Les chefs d'Etat des quinze pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) étaient réunis, hier, à huis clos, pour avaliser le choix d'une action militaire au nord du Mali, fortement défendu par Paris. Une formalité pour une guerre à l'issue très incertaine.
Le sommet des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (Cédéao) s'est ouvert dimanche à Abuja, pour trancher sur un plan
d'intervention militaire au Mali préparé par les chefs d'état-major de
l'organisation. Même si l'on prend la précaution de souligner que le «dialogue
politique» reste de mise, l'approbation de l'option guerrière, décidée ailleurs,
paraît une simple formalité. A l'image du président nigérian Goodluck Jonathan
qui a affirmé que l'option militaire était nécessaire au Mali pour éviter des
«conséquences dommageables». Le Nigeria, qui a du mal à mettre au pas les
radicaux de Boko Haram, semble sur la même longueur d'onde que les autres pays
sous orbites françaises qui semblent croire -ou font semblant de croire- que des
opérations militaires seront suffisantes pour résoudre une crise endémique au
Nord-Mali dont les groupes djihadistes ne sont qu'un élément. C'est une
intervention qui s'appuiera sur une résolution de l'ONU «pour chasser les
rebelles et les anarchistes qui ont transformé le nord du pays en une zone de
non-droit. Nous devons le faire pour éviter des conséquences dommageables, non
seulement pour le Mali mais pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique
tout entière», a déclaré Goodluck. Les pays de la Cédéao qui veulent désormais
5.500 hommes, au lieu de 3.300 initialement, et cherchent à impliquer des pays
hors Cédéao dont l'Algérie, doivent présenter leur projet devant le Conseil de
sécurité avant une quinzaine de jours.
UN SPECTRE DE «CIBLES» TRES LARGE
Le caractère trop général des «cibles» évoquées par Goodluck n'a pas échappé aux
observateurs. Et c'est sans doute pour l'atténuer que le président ivoirien,
Alassane Ouattara, qui préside actuellement la Cédéao, a demandé une
intensification des efforts pour parvenir à une «solution politique négociée
nous permettra de conduire une intervention militaire apaisée et de mieux
identifier les cibles et les terroristes à combattre». C'est bien toute la
démarche défendue par l'Algérie que résume Alassane Ouattara lequel paraît
l'avoir évoqué juste pour la forme. Il est évident qu'il faut un peu de temps
pour qu'une «solution politique» germe et donne des fruits, un temps que
l'accélération de l'option militaire ne permet pas. Or, une identification des
cibles est primordiale à moins de se lancer, comme au Pakistan, dans une guerre
de drones, désastreuse pour les populations civiles et une installation durable
des troupes dans les villes du nord du Mali. Ces questions politiques -et aussi
opérationnelles- paraissent totalement absentes et il faudra, peut-être,
attendre les débats au Conseil de sécurité pour qu'elles soient soulevées.
L'EQUATION TARGUIE
L'Algérie qui est représentée par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé
des Affaires maghrébines et africaines, devrait au moins rappeler qu'une action
militaire sérieuse ne peut se passer d'une vraie préparation politique. Et il
n'y a pas mille solutions. Si on n'inclut par les rebelles targuis dans
l'équation, on élargit tellement le spectre des «cibles» que cela deviendra une
guerre sans potentiel de réussite. En tout état de cause, la France et l'Europe
ayant pris soin de signifier qu'elles n'enverront pas de troupes sur le sol
malien, ce seront les troupes de ces pays qui risquent de se retrouver envasées.
La Côte d'Ivoire qui a déjà des troupes onusiennes sur son sol, et le Sénégal
ont déjà signifié qu'ils n'enverront pas de troupes. L'Algérie qui a déployé
d'importants effectifs pour surveiller ses frontières ne transigera pas non
plus. La Mauritanie non plus. Ces pays expriment en réalité de fortes réserves à
l'égard d'une guerre incertaine avalisée comme une formalité par les chefs
d'Etats de l'Afrique de l'Ouest.
par R.N.
Source: www.quotidien-oran.com
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