seattle (1999). Le nouveau secrétariat des
pays du Sud dit des 15, s'oriente dans le sens de la renaissance d'un large
mouvement (que le dernier sommet des Non alignés tenu à Durban en 1998 annonce)
qui semble pouvoir devenir un "non alignement sur la globalisation et
l'hégémonisme des Etats Unis".
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