10122012
Paris et les États africains veulent obtenir rapidement le feu vert de l'ONU
pour mener une intervention militaire internationale dans le nord du Mali. De
leur côté, les Américains sont plus sceptiques et doutent de la capacité de
Bamako et de ses voisins à mener à bien l'opération.
Contrairement à Paris et aux États africains, Washington ne semble pas vouloir
se presser sur le dossier malien. « Les États-Unis ne sont pas satisfaits des
préparatifs de la Cedeao (Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest) pour cette mission, ils n'ont pas confiance dans la capacité des
troupes africaines et de l'armée malienne à faire le travail », a expliqué un
diplomate occidental.
Washington, explique-t-il, « voudrait deux missions différentes : une pour
soutenir l'armée malienne et faciliter le dialogue politique, et une autre pour
combattre les groupes terroristes » comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
qui ont pris le contrôle du nord du Mali.
Bamako et la Cedeao ont soumis à l'ONU des plans pour une force internationale
de 3 300 hommes et demandent au Conseil de sécurité d'autoriser rapidement son
déploiement. Le Conseil doit se prononcer sur la base d'une résolution préparée
par la France, qui espère son adoption avant Noël.
Pour le secrétaire d'État américain adjoint aux affaires africaines Johnnie
Carson, qui témoignait mercredi devant une commission du Sénat, les plans de la
Cedeao « ne répondent pas à plusieurs question essentielles », dont les «
capacités des forces maliennes et internationales de réaliser les objectifs de
la mission » et son financement.
Automne 2013
Lors de consultations à huis clos mercredi au Conseil de sécurité, la France et
les pays africains, notamment l'Afrique du Sud, ont plaidé pour une adoption
rapide de la résolution.
Le texte, qui doit être soumis par Paris à ses 14 partenaires en début de
semaine prochaine, autorisera l'envoi à Bamako de la force militaire, baptisée
Mission internationale de soutien au Mali (Misma).
Des instructeurs européens s'efforceront de rebâtir l'armée malienne,
actuellement en piteux état, en prévision d'une reconquête du nord. Celle-ci ne
pourra pas commencer avant l'automne 2013, selon le patron des opérations de
maintien de la paix Hervé Ladsous.
Parallèlement, la résolution appellera à un dialogue national à Bamako et à une
réconciliation entre le gouvernement malien et les touaregs sécessionnistes du
Nord.
Washington traite cette crise comme « un problème de terrorisme », déplore un
diplomate qui souligne cependant que tout le monde s'accorde sur la menace que
font peser des groupes comme Aqmi au Nord-Mali.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a de son côté publié un rapport
soulignant les risques de l'opération, notamment en termes de violations des
droits de l'homme.
"Poker"
Dans ces conditions, les tractations autour de la résolution risquent d'être
ardues même si, souligne un diplomate occidental, il n'y a « pas d'objection
fondamentale à l'approche française, en dehors des États-Unis ».
Au final, affirme un autre diplomate, « il y aura une résolution autorisant la
force mais ça va être compliqué ». « C'est un jeu de poker, les Américains ne
vont pas mettre leur veto », ajoute-t-il.
Les autres Européens du Conseil, Royaume-uni et Allemagne, sont en faveur de
l'autorisation. Russie et Chine ne devraient pas s'y opposer.
Des questions se posent cependant sur le passage de la phase d'entraînement à la
reconquête du Nord, ou sur le financement d'une opération qui devrait coûter au
moins 200 millions d'euros. Paris a demandé au secrétariat général de l'ONU
d'estimer une éventuelle aide logistique de l'ONU à l'opération, qui serait
aussi financée par l'Union européenne, les États-Unis et la France.
(Avec AFP)
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