Les procureurs du Tribunal spécial pour la Sierra Leone de La Haye soumettent à partir de ce mardi l'ancien président libérien à un interrogatoire serré. Son avocat principal a pris un peu plus de temps que prévu, hier lundi, pour conclure l’interrogatoire direct de Charles Taylor, accusé de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Voilà 3 mois que l’ex-président du Liberia s’exprime, guidé par ses avocats. En 13 semaines d’audiences, il n’a cessé de nier ce dont l’accuse le procureur : d’avoir dirigé en sous main les rebelles sierra-léonais du RUF.
Le ton est posé, la parole abondante. Dans son costume bleu marine, Charles Taylor raconte l’histoire avec calme et la fait revivre en la conjuguant au présent.
Son avocat, maître Griffiths, revient sur les derniers moments de son régime. Au printemps 2003, Monrovia est assiégée. Un sommet de chefs d’Etat africains est convoqué à Accra. Charles Taylor raconte : « Je leur ai dit, écoutez messieurs j’en ai marre de tout ça. Si ça peut mettre fin aux problèmes du Liberia, je suis prêt à quitter le pouvoir. J’allais l’annoncer au monde entier, mais quand on est sorti de cette réunion, on a appris mon inculpation par la Cour spéciale pour la Sierra Leone. Je peux vous dire que les chefs d’Etats n’étaient pas contents. John Kufuor se sentait trahi que cela se produise alors que l’on parlait de paix ».
L’ex-président du Liberia assure alors que ses pairs ont décidé de demander au Conseil de sécurité la levée du mandat d’arrêt contre lui : « Obasanjo finalement vient me voir au Liberia,pour me dire qu’il a parlé aux cinq membres du Conseil de sécurité, que le mandat d’arrêt ne sera pas mis en œuvre et qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter ».
Maître Griffiths lit enfin deux citations du premier procureur de la Cour. Dans la première, David Crane explique avoir informé les Américains du lancement du mandat d’arrêt contre Taylor deux mois avant l’annonce officielle et la réunion d’Accra.
Dans la seconde, il a ces mots : « Le truc pour attirer l’attention des leaders ouest-africains, c’est le cash ». « Que dites-vous de ça monsieur Taylor ? », demande l’avocat. Un mot : « C’est du racisme ».
RFI.FR