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USA : une déstabilisation de la Libye pour le gaz du Sahel ? par Elisabeth Studer

 

 

Alors que l’ambassadeur américain en Libye  vient de décéder suite à l’attaque  du consulat des Etats-Unis à Benghazi par des hommes armés de roquettes, je ne résiste pas à rappeler   des propos que j’avais tenus ici-même en mars 2011  dans un article intitulé « Vers une déstabilisation du Sahel  après la Libye ? »  et en avril 2011 dans un article intitulé « Libye :  vers une aide financière des USA  aux rebelles« .

Histoire  d’enfoncer le clou, je précise  que  la carte  qui illustre l’article concerné est celle  que j’ai choisie  pour orner à sa façon ma carte de visite du blogfinance. De quoi s’agit-il : une carte à double facette précisant tout à la fois l’implantation de AQMI au Maghreb …  ainsi  que celle d’un  fabuleux champ  d’hydrocarbures récemment découvert   dans la région du Sahel : le bassin de Taoudeni, les deux cartes se supperposant sans aucune difficulté …

« Les Etats-Unis auraient-ils quelques intérêts à déstabiliser la Libye et le régime de Kadhafi ? » m’étais-je ainsi interrogée en avril 2011.

Précisant  qu’en tout état de cause, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’était  prononcée à cette  date en faveur d’une aide de 25 millions de dollars pour les rebelles libyens. Aide qui n’inclurait pas la fourniture d’armes … si l’on en croyait ses propos.

Selon elle, l’octroi de cette aide ne serait pas un « chèque en blanc ». « Il s’agit au contraire de bien et de services provenant de notre pays qui correspondent aux besoins du CNT« , avait en effet déclaré le porte-parole d’Hillary Clinton.

Le président Barack Obama devant  alors également autoriser l’envoi  prochain de radios, de gilets pare-balles, et de nourriture instantanée.

Des subsides destinées donc à permettre aux rebelles de lutter contre les mercenaires de de Kadhafi. Ces derniers étant en grande partie des milliers de jeunes Touareg, recrutés pour apporter leur soutien au  dirigeant libyen, si l’on en croit la presse.

Une situation qui inquiétait d’ores et déjà grandement le Mali, lequel redoutait dès cette période des répercussions dans la région, et plus particulièrement au Sahel, lequel pourrait devenir prochainement – hasard de calendrier ? – un nouvel eldorado pétrolier.

Parmi ces jeunes figurent en effet des anciens rebelles réfugiés dans le Sud-libyen à Sebah et Oubari depuis plusieurs années. D’après RFI, les troupes du général Ali Kana, un touareg responsable des garnisons du Sud, auraient  constitué  la garde rapprochée de Kadhafi, ses troupes constituant même la base arrière militaire stratégique de Kadhafi.

Précisons que ces populations nomades originaires du Mali, du Niger, et de l’Algérie ont, depuis les années 80, trouvé refuge auprès du dirigeant libyen lui promettant de sécuriser le Sud-Soudan, en échange de sa protection.

«Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact dans notre région », avait ainsi déclaré Abdou Salam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal. « Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel » a-t-il ajouté.

Situation d’autant plus inquiétante que Mouammar Kadhafi pourrait être également tenté – la manne pétrolière aidant – de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger, avais-je alors indiqué.

A Bamako et à Niamey, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà à l’époque que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région …

Et ce, alors même – mais est-ce un simple hasard ? – que le Sahel pourrait prochainement devenir un nouvel eldorado pétrolier.

En effet, en février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

Les récentes découvertes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni, large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquant désormais un vif intérêt pour cette région.

Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total avait ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie  et le conduisant même à parler « d’un nouvel Eldorado».

A travers sa filiale internationale Sipex, Sonatrach a par ailleurs obtenu récemment l’approbation du ministère des Mines nigérien pour procéder à des forages expérimentaux. Pour rappel, la Sipex est présente au Niger depuis 2005, plus précisément au périmètre de Kafra, situé à la frontière algéro-nigérienne. Fin 2009, Sipex a obtenu une prolongation d’un an de la première période d’exploration, arguant d’une situation politique difficile dans le pays.

Au Mali, la filiale de Sonatrach présente depuis 2007, a acquis une prolongation de deux ans, émanant du ministère malien des Mines, pour la première phase d’exploration qui prendra fin en 2013.

Sources : AFP, RFI, Presse algérienne

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