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Intervention militaire au Nord-Mali : Entre forcing français et « front du refus » algérien

Les va-t-en-guerre s'activent et les bruits de bottes se font entendre bruyamment du côté de Bamako. Depuis que le président malien Dioncounda Traoré a donné son feu vert à l'intervention militaire de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour libérer le nord du pays, on assiste à un véritable forcing diplomatique pour engager la communauté internationale dans un conflit armé.

A la tête de l'option militaire, Paris qui veut sous-traiter une guerre pour récupérer ses otages. Si en surface, les choix sont lisibles, la situation est, en elle-même, rendue complexe à cause des intérêts en balance et des priorités en jeu. Le nombre et surtout le différend qui existe entre les intervenants dans le dossier nord-malien interdit tout consensus, du moins en apparence, tant les objectifs des uns et des autres divergent. Même la lecture de la position officielle onusienne est sujette à polémique puisque si certains s'accordent à dire que l'Onu reste très « réservée » quant à une caution en faveur d'une action militaire, Bamako y voit un « engagement de la communauté internationale à notre côté, une solidarité avec le Mali ». Et ces « réticences », selon les Maliens, ne sont autres que le fruit du « front de refus » créé par l'Algérie qui a convaincu la Mauritanie et le Niger de la rejoindre dans son opposition au déploiement de forces étrangères à ses frontières sud. Alger, par la voix de son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, présent à New York à l'occasion de la réunion sur le Sahel et le Mali, organisée par l'ONU en marge de son Assemblée générale, a réitéré sa vision pour le règlement du problème nord-malien. L'Algérie persiste à ce que la solution soit malienne et entend pour cela rallier la communauté internationale à son point de vue. L'agenda de sortie de crise préconisée par les Algériens passe par les Maliens, eux-mêmes, qui doivent s'engager dans une recherche de solutions à leurs problèmes tout en leur apportant aide et soutien en renforçant notamment leurs capacités nationales. Le deuxième aspect du processus repose sur les priorités à respecter par la communauté internationale qui devra tenir compte non seulement de la volonté des Maliens et des prérogatives de la Cédéao, mais aussi des intérêts de sécurité nationale des pays frontaliers, l'Algérie, le Niger et la Mauritanie, sans occulter le rôle dévolu à l'Union africaine en matière de maintien de la paix et de la sécurité et de l'appui attendu de l'Onu. Alger qui estime que sa vision fait presque l'unanimité au sein de l'Onu, défend également la solution politique négociée qui doit être dégagée dans les meilleurs délais possibles pour éviter toute situation d'enlisement, excluant de fait le Mujao et l'Aqmi. Pourtant, Bamako ne désespère pas de décrocher le sésame onusien, fort de l'appui de la France. L'armée malienne se voit déjà engagée, tôt ou tard, sur le front nord aux côtés des 3.300 soldats de la Cédéao et les appels « belliqueux » s'enchaînent en attendant l'offensive française du côté du Conseil de sécurité et une résolution autorisant l'intervention militaire. Pour sa part, Paris multiplie les déclarations d'intention à travers son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, qui a annoncé ce jeudi une probable convocation, la semaine prochaine, du Conseil de sécurité de l'Onu sur le Mali « pour permettre d'aller de l'avant ». Le ministre français des Affaires étrangères a affirmé que Paris s'active auprès des autres pays phares du Conseil de sécurité pour l'autorisation d'une intervention militaire sous le parapluie onusien dans les plus brefs délais, tout en infirmant l'information faisant état de la présence d'instructeurs militaires français sur place. Quant au président français, François Hollande, il s'était engagé mercredi à New York à utiliser « tous les contacts possibles » pour obtenir la libération des six ressortissants français pris en otage au Sahel par Aqmi.

Hier, des centaines de personnes ont manifesté à Bamako, à l'appel de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), pour s'opposer à une intervention militaire de forces étrangères au Mali pour reconquérir le nord du pays, selon l'AFP. Les manifestants ont marché jusqu'aux abords du ministère de la Défense, «pour soutenir l'armée malienne» souveraine, a déclaré le président de la Copam, Younouss Hameye Dicko.

Les manifestants arboraient trois grandes banderoles sur lesquelles on pouvait lire «La COPAM soutient l'armée pour la libération du Nord» ou «L'arrivée de la Cédéao déclenchera la guerre civile au Mali». La Copam, réputée proche de l'ex-junte qui a mené le coup d'Etat militaire du 22 mars, rejette l'accord entre la Cédéao et le Mali, annoncé le 23 septembre.


Source:http://www.lequotidien-oran.com

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