01102012
La capitale économique des Emirats arabes unis séduit les
Africains, attirés par les prix imbattables des produits. Mais aussi par les
opportunités d'emplois.
Si les commerçants Africains sont
toujours nombreux à s’approvisionner en Chine, ils sont aussi de plus en plus
tentés par Dubaï.
En Afrique de l’Est notamment, il n’est pas rare de tomber sur des cartons dans
les administrations mentionnant l’origine des biens achetés.
Bureaux, fauteuils, ordinateurs: les Etats préfèrent de plus en plus acheter à
Dubaï, plus proche, moins cher et aussi plus facile qu’en Chine.
Les lumières des grandes tours de la capitale économique des Emirats arabes unis
sont synonymes de modernité et de commerce.
Selon le ministère émirati du Commerce extérieur, les échanges commerciaux se
sont élevés, en 2010, à 6 milliards de dollars entre les Emirats arabes-unis et
ses principaux clients africains: l'Afrique du Sud, l’Angola, l’Ethiopie, le
Kenya, le Nigeria et la Tanzanie.
Une sorte de caverne d'Ali Baba
Les Africains qui s’installent à Dubaï commercent avec le continent. D’autres
profitent des liaisons aériennes d’Emirates Airlines pour s’y rendre
régulièrement et acheter des marchandises qu’ils acheminent ensuite dans leur
pays. Marché sans taxe, Dubaï est une aubaine pour les Africains à la recherche
de produits à bas coût, en provenance d’Asie. Certains Africains ont mis en
place de véritables filières d’approvisionnement avec leur pays.
Les émigrés africains ont aussi profité de conditions très souples pour s’y
installer: les Emirats délivrent plus facilement des visas. L’instauration de
zones franches permet aussi aux Africains de démarrer des affaires dans des
conditions propices à l’investissement, avec peu ou pas de taxes.
L'électroménager, les voitures, les téléviseurs, téléphones et autres
ordinateurs ont la cote auprès des acheteurs africains. On estime aujourd’hui
que les trois-quarts des marchandises arrivées à Dubaï sont exportés.
Enclavée, la République démocratique du Congo a sauté sur l’occasion depuis une
dizaine d’années déjà: les Congolais de Dubaï, organisateurs du fret, ont ouvert
des agences dans des villes de provinces de la RDC pour promouvoir des
équipements introuvables dans le pays et bien souvent en Afrique.
Les marchandises arrivent le plus clair du temps par voie maritime au Kenya et
en Tanzanie. Des Ougandais, des Kényans, des Soudanais et des Ethiopiens en ont
fait autant avec leur pays depuis Dubaï.
Commerce de marchandises, mais pas que
La capitale économique des Emirats arabes unis ne fait pas que vendre à sens
unique: ce hub du commerce mondial achète aussi des minéraux —diamants
notamment— aux pays africains, avant de les revendre en Asie, en essayant d’en
tirer de bons prix.
Les filières ont été mises en place par des Africains émigrés. En RDC notamment,
les Emirats arabes unis sont devenus beaucoup plus regardants sur l’origine des
pierres, afin de ne pas encourager le commerce illégal et de servir les groupes
armés de la région.
A Dubaï, les Africains ne sont pas restés au commerce: ils ont investi quasiment
tous les champs. Mais il reste assez difficile d’évaluer le nombre d’expatriés
du continent.
Dubaï, une ville en chantier permanent, attire de nombreux Sud-Africains
désireux de travailler dans le génie civil ou la construction comme architecte.
Ils seraient, selon plusieurs estimations, entre 50.000 et 100.000.
Pour un chercheur en économie de l’université du Cap, Anthony Black, il n’y a
pas de secret à l’intérêt porté par les Sud-Africains les plus qualifiés à
Dubaï:
«Ce sont surtout des salaires plus hauts qu’en Afrique du Sud qui les incite à
partir.»
Généralement, les Sud-Africains arrivent après la fin de leurs études ou après
une première expérience professionnelle dans leur pays.
Des salaires défiant toute concurrence
«La vie à Dubaï est si excitante, avec une population composée à 80%
d’expatriés. Le luxe, les loisirs, et bien évidemment de bons salaires, en font
un endroit où l’on se sent bien», confie un trentenaire sud-africain qui prévoit
de rentrer au pays «dans quelques années».
Les Ouest-Africains, surtout des Camerounais et des Nigérians, sont aussi
employés comme ingénieurs ou médecins. Dubaï se montre aussi généreux avec eux
pour l’octroi de bourses d’études.
Place financière mondiale, Dubaï héberge les sièges de nombreuses banques pour
le Moyen-Orient: Kényans, Sud-Africains, Zimbabwéens, et Nigérians y travaillent
et s’y sentent comme chez eux. Pour certains, ce n’est parfois qu’une étape vers
des ambitions plus grandes.
Sur les chantiers, qui se comptent par dizaines, travaillent aussi des expatriés
africains —surtout de la Corne du continent— mais pas aux places les plus
convoitées.
Servant de main-d'œuvre, «leur nombre ne va faire qu’augmenter au cours des
prochaines années», prévient Dilip Ratha, chef de l’unité migration et
transferts de fonds à la Banque mondiale, au détriment de l'«émigration
historique» composée d’Asiatiques, Indiens et Bangladais en tête.
«Les autorités des Emirats veulent diversifier la main-d'œuvre, dans le but de
faire jouer la concurrence sur les salaires vis-à-vis des Asiatiques, devenus
trop gourmands à leurs yeux», explique Dilip Ratha.
Enfin, celui qui flâne n’aura pas de mal à trouver des restaurants africains:
Ethiopiens et Marocains ont en effet été les précurseurs dans ce domaine.
On compte aujourd’hui à Dubaï plus d’une vingtaine d’établissements proposant la
cuisine et des saveurs originaires des quatre coins du continent africain.
Arnaud Bébien
Source: http://www.slateafrique.com
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